TOKYO TRIBE –

8 Jan

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Depuis Love Exposure, Sion Sono multiplie les films principalement voire exclusivement pour les ados (ou jeunes adultes régressifs). Il s’est confirmé en nouveau Takishi Miike (Audition, Visitor Q), avec la passion de la débilité en plus. Il voulait remuer la société nippone, a pondu Suicide Club. En 2014 il en est rendu à faire une comédie musicale criarde et juvénile : Tokyo Tribe, à base de rap/hip-hop et de clash entre clans, dans les bas-fonds bling-bling d’un futur à petit budget.

Le délire a un côté peine-à-jouir en surcompensation, mais c’est du phallique agressif véritable, avec une avalanche de jets et quelques éclats notables voire restant un peu alléchants, si on passe les demi provocations et l’overdose de vulgarité. D’ailleurs ces excès sont presque fades – il ne peuvent que meubler comme le reste des gadgets. Tout est composé à l’arrache, « dans l’instant » comme certains de ses ‘héros’ le proclament ; What don’t you play in hell était plus construit et varié. Quand aux secousses que pouvait produire Cold Fish ou à la jubilation induite par Guilty of Romance, l’écart est trop grand et le rappeler ne fait que signer le plantage fondamental ou la décadence d’un auteur – pris dans un activisme prodigue mais j’men foutiste, mélange souvent fatal.

Mais Tokyo Tribe atteste toujours d’un certain génie. Siono a au moins une qualité : il sait rendre une débauche lisible, aligner des mouvements de caméra ambitieux et prendre des risques mesurés dans la structure. L’écriture est superficielle et recycle habilement des clichés, quelques rimes malines sont à noter, les joutes sont plus pauvres et finissent par s’échouer avec pour seul référent d’avenir la compétition de bites. L’humour et les aventures sont aussi courtes que les poussées d’érotisme (parfois coriaces, elles) ; des déjections rigolardes et stylisées, sitôt crachées sitôt balayées. Ça affecte et donne quasiment de rien – quoiqu’il y ait la tête de marcassin du roi Bubba, théoriquement remarquable vu la transe furieuse et la joie malsaine qu’elle fait passer.

Note globale 36

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions…

Scénario/Écriture (1), Casting/Personnages (2), Dialogues (2), Son/Musique-BO (1), Esthétique/Mise en scène (2), Visuel/Photo-technique (3), Originalité (2), Ambition (2), Audace (2), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (2), Pertinence/Cohérence (1)

Passage de 35 à 36 avec la mise à jour de 2018.

Voir l’index cinéma de Zogarok

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