IBERIA =+

23 Juil

À ses débuts Carlos Saura réalise des films sur la société espagnole à l’ère du franquisme, souvent en avançant déguisé. Il satisfait ainsi des raisons pratiques ou politiques et les exigences de son style. Cria Cuervos restera son opus le plus reconnu. C’est peu après la vague de consécrations autour de ce film que sa carrière évolue radicalement. Dès le début des années 1980 avec une trilogie sur le flamenco (Noces de sang, Carmen, L’amour sorcier), Saura laisse de plus en plus de place à un cinéma sans narration conventionnelle et centré sur la musique et la danse. Iberia fait partie de cette catégorie et se pose officiellement comme un documentaire sur le flamenco. Il rend hommage à l’œuvre du compositeur espagnol Isaac Albéniz et s’inspire d’Iberia essentiellement.

Seul le contexte des répétitions, l’absence de costumes pour certains acteurs et le début dans la grande salle légitiment l’inscription en ‘documentaire’ ; mais c’est un spectacle musical avant tout, dont on ne fait qu’apercevoir quelques instants un bout des coulisses – et ceux de l’immédiat, le service technique. Dans l’ensemble, Iberia tient plutôt du concert sans public à l’écran ni hors-champ, répandu sur plusieurs salles (les ‘murs’ et les transitions sautent au montage). Il est livré en plusieurs parties, sans textes (hormis leurs noms) ni dialogues (sauf onomatopées, notamment celles des mamas sur Torre Bermeja), avec pour seul ‘texte’ une poignée de chants (sur El Puerto et celui, assommant, de Corpus Sevilla). Toutes les explications viennent de la musique et des performances physiques. Des photos d’Albéniz, de sa famille et ses proches, sont affichées à certaines reprises, notamment pendant Triana (sur les murs et dans les couloirs autour des danseurs, ou simplement en écran complet).

Le gain de cet Iberia, par rapport à un aperçu en direct ou via une vidéo ‘brute’ tient aux mouvements de caméra et à quelques astuces de mise en scène (le faux split screen au début par exemple). Le goût du symbolisme, la tendance aux métaphores présentes chez Saura servent son cinéma lorsqu’il touche à la musique – sans quoi il est livré à un ‘regard’ feutré à l’extrême, d’ailleurs le sous-texte est toujours un peu inerte et morcelé ici. Iberia pourra convaincre et surtout séduire au-delà du noyau dur visé, car il présente des qualités cinématographiques, une certaine intensité et un langage clair, vif (délassement possible pour les cinéphiles repus, à condition de se laisser aimanter). Le film est découpé en dix-huit morceaux et ne s’éternise jamais sur un morceau ou un angle de vue (tout au plus, quelques secondes de trop fixé sur le piano – sans bénéfice narratif ni d’ambiance). Deux ans plus tard Saura se penchera sur le genre portugais le plus typé avec Fados, puis retournera au flamenco avec toujours Sara Baras en vedette.

Note globale 68

Page IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… La Vida Loca + Les Chaussons Rouges  

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Scénario & Écriture (-), Casting/Personnages (2), Dialogues (-), Son/Musique-BO (4), Esthétique/Mise en scène (3), Visuel/Photo-technique (4), Originalité (3), Ambition (3), Audace (-), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (3), Pertinence/Cohérence (2)

Note arrondie de 67 à 68 suite à la mise à jour générale des notes.

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