HALLOWEEN PAR ROB ZOMBIE +

1 Nov

HALLOWEEN – 2007/REMAKE ***

4sur5 Rob Zombie fait partie de ces spectateurs sur qui un film a exercé une attraction contrastée, entre admiration de l’objet en tant que tel et projections de ce qu’il aurait pu être ou devenir. Nos films préférés peuvent être achevés et toucher une fibre intérieure pour toujours, il y a parfois ce paradoxe là : nous nous y retrouvons tellement mais ce serait génial de reformater le produit. En général, en y ajoutant quelques éléments sublimes mais difficiles à imposer en raison de la morale ou des moyens ; et parfois, en transformant tout à sa mesure. C’est ce qu’a fait Rob Zombie en reprenant la saga Halloween pour un remake, qui aura sa propre suite.

La première partie est fascinante, surtout lorsque Michael est en prison. Envisageant la plongée dans l’enfance d’un monstre, Rob Zombie tient à humaniser le personnage, lui fournir une genèse, poisseuse et surtout médiocre en l’occurrence. Zombie nous peint donc un contexte de whit trash aux stigmates manifestes voir extrêmes, avec le beau-père brutal et alcoolique, l’odeur de l’inceste et la virilité tourmentée.

Après avoir passé sa rage sur des animaux, Michael laisse sa violence surgir. On a donc la scène de bascule prévue, puis par paliers mais assez vite, l’enfant n’a de reconnaissance, lâche toutes ses références. Ainsi ni sa mère, ni cet aimable gardien (Danny Trejo – Mr le gangster mexicain !!) n’ont de statut particulier pour lui. Il va devenir pleinement qui il est, un monstre, total, implacable. Et puis quinze ans plus tard, c’est un bloc massif et mutique attendant son heure – oubliez la séquence d’évasion de Terminator 2.

La seconde partie voit le retour de Michael à Haddonfield, où le film fait écho à l’original avec plusieurs balises et citations, mais en s’en distinguant en à peu près tout, dans le style, dans l’orientation, dans l’épaisseur. L’efficacité de la vision de Rob Zombie vient de son aptitude à donner des raisons à ce qui est injustifiable : la boucherie, tout en gardant la logique de l’inné et de la déviance. Et Rob Zombie est un grand metteur de scène de l’injustifiable, surtout que The Devil’s Reject, lui, n’avait clairement aucun but, aucune vocation autre que le happening de dégénérés.

Nous sommes donc dans son univers, bien en forme ; ça n’a rien à voir avec la banalité de l’horreur barbaque, c’est extrêmement réaliste, avec une présence sèche et maléfique venue saboter l’équilibre modeste de braves gens ordinaires. L’intérêt de cette partie c’est finalement de ré-actualiser les évangiles de la bible Halloween en illustrant donc le genre, avec tous ses poncifs, sans allez vers la routine ou l’anecdote. Le talent de shocker de Zombie s’est épanoui dans ce film plus que jamais. Halloween 2 va venir confirmer cela, en décuplant cette lucidité dont Zombie avait besoin, car sa frontalité seule ne menait à rien de probant.

Abondamment critiqué voir calomnié, le film a bien des défauts, notamment dans son écriture explicite ou ses dialogues parfois franchement bis (quand le journaliste raconte la nuit de l’horreur – l’ouverture de H20 était de ce niveau, ça n’a pas empêché d’aboutir à l’un des meilleurs slashers américains qui ait existé). Mais quelle mise en scène ! Quelle viscéralité ! Et comment peut-on jouer les sceptiques sous prétexte que donner un aperçu de la source du Mal gâcherait tout ; alors que Zombie ne fait aucunement du psychologisme et nous donne plutôt un Michael autre, plus proche de lui et de nous.

Note globale 74

 

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Suggestions…

Note ajustée de 73 à 74 suite à la modification générale des notes.

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HALLOWEEN 2 – 2010 ***

4sur5  Zombie lui-même a dit n’être pas totalement satisfait du remake d’Halloween qu’il avait dirigé en 2007. Ce bel essai, accueilli de façon mesurée et mesquine par la critique mais bien plus chaudement au box-office, souffrait d’un goût d’inachevé mais redonnait son souffle à une franchise tournant en rond depuis les premières sequels [Halloween 20 ans après étant l’unique exception].

Ce n’est pas tant la faiblesse des films que la difficulté à évoluer avec de nouveaux acquis définitifs qui contrarie la puissance de cette saga. Elle n’en reste pas moins, surtout après la contribution de Zombie, la meilleure de l’histoire de l’horreur au cinéma (Vendredi 13 était médiocre dès le départ, Freddy voué à la ringardise, les restes de Hellraiser ne valent pas grand chose).

Suite directe de son propre film, le second Halloween 2 est, à l’instar troisième opus de la saga originelle, un hors-sujet quasi-total, loufoque et à la démarche et la structure déstabilisantes. Quitte à reprendre l’affaire, Rob Zombie a décidé d’aller jusqu’au-bout de son point de vue passionnant, accouchant ainsi d’un film d’horreur des plus personnels.

Dans un premier temps, cette nouvelle mouture donne la sensation de brouiller futilement les pistes ; après vingt première minutes tenues pour une relecture efficace du film de Rosenthal (la première suite), le programme commence réellement. Ce faux-passage par l’hôpital nous indique la place de l’Halloween du passé, celle de l’imaginaire flottant. L’Halloween réel, c’est celui que nous prenons maintenant, il est sauvage et frontal.

Dès lors, c’en est fini des pirouettes et Zombie, répondant avec virulence à certaines attaques en extrapolant et auto-parodiant certains points de détails fustigés [l’abus de  »fuck » en particulier], décide que son contrat est rempli. Assumant sans ménagement ses voeux de ruptures, il fonce dans son sens, plus brouillon et bouillonnant que jamais.

C’est Michael Myers au pays de Rob Zombie ; et Rob Zombie sur les plates-bandes fantasmées (par l’ex-White Zombie et personne d’autre) de Michael Myers. Le personnage s’intéresse aux ordures que les autres esquivent, agrémentant son film de séquences trashs d’une violence inouie [jusque dans sa peinture de caractères, peut-être in fine la plus véhémente de sa filmo], mais aussi de séquences oniriques plus particulièrement casse-gueules. Elles s’intègrent à merveille dans cette œuvre de graphiste : une grande part de la richesse de Halloween 2 provient du sens visuel de son auteur, ses profondeurs de champ, ses tableaux éblouissants, le cliché des éclairages bleus trouvant une nouvelle expression.

En outre, c’est la continuation du Michael Myers réformé de Rob. L’artiste s’intéressait déjà au psychisme de Michael Myers ; dans ce second opus, il y entre et l’expose au travers de sa mythologie du chevalier blanc. Basculant définitivement vers la schizophrénie, le Michael Myers d’Halloween 2 est un gamin autiste et déchiré courant après sa sœur, guidé dans ses hallus par sa mère défunte. Omnipotente et impassible toujours, ce n’est plus  »la Forme » immobile de Halloween 1 à 8, mais la Bête méthodique.

La vision est discutable, parfois surlignée [l’exemple d’un Dr Loomis métamorphosé, se confondant dans une fausse distance avec le cas Myers, tiraillé entre mercantilisme et obsession du mythe], la symbolique de la psyché de  »la Forme » peut s’avérer cheap. Indéniablement, la profusion entraîne la confusion et les cafouillages induits par le retournement final (alors que le scénario est impeccable) compromettent la profondeur de cette histoire surchargée.

Pour autant Zombie vise  »bas » et précis : les gens ne sont pas à leur meilleur, les mourrant comatent avec vraisemblance. C’est un uppercut via la vision d’une humanité cynique, pleine de prédateurs ordinaires et de gens sans boussole morale. On retrouve aussi ce filtre social déjà marqué dans le repère. Zombie nous présente des gens des classes moyennes ou populaires (le flic, les jeunes), souvent random mais de bonne foi, puis autour ces propriétaires rednecks infamants, cette caste de rats percevant le monde comme une manne à exploiter et n’osant pas se confronter aux répercussions de leurs actes, bien plus avides engageants que ceux de paumés anodins.

Avec ce quatrième long Rob Zombie, moins jeune chien fou que sur The Devil’s Rejects, quoique tout aussi furieux, consacre sa patte de cinéaste. Ce nouveau visage est radical et ne s’exprimera pleinement que dans un cadre informel ; débarrassé des relatives mais indéniables  »concessions » du remake du classique de Carpenter, ce film  »malade », sorti uniquement en direct-to-dvd en France, permet à la saga de se refermer, provisoirement, sur sa pièce la plus constructive, celle qui enfin multiplie son champ d’action en l’ouvrant à des perspectives adultes et insolentes.

Néanmoins, compte tenu de cet Halloween 2 bouleversant et totalement ingérable : il n’y aura probablement pas de 11e Halloween avant longtemps ou avec Rob Zombie. Les films, d’horreur ou pas, si puissants, si sombres aussi, sont rares.

Note globale 76

 

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Suggestions… Dark Floors

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La saga :

* tous les opus du 2 au 6 + Halloween 20 ans après & Halloween Resurrection

* la nouvelle saga (dont le remake) de Rob Zombie

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