CHEAP THRILLS *

12 Juin

2sur5  Torture porn cheap et malicieux, Cheap Thrills se fait passer pour un thriller intelligent et une comédie tellement sarcastique et subversive, de celles osant vous montrer ce qui serait la nature humaine. Le film de E.L.Katz peut être rapproché de Funny Games dans l’idée – pas dans la mise en scène, ici très commune avec une pointe de fantaisie, un peu dans la lignée de ce qui s’observait sur Kill List ou Le Dernier Pub avant la Fin du Monde.

Craig (Pat Healy), père endetté et responsable avec une petite situation morose, vient de perdre son travail. Il se réfugie dans un bar où il retrouve un ancien ami, Vince (Ethan Embry), au mode de vie plus libéré. Tous les deux ont besoin d’argent ; ce couple mystérieux en a et leur donnera des sommes astronomiques s’ils relèvent une série de défi. D’abord il faut toucher les fesses d’une hôtesse, puis se prendre un poing. Cela ira beaucoup plus loin, évidemment, surtout qu’il est temps d’être reçu chez ces diablotins morts de faim.

Quel est l’intérêt de cette démonstration ? Montrez jusqu’à quel point nous pourrons tous finir minables et soumis par l’appât du gain ? Tout ce dégueulis souligné par une mise en scène tapageuse n’était pas nécessaire. Ce film n’est qu’un jeu malsain et vulgaire, dont on sait très bien qu’on pourra lui accorder une intention pertinente pour justifier d’avoir passé 87 minutes à contempler ce concours de bassesses. Ce n’est pas Pink Flamingos, ce ne sont pas des fous, juste des individus trompant le vide. Ils n’ont rien à dire ou à produire, alors ils nous polluent.

Chacun son libre-arbitre, c’est l’idée ? Alors ayons la capacité de jugement nécessaire pour jeter ce film à la poubelle sans nourrir de complaisance à l’égard de piteuses et improbables vertus allégoriques. Cheap Thrills est très faible : le concept est déroulé, sans plus, pour le reste, absolument rien n’est développé. L’opposition entre les deux vieilles connaissances est ridicule, leur caractérisation plus ou moins digne d’un soap pour beaufs abrutis. Le couple fortuné n’a aucune consistance.

Dans Cheap Thrills il y a deux abrutis méprisables et deux tarés repoussants. Il est difficile de les suivre sans être navré, à moins de nourrir des sentiments d’hostilité juvéniles, une destructivité de petit acarien passif-agressif, à l’égard de la race humaine. Ou d’avoir un humour si tarantinesque.

Note globale 36

 

Page Allocine & IMDB + Zoga sur SC

Suggestions… Blood Island (Bedevilled) + Le Peuple des Ténèbres + Ladykillers + You’re Next

.

Note passée de 37 à 36 lors du changement de 2018.

 Voir l’index cinéma de Zogarok

 

8 Réponses to “CHEAP THRILLS *”

  1. Kapalsky juin 17, 2014 à 09:15 #

    Je m’attendais à ce que ce film réserve une bonne surprise, mais à lire ta critique, ce n’est plus la peine d’y penser. Dommage, d’autant plus que j’admire David Koechner.

  2. Voracinéphile juin 22, 2014 à 19:09 #

    Je fais partie des bons avis pour ma part. Le ton sec de la critique touche un point juste, dès que le film a posé son concept, il n’en bougera pas d’un poil, tout réside dans l’enchère malsaine. J’ai néanmoins trouvé la surenchère bien organisée et les interactions entre les personnages plutôt bien gérées. Pour sa carrure tout à fait modeste, c’est plutôt un bon bilan, et le genre de film trash moralisateur que j’apprécie.

    • zogarok juin 27, 2014 à 17:58 #

      Quel est le but de la démonstration et en quoi est-elle sensée ou puissante ?

  3. Voracinéphile juin 27, 2014 à 20:24 #

    La dégradation a-t-elle un prix ? Sa puissance vient plutôt du côté que ce n’est pas forcément celui qui n’a rien à perdre qui est le plus déterminé à jouer à ce jeu. Il est facile de se débiner quand rien ne dépend de soit.

    • zogarok juin 29, 2014 à 15:25 #

      Ca me semble être un contresens ; en quoi « rien ne dépend de soi », c’est par et pour eux qu’ils agissent de la sorte.
      Et au contraire, ils n’ont justement à peu près rien à perdre – ils se sentent tous les deux impuissants voir ratés.

  4. Voracinéphile juin 29, 2014 à 23:21 #

    Tu tiens comptes du fait que Craig a une famille à charge, contrairement à Vince qui est célibataire et sans attache ? L’entrain à jouer s’inverse chez eux au fur et à mesure que les enjeux montent. Mais tu ne feras probablement pas preuve de compassion une minute, car céder ne serait-ce qu’un doigt à ce film, ce serait lui reconnaître une parcelle de légitimité (or c’est moralement inadmissible, vu qu’il donne finalement raison à l’appât du gain). En radicalisant, soit on interprète cette fin comme « l’argent gagne », soit il provoque le choc recherché, mais sa morale (l’appât du gain, c’est nul) ne surprends ni n’éduque…
    Le film est en revanche classé dans les comédies à humour noir, donc concernant les attentes du public de ton dernier paragraphe, l’humour tarantinesque est de rigueur. Curieux, je n’ai pas réagis dans ce sens lors du visionnage, moi qui suis d’habitude tatillon à ce sujet…

    • zogarok juin 30, 2014 à 01:23 #

      Je blâme pas le film d’un point de vue « moral » ou en tout cas pas celui-là (l’argent etc). Je ne dis pas non plus que son principe est illégitime, je dis que rien n’en est fait en-dehors du jeu ; même si naturellement quelques lapalissades très graves sont là pour faire profond.
      Je n’ai pas de compassion ni de dégoût pour ces deux types, ce sont des minables, c’est tout, mais qu’ils soient libres de se sacrifier s’ils sont suffisamment dégénérés pour le vouloir (ou l’accepter – ça devient la même chose).
      Et le père est celui qui a la vie la plus restrictive ; aussi c’est celui qui s’éclate le plus dans ce petit délire. C’est simpliste, mais cohérent. On peut naturellement s’exclamer « aha, quelle ironie » là-dessus, mais c’est l’inverse qui aurait été pompeux et à côté de la plaque. Il n’y a pas d’audace particulière là-dedans.

Laisser un commentaire