CHARLIE’S ANGELS *

16 Oct

Diptyque Charlie’s Angels, adapté de la série Charlie et ses drôles de dames (1976-1981).

 

CHARLIE ET SES DRÔLES DE DAMES *

1sur5  Voilà où le cancer post-moderne du « second degré » mène, associé bien sûr à la bêtise exaltée et au cynisme, ses deux meilleurs carburants. C’était en 2000 et l’une des bouillies les plus spectaculaires de l’époque. Adaptation d’une série US des années 1970 (Charlie et ses drôles de dames, produit pour ABC de 1976 à 1981), Charlie’s Angels est une fantaisie policière pseudo nanardesque, taillée pour être un ‘plaisir coupable’ luxueux et jubilatoire. Son sens de la débauche est celui des enfants pourris gâtés d’Hollywood. Un dantesque des plus pourris exulte à l’écran.

Produit vulgaire et hideux, bardé de  »sous-entendus » triviaux, Charlie passe en revue le kitsch de son temps, des deux décennies écoulées du moins. Il y a donc quelques jolis tubes comme True de Spandau Ballet, puis forcément dans le lot on trouvera une ou deux scènes pour jouer le jeu ; celle de Barracuda face aux ingénieurs par exemple, ou bien la fausse chute de Drew Barrymore. Ce n’est pas tout à fait l’extase mais il faut dire qu’à l’usure ça ressemble à un divertissement. On voit aussi Crispin Glover préparer son costume pour le remake (2003) de Willard, référence prophétique s’ajoutant à celles de La Grande Évasion, de Matrix, ou des diverses productions de masse au rayon « espionnage » et dans une moindre mesure « arts martiaux ».

Passées les présentations et premiers déploiements, le film pétarade avec une certaine ‘mesure’ ; pas question de goût, juste d’articulation digne de ce nom. Aucune densité, aucun personnage digne de ce nom, mais une générosité dégueulasse qui révulse et puis désarme. Charlie’s Angels se définit par une sorte d’immanence hystérique, à l’imaginaire plat mais haut-en-couleur et dégoulinant partout, tout le temps, comme s’il s’agissait de matraquer un ennemi titanesque. Il faut avaler ce démarrage grotesque (les fondus aériens et le saut hors de l’avion), ces effets spéciaux aberrants, cette distanciation attardée et cet humour de trisomique lubrique à l’agonie ; et puis ça coule tout seul. C’est pas bien, mais c’est quand même flamboyant.

Tout le monde est à fond, c’est un « all star movie » (c’est-à-dire avec des gens dont le costume est présumé faire bander le plouc) et la Charlie’s team est au sommet de sa gloire ; très inégale aussi. Drew Barrymore écrase ses partenaires. La plastique de Lucy Liu étant bien mise en avant également, le traitement accordé à Cameron Diaz (Very bad things, Mary à tout prix) ne suffit pas à expliquer le caractère si falot de sa présence. La blonde est pourtant le personnage le plus aimable et ébouriffant dans les Totally Spies, série pour enfants/pré-ados et dérivé girly où à défaut de Charlie on verra le visage de Jerry. Heureusement Charlie’s Angels aura sa suite, encore plus bruyante et sans Bill Murray, nouveau gros coup de masse dans la gueule du chaland.

Note globale 28

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Suggestions… Tigre et dragon

Scénario & Ecriture (1), Casting/Personnages (2), Dialogues (2), Son/Musique-BO (2), Esthétique/Mise en scène (1), Visuel/Photo-technique (2), Originalité (2), Ambition (2), Audace (2), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (2), Pertinence/Cohérence (2)

 

 

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CHARLIE’S ANGELS : LES ANGES SE DÉCHAÎNENT **

1sur5  Le premier était un trip pour spectateurs profondément alcoolisés, le second est d’une débilité effarante, presque indicible. La responsabilité est toujours déléguée à McG, transfuge du monde du clip et futur directeur de Target et Terminator Renaissance (le 4e). Les Anges se déchaînent poursuit l’oeuvre de son modèle Charlie’s Angels et bien sûr dépasse son maître dans la médiocrité ravie, en élève appliqué, dégénéré seulement à des niveaux de lecture lointains. Au début Barrymore sort un « si seulement une fois je pouvais sortir d’un bar sur mes pieds » après avoir réchappé à une quelconque explosion. C’est pas drôle ni même pince-sans-rire, sauf peut-être pour quelques-unes se projetant sur l’actrice. Mais c’était à faire.

Les one-line  »second degré » sont donc vomies en continue, la logorrhée inlassable de ‘délires’ cautérisée avec un montage hystérique et une débauche de moyens purgés dans l’allégresse. Ce second opus va plus à fond dans le ‘luxe’ d’un goût dépravé et vulgaire : faux luxe ou luxe de beaufs riches, au choix. Au fond c’est une chorégraphie démesurée plus qu’un film traditionnel, une forme voisine de la comédie musicale enchaînant les démonstrations de puissance, de joie et de laideur (avec pour faire soap, une embrouille imbécile entre Alex/Lucy Liu et son papa). Cette chorégraphie digère la culture passée, la plus excentrique ou rock parfois (ciblage plus spécifique que dans le premier) ; elle digère et ne mâche pas (le passé l’a fait), le chiant juste avec éclat et enthousiasme.

Que l’intrigue soit rachitique et foutue par bouts mal raccordés n’est pas un mal en soi. Mais ce monde gélatineux, ce grand cabaret pour ploucs, ce chapiteau qu’on croirait inventé par une ogresse démente ravagée par les amphet’, c’est trop ; c’est Moulin rouge remaké par des fisteurs pré-pubère corrompus par les forces de l’argent. La fabrication d’ ‘euphorie’ passe ici nécessairement par le dégueulis de couleurs flashy crispantes, d’une OST assourdissante et de  »gags » tels que leur vocation interroge. Vu d’ici, la sous-écriture irriguant le premier paraît bien consistante. Encore une fois il n’y a pas d’ennui ; c’est même ‘captivant’ à sa façon. Celui qui n’est pas emporté n’a qu’à contempler la surenchère. Suffit d’y laisser un œil pour s’en prendre plein la gueule.

Voir ce film dans un état second doit être une expérience bouleversante ; on est plus fragile face à tout ce non-sens, cette agressivité souriante, ce viol de l’esprit et de sa moindre parcelle disposée à autre chose que déglutir ou avaler partout autour de lui les suggestions les plus impulsives. La révélation du retournement de la méchante marque un tournant, le spectacle devenant beaucoup plus sérieux (c’est-à-dire construit, intelligible – on reste dans la parodie, étiquette bonne à tout légitimer) par la suite, dramatisant le personnage de Demi Moore. Les anges singe la raison et l’émotion (élans mélos déroutants car intégralement HS) : c’est vraiment de la merde, mais de la merde qui se pose – relativement à sa moyenne bien sûr.

Le côté bling bling et sophistication mal démoulée se répand à fond et titille la tragédie : cela donne du Nip/Tuck à la sauvette. Pour être précis : une sorte de prout de soirée Nip/Tuck-ienne, empaqueté avec les gerbes déposées par une poupée gonflable (soit-disant humanoïde) autour de chiottes en cristal made in Taïwan. C’est la mise en service d’une sorte de Karsher du yolo, du rire, du moche clinquant et du gag grivois ; c’est une boucherie survitaminée commandée par une industrie exaltée. C’est lourd pour les sens, c’est trop con pour être tout à fait odieux : on peut tenir. Il y a un gros bêtisier à la fin de cet ancêtre d’Astérix aux Jeux Olympiques (le spot de pub dirigé par Langmann et Forestier).

Note globale 23

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Suggestions… Massacre à la tronçonneuse 4   

Scénario & Ecriture (1), Casting/Personnages (1), Dialogues (1), Son/Musique-BO (1), Esthétique/Mise en scène (1), Visuel/Photo-technique (2), Originalité (1), Ambition (1), Audace (2), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (1), Pertinence/Cohérence (1)

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