KIDS RETURN / KIZZU RITAN =-

8 Jan

Après avoir été acclamé à l’étranger pour Sonatine puis être revenu au potache via Minnâ-yatteruka, Takeshi Kitano lève le voile en 1995 sur son versant sensible. Juste après son accident de moto quasi fatal il livre Kizzu ritân aka Kids Return, récit des premières années adultes de deux amis, cancres pratiquant l’école buissonnière au début du film. Ils vont chercher leur salut dans la boxe ; faute de reconnaissance, l’un virera yakuza. La mise en scène est de leur côté, sans réserves ni jugements. Ces jeunes hommes sont pris en pitié sans être tenus pour des victimes, leur combativité et leur candeur sont appréciées, leurs débordements pardonnés.

Cette tendresse est balancée par une brutalité surtout sociale, institutionnelle, rarement physique ; le système scolaire, les variétés de vigiles adultes ou de la hiérarchie font froidement barrage. Mais Kitano s’en tient à l’irrationnel et accouche d’un point de vue mou, voire inexistant hors du parti-pris manifeste pour les décrocheurs. Les deux personnages restent assez creux, il est d’ailleurs parfois dur de les différencier ; l’environnement surtout est traité avec une perspective de cartoon sérieux et triste, qui serait tenté de virer à la leçon mais refuserait d’assumer un tel engagement. Le professeur est un affreux robot et les autres ne valent pas mieux, à seriner leurs niaiseries moralisatrices ou pragmatiques, sur la loubardise ou l’intégration du tandem dans la première partie.

Ensuite le credo ‘ne compter que sur sa volonté propre’ sera répété une dizaine de fois. Le film traîne donc ces idées courtes sans les transformer, ce qui n’entamera pas la sympathie si elle s’est diffusée, mais reste frustrant à-côté. L’humour est frontal et quelques scènes ironiques surnagent, comme les plaintes dans le taxi ou la joie enfantine des pontes de la mafia. Quoiqu’il arrive Kids Return est plus vif que Violent Cop et Sonatine ; plus simple surtout. Violent Cop était presque sans substances ni émotions, mais marquait des points sur l’esthétique (surtout sonore) ; cet opus reste fade et ne distingue pas Kitano, sauf via le doublon de comiques régulièrement croisé, marqueur de son expérience et de sa subjectivité.

Note globale 46

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions…

Scénario/Écriture (2), Casting/Personnages (2), Dialogues (2), Son/Musique-BO (3), Esthétique/Mise en scène (2), Visuel/Photo-technique (3), Originalité (2), Ambition (3), Audace (2), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (2), Pertinence/Cohérence (1)

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