IT COMES AT NIGHT –

25 Sep

Les cinéphiles et individus parlant de ‘thriller psychologique’ à propos d’It comes at night vont devoir relever un sacré défi : car où est la psychologie (que ce soit chez les personnes ou dans le schéma qui les gouverne) ? Il représente plus sûrement une certaine dégénérescence hype de l’Horreur, genre qu’il est censé snober contre toutes attentes – c’est d’ailleurs un cas flagrant de film visant ‘au-dessus’ des vulgaires espérances. Comme le spectateur issu de la multitude est bas-de-plafond, avec ses besoins en hémoglobine, en scénario chargé et en émotions denses ! Il ne sait pas savourer le catalogue des variations de ‘l’inquiétante étrangeté’ appliquée avec un infini doigté.

C’est bien le cinéma ‘indé’ ou ‘complexe’ de l’époque quand il se balade dans le domaine : il va montrer la peur, l’attente, filmer la pesanteur et l’anxiété, miser sur l’effet Koulechov, la projection (et éventuellement l’identification). La menace est comme le reste : imprécise. It comes at night cultive des mystères et ne donnera rien de solide, hormis des éclats de violence convenus et laborieux. Même la découverte derrière la porte doit être évacuée. Nous aurons un flash-back pour la titiller, sans suite. Il y aura, discrètement, de petits mensonges, des flous plus ou moins manifestes, quelques rétentions d’info. Le résultat de toute cette attitude et de cette organisation, c’est une œuvre non constructive et ne prenant pas d’épaisseur. On nous fait regarder sans nous livrer d’informations, suggérer de passé, etc.

Nous sommes bloqués au-dessus de leur situation, à devoir supposer et accepter leurs tempêtes intérieures et leurs enjeux subjectifs. Les personnages sont attachants au minimum : c’est sûrement au service d’une approche ‘analytique’ de l’angoisse, nous diront les défenseurs qui auront dû, comme les autres, monter leur propre film, avec plus d’aisance s’ils sont dévoués et impatients. The Witch faisait ce travail, n’était pas anxiogène et distant de manière purement mécanique et désincarnée. L’ambivalence était nette, la trajectoire aussi ; l’essentiel se passait entre les lignes, entre les mots et les actions franches, cet essentiel était rempli, humain, tendu et en devenir. Cette fois les situations et la construction l’emportent sur tout : il n’y a pas de présence, juste un climat artificiel (et ‘progressif’ au sens musical). It comes dicte sa tension et délaisse tout le reste.

C’est un film de formaliste courant après les poses et les modes. Pour la première il n’a pas assez de goût – ses affiches promotionnelles en avaient davantage, en trouvant leurs motifs dans un ‘ailleurs’ total. Concernant la dernière, c‘est un nouvel exemplaire de cette horreur critique totalement vide, évoluant parallèlement à une autre plus démonstrative (sur son ‘engagement’ ou ses connotations, en tant que produit de divertissement et de genre) et attractive (Get Out l’illustre bien). Après la mort qui tue des Destination finale, voici l’âge de l’abominable ignorance et du doute engendrant la peur. Après l’horreur parodique post-Scream, les consommateurs curieux doivent subir les crypto-laïus de robots affectés à propos de ‘notre’ méfiance exacerbée, ‘notre’ parano généralisée, ‘nos’ ‘fantasmes’ à propos des épidémies. S’il faut croupir à ce stade, mieux vaut s’abrutir avec de joyeuses banalités qui n’ont pas honte d’aboutir et de faire jouir.

Note globale 36

Page IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… Fences

Scénario/Écriture (2), Casting/Personnages (2), Dialogues (2), Son/Musique-BO (3), Esthétique/Mise en scène (2), Visuel/Photo-technique (3), Originalité (1), Ambition (3), Audace (2), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (2), Pertinence/Cohérence (1)

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