ORDURE ! ****

6 Oct

4sur5  Filth doit être le plus gros monstre punk depuis Ex Drummer en 2007. Premier film de Jon S.Baird (qui aurait apporté une discrète participation à la production de Hooligans en 2006), il est adapté d’un roman de Irvin Welsh, dont la première création a déjà été portée à l’écran : c’était Trainspotting de Danny Boyle. Ici il est encore question de drogues, d’hallucinations et de réalité soumise à l’emprise d’un délire profond. Ces gadgets étant posés, le décors et sa population ont changés. Filth tient compte de la réalité sociale de ses personnages et se concentre sur Bruce Robertson, brigadier dans une agence de police écossaise.

Le film peut être considéré sinon comme son portrait, au moins comme un voyage au premier degré à ses côtés. Son univers objectif est sans doute normal mais le filtre par lequel il nous est transmis est aussi grandiloquent et explosif qu’un mélange de Bronson et de polar narquois nuancé par une comédie potache anglo-saxonne no limit. Psychopathe ludique et hystérique, Bruce Robertson est un enfoiré de A à Z, sous toutes les formes, dans toutes les configurations. Assailli de visions atroces et rattrapé par une culpabilité insoupçonnable, il n’a peur de rien car il est déjà en enfer.

C’est une sorte de démon trop perturbé pour craindre la mort et le futur : d’ailleurs il ne peut pas en avoir, puisqu’en toute logique ses tares ne sauraient que se décupler. Il avance donc vers son implosion, avec machiavélisme et impulsivité, ne ratant aucune occasion de tromper, souiller, bafouer, humilier. Son métier et ses réseaux ne sont pour lui que des terrains de jeu au même titre que les individus qu’il croise et il compte bien les essorer à fond. Ce happening permanent de connard providentiel rend le spectacle euphorisant. Filth ressemble à une espèce de comédie musicale, il est d’ailleurs accompagné d’une OST indélicate et grisante dans son contexte.

Radicalement excentrique, Ordure est un objet protéiforme, un torrent criard d’horreurs et de malveillances. Tout y est malpoli, clinquant et délectable. Une sorte de consultation vient interrompre les songes de Bruce, avec cet espèce de juge et conseiller, personnage issu d’un film de Terry Gilliam et passé en salle de shot avant de rejoindre le casting et délivrer sa parole omnisciente. Bruce Robertson est un de ces personnages bien psychosés, bien complets, comme il est difficile d’en créer. La performance de James McAvoy est impressionnante et très éloignée de son image : le petit académicien idéaliste du Dernier Roi d’Ecosse aurait été une merveilleuse alternative à Nicolas Cage dans le remake de Bad Lieutenant.

Succès mondial, le film a été repoussé en France et n’est finalement sorti que le 24 septembre 2014 en DVD, soit quasiment un an après le lancement de sa diffusion en Grande-Bretagne. Les professionnels de la profession ne semblent pas soucieux de relayer le phénomène, manifestement indifférents à sa fureur, sa qualité, ses provocations comme à son impact. Filth est en tout cas armé pour devenir un film  »culte » mineur, donnant l’impression d’assister Le Locataire de Polanski passé à la moulinette d’un trip rococo et nihiliste. Grossier, unique.

Note globale 78

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… Bons baisers de Bruges + Le dernier pub avant la fin du monde + Don Jon

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Cinéma en 2014 12 Years a Slave + American Bluff + Blue Ruin+ Dans l’Ombre de Mary/La Promesse de Walt DisneyDallas Buyers Club + Homefront + Joe + La Vie Rêvée de Walter Mitty + La Voleuse de Livre + Le Loup de Wall Street + Le traitementLes Brasiers de la Colère +MaléfiqueOldboyPompei+Robocop + The Amazing Spider Man 2: le Destin d’un héros+ The Canyons + Zero Theorem  (DEPUIS SDM 2)

 

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Une Réponse to “ORDURE ! ****”

  1. Moonrise décembre 25, 2014 à 18:56 #

    J’ai pas accroché plus que ça au final, le côté « gros connard » du protagoniste ne m’a pas vraiment fait rire. Il faut dire que je l’ai vu dans de mauvaises conditions, aussi, qui ont peut être heurté ma réceptivité.
    J’ai trouvé que le retournement de situation (le fait qu’on se rende compte au fur et à mesure que ce comportement relève d’une névrose, que le personnage est dans le déni) était bien mené. C’est cet aspect psychologique qui m’a le plus plu, et j’ai trouvé le final en mode décalé un peu dommage, pour le coup.
    Assez incompréhensible qu’il ne soit pas sorti en salles. Le film vaut au moins pour la performance de Mc Avoy.

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