SORTIES DU MOMENT (4)

19 Juil

_ The Hunters*** (65) thriller – sortie le 29 juin (DTV)

_ L’Age de Glace 4* (25) animation USA – sortie en juillet

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THE HUNTERS ***

3sur5  The Hunters est de ces séries B entendant promettre le purgatoire, ou au moins traduire la portée reptilienne sur les esprits des personnages cherchant ce dépassement. A cette fin, The Hunters délivre quelques visions noires et surtout, sait remplir son récit entre les lignes grâce à une approche frontale des instincts humains (et seulement dans une moindre mesure en les représentant physiquement). L’action se concentre autour d’un Fort à l’aura mystérieuse, la réputation secrète ; même la police qu’intègre le héros refuse d’évoquer et surtout d’infiltrer les lieux. Entre omerta locale et  romance à mots très couverts, il y a cet endroit maléfique, malsain ou mal-famé, qui ouvrira ses portes à un monde de transgression et d’horreurs (mais restreints par un budget clairement cheap). Cet univers fascine et révulse conjointement les personnages masculins, tous très ambigus ou bien fouillés.

Le film se découpe en trois temps : prise de contact avec le climat environnant, immersion dans l’antre du glauque et des raffinements « psyché » (morbide danse du ventre), gunfights en pleine nature, règlements de compte et expression radicale des inspirations tarées. Bien que le script verbalise excessivement, il évite les lourdeurs, l’exploration étant ininterrompue. The Hunters est fortement marqué par une volonté de comprendre des passionnés déviants. Il se penche sur des hommes odieux et des pauvres types aux prises avec leurs pulsions et évoque des sujets « humains » importants, opposant des archétypes fondamentaux avec un point de vue frontal et peu flatteur, presque un pessimisme serein. Le film paraît moralement conservateur ; non pas qu’il aspire à la répression ou au statut-quo, mais sa lucidité et sa façon d’aborder le Monde et l’âme humaine le rende presque essentialiste. Il évoque la lutte entre la sauvagerie et l’ordre poussif, la curiosité insatiable et la confiance dans le paternalisme et l’autorité, le désir de changer sa vie ou de la booster et celui de la maîtriser voir de la cadenasser à ses propres dépens.

Chris Briant maintient très longtemps une grande opacité, tant sur la nature de l’objet-mystère que sur ses personnages. Envoyant sur de fausses pistes, quand à leurs intentions, leurs fonctions voir leurs caractéristiques. Par exemple, un réparateur informatique, looser opprimé dans son boulot, se prend pour un théoricien et un prophète et il faut beaucoup de temps pour démêler l’artifice et la construction de la vérité de ce petit homme. En face d’un (faux) couple en (potentiel) devenir, un bourrin chochotte et hystérique exprime sa haine de l’innocence et de la pureté et son homophobie paradoxale. Militaire démobilisé et fraîchement échappé de l’hôpital, le héros-flic débarqué dans cette région calme, grise et endormie, déçoit davantage. La peinture est virile et sobre mais manque un peu de chaire et de faits, voir de clarté : c’est même l’individu le moins percé à jour à l’issue du film, sinon le plus bâclé.

Film français tourné en anglais, en France avec des acteurs anglo-saxons, The Hunters a été très mal reçu par les professionnels et les blogueurs suite à sa présentation cette année à Gerardmer, allant jusqu’à devenir, pour des raisons obscures, une espèce de souffre-douleur et de nanar catégorique. Cette hargne est peut-être à mettre sur le compte du narcissisme présumé de Chris Briant, réalisateur et vedette du film. Pour autant, The Hunters est efficace, cohérent, profond et stylé, il inspire une légère adrénaline et un sentiment d’harmonie curieux, comme si son regard détaché gommait la perversité énoncée sans relativiser les espoirs et même, un ton presque humaniste. Certaines surprises peuvent être anticipées facilement, mais c’est le produit d’un excellent artisan. Le risque pour lui à l’avenir est dans le laisser-aller sur plusieurs aspects importants (originalité des méthodes) au détriment de d’autres (grandiloquence visuelle, souci empathique et propension à la sacralisation aveugle du personnage-pilier) ; mais ce n’est pas écrit.

Note globale 65

Page Allocine

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Enneagramme-MBTI : Le chef de la police est un Te jusqu’au-boutiste (agressif, dominant, sans détours ni fioritures), c’est-à-dire un ExTJ. Il est vraisemblablement un ENTJ, Ni-Se étant assez affirmés, Si lui étant étranger. La jolie Alice/Dianna Agron est une INFP équilibrée -ça existe- (lorgnant vers les IxFJ) avec un Fi très affirmé ; le lourdaud insistant est naturellement un ESTP (Se-Ti-Fe), le héros est plus hardu à définir (NT évident, mais ENTP ou INTJ?).

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L’AGE DE GLACE 4 *

1sur5 Dernier-né de l’univers des sagas « mignonnes » et faussement « audacieuses » devenues valeurs absolues et matrice à audiences records (Madagascar, Shrek,…), L’Age de Glace 4 propose un peu d’aventures, pas mal d’effets et beaucoup de gamineries. Correspondance amusante entre ces univers viscéralement liés : à partir du quatrième opus, il devient évident que  ce n’est plus que pour les enfants – cela dit, Shrek 4 avait la décence d’achever le supplice et de chercher à s’approprier une certaine consistance. Ici, le bateau coule et les micro-gags sont des rustines.

C’est toujours aux côtés de Scratch, le petit écureuil, que l’on passe les meilleurs moments. La mascotte de la saga provoque la dérive du titre lors d’une séquence d’ouverture très inventive. Pour le reste, c’est du burlesque monomaniaque : seule la séquence finale tient de la surprise. En-dehors de ces scènes honnêtes (certainement pas des « pépites » pour autant), le feuilleton-roi de l’écurie Blue Sky déroule toujours les mêmes rengaines : dualités de caractères exacerbées, facéties lourdingues de Sid, logorrhée d’action… Les nouveaux réalisateurs (Steve Martino & Michael Thurmeier) dépassent leur modèle évident (Madagascar) dans la mise au point d’une petite touche perso : leurs quelques séquences chantées sont aussi niaises que leur ironie est radicale. Le résultat de cette combinaison est une vision vulgaire et inepte invitant à jouer aux petits durs pour atteindre le summum de la coolitude.

Cette laideur et ce cynisme sont renforcés par l’éternel jeunisme « mainstream » simulé par de vieux gâteux. Comme son déplorable prédécesseur, L’Age de Glace 4 se vautre dans les conflits de génération ou de tempéraments d’un degré zéro vertigineux (mention spéciale pour le mammouth jouant au père aigri, sur-protecteur et liberticide). Heureusement que ce sont des animaux qui donnent corps à ce scénario pathétique ; sinon, en tant que comédie comme en tant que drame ou film familial, c’est du niveau d’un téléfilm américain pour beaufs téléphages (genre sequels de Beethoven).

Toutefois, la nullité crasse de L’Age de Glace 4 doit être relativisée. Il s’agit en effet d’un film de studios remplissant habilement sa fonction ; ça n’a aucune sorte d’intérêt, mais c’est dans sa nature d’être bête et gentil. L’agitation recouvre le torrent de redondances et de péripéties vaines, il n’y a aucune construction narrative tenable… Quelques nouveaux personnages viennent enrichir la saga, en tête l’infâme grand-mère de Sid et un méchant exubérant, terrible et banal. Un canon à l’image du film, maladivement hystérique et dont pourtant la prestation défile sans impacter un instant, ni sans rien laisser, sinon le sentiment d’être gavé comme un goret prêt pour la sieste ou la déprime.

Note globale 25

Page Allocine

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Sorties du Moment : 12, 3   

Sorties en 2012 : Albert NobbsAtrociousBattleshipBullheadDark ShadowsHunger GamesJohn CarterL’Antisémite/Dieudonné, La Dame de Fer-The Iron LadyLe PrénomMy Week with MarilynPrometheusThe DictatorTake Shelter,  TyrannosaurTucker and Dale fightent le Mal

20 Réponses to “SORTIES DU MOMENT (4)”

  1. 2flicsamiami juillet 19, 2012 à 11:32 #

    The Hunters : je ne l’ai pas vu, mais j’étais chargé de monté l’interview du réal que tu peux voir dans la fiche film d’Ecran Large. On y apprend beaucoup chose, notamment sur ce coté « narcissique » et « je me la pète » du réalisateur qui se prénomme Chris Briant.
    Sinon, s’était l’an passé qu’il est projeté à Gerardmer, pas cette année 🙂

    L’Age De Glace 4 : bon ba ça confirme que tu n’as pas aimé le film. Je suis d’accord sur le scénario bête et méchant et les rôles très consensuel donnés aux personnages. Ceci étant, j’ai ri, je trouve le film très beau et je me suis vraiment pas ennuyé.

    • zogarok juillet 19, 2012 à 12:33 #

      Tu fais bien de me le dire ; décidément, j’accumule les erreurs ! J’ai confondu avec l’année de sortie, c’est-à-dire cette année. Pour compenser, « c’était » et pas « s’était » 😉

      Peut-être que ce sont ces défauts du real & héros (qui ne pouvaient que m’échapper à la simple vision du film) qui l’ont autant plombé auprès de la critique. C’est objectivement un bon film, mais pas encore la matrice d’une oeuvre complète, donc les fanfaronnades restent malvenues.

      C’est très sincèrement que je ne peux comprendre comment il est possible de ne pas s’ennuyer profondément devant L’age de glace 4. Un véritable mystère pour moi. Mais de la même manière, certains de mes goûts peuvent paraître abracadabrantesques.

      • 2flicsamiami juillet 19, 2012 à 14:36 #

        Les fautes d’ortho et moi, ça fait trente-six ! 🙂 Encore plus dans les commentaires.

        • zogarok juillet 19, 2012 à 15:24 #

          « L’orthographe et moi ça fait trente-six » !

          • 2flicsamiami juillet 19, 2012 à 18:42 #

            Lol oui, ça serait plutôt « Les fautes d’ortho et moi, ça fait deux ! » 🙂

            • zogarok juillet 19, 2012 à 19:46 #

              Non, soit c’est « Les fautes d’ortho & moi, ça fait un » ou « L’ortho et moi ça fait deux -ou 36 ».
              Bon, même moi je me trouve chiant sur ce coup-là, mais c’est important, hein.

              • 2flicsamiami juillet 19, 2012 à 20:28 #

                Ah ok, je viens de comprend 🙂 on moins, je me coucherais moins bête ce soir.

                • zogarok juillet 20, 2012 à 11:27 #

                  Excellent ^^ C’est juste une faute d’inattention.

  2. Voracinéphile juillet 19, 2012 à 23:48 #

    The hunters m’intéresse beaucoup, merci pour la chronique qui relativise beaucoup ce qui a été dit sur le film. Un écho intéressant qui prend un peu de recul face à la personnalité de son auteur (que je ne connais pas non plus, donc pas d’à priori). Excellente bande annonce en tout cas, exactement le style qui donne envie d’en savoir plus… Brève (une minute), annonçant déjà le cheap, une bonne mise en bouche…
    Pour l’âge des glaces 4 en revanche…J’étais voir le 2 avec des potes, et je m’étais sincèrement ennuyé. Le public qui rit à chaque fois qu’on voit la noisette… Bon, c’est drôle, mais ça joue un peu le rôle du verre d’eau pour faire passer la pilule… Toujours pas vu le 3 (que j’ai en dvd, un don…), mais je ne suis pas pressé.

    • zogarok juillet 20, 2012 à 11:24 #

      C’est vrai que le rôle de Chris Briant est assez poussif, qu’il est mis en avant sans en avoir forcément les moyens -le personnage est réduit, on en voit surtout le côté héroïque, séduisant et téméraire. Cette volonté est d’autant plus « risible » pour ceux qui voudront la pointer que tout le reste est très bien construit, les autres personnages plus intéressants (même si ce n’est pas un modèle de pénétration psychologique, naturellement, très loin de là).
      En cherchant une vidéo pour The Hunters, j’ai préféré celle-ci à la bande-annonce de 3min, très décourageante en revanche. Donc rien n’est acquis !

      Ton observation s’applique pour la saga AGE DE GLACE toute entière ; mais aussi les Shrek, les Madagascar, les Dremaworks etc. Le 3 est presque aussi nul que celui-ci, il est un peu moins compulsif mais les défauts sont globalement les mêmes.

  3. Olivier Walmacq juillet 20, 2012 à 12:28 #

    Je n’ai vu ni l’un ni l’autre. L’âge de glace 4 ne m’intéresse pas du tout, d’autant plus que je ne suis pas fan des 3 premiers.

    • zogarok juillet 20, 2012 à 13:23 #

      Bienvenue au club, on est peu nombreux ! Ça m’étonne un peu de ta part ; tu préfère SHREK sans doute (moi aussi, mais seulement le 1) ?
      Essaie THE HUNTERS quand même, au pire ce sera un nanar de plus pour ta collection.

  4. wilyrah juillet 20, 2012 à 22:56 #

    Un volet abrutissant, prétexte et feignant.

    • zogarok juillet 20, 2012 à 23:17 #

      Comme le 3 pour ma part – voir le 2, assez plat lui-même une fois consommée la surprise du pitsch (migration).

  5. MaxLaMenace89 juillet 21, 2012 à 14:17 #

    Il a l’air pas mal, ce The Hunters, je connaissais pas du tout. Un de plus sur la liste : )

    Sinon le 4e opus de l’Age de Glace ne m’a pas paru si désastreux que ça. Ca mérité un second visionnage en dehors de l’hilarité générale d’une salle obscure pleine, mais c’était pas prétentieux pour un sou et vraiment fun. Mais je suis d’accord avec toi le scénario est vraiment convenu, entre morales à deux balles et expositions laborieuses. Mais on passe un très bon moment malgré tout.

    • zogarok juillet 21, 2012 à 14:42 #

      Ca m’a vraiment agacé, mais pourquoi pas. Je ne comprend pas l’humour des gens, les notes du film (sur allociné, imdb, cinemagora) sont très hautes, similaires aux précédents opus… Cet enthousiasme collectif me sidère, voir me désespère. Je comprend qu’il soit envisagé comme un gentil divertissement familial ou une « pause » pour un public plus large et plus mature, mais qu’il soit à ce point relayé et considéré, c’est autre chose… Je dois être un vieux con, déjà.

  6. Olivier Walmacq juillet 23, 2012 à 10:13 #

    ni l’un ni l’autre en fin de compte. Pour Shrek, j’aime bien le 1er mais les autres…

    • zogarok juillet 23, 2012 à 20:03 #

      Comme moi en somme (qui l’eût cru, j’étais souvent en contradiction sur Eelsoliver). J’ai eu notamment un gros problème avec Shrek 2 car le côté « médiocre et populo », que je minimisais pour le 1 car il avait un sens, passe vraiment mal à ce stade.

  7. Allan Mai 11, 2014 à 19:12 #

    The Hunters est un petit film d’horreur bien sympathique. Je n’ai jamais compris les critiques à son endroit et c’est bien possible que la personnalité du réalisateur que je ne connais pas, ait joué. Dans ce cas les critiques pro et amateurs ne font pas leur travail.

    L’Age de glace 4 n’est pas si mal, il est même meilleur que le 3. Après on est dans le spectacle des familles et bas-du-front donc il ne faut pas trop en attendre, déjà que le premier est surcoté.

    • zogarok Mai 12, 2014 à 12:42 #

      The Hunters joue beaucoup sur ce qu’on redoute, tout en restant finalement assez classique (dans l’ensemble) sur ce qu’il va étaler de perversions. J’ai trouvé que c’était une façon juste de montrer cette peur à l’égard des passions sordides de son prochain, en même temps que ce besoin d’approcher la Bête, pour se purger, par curiosité, voir pour se « mesurer » aussi.
      Evidemment, d’autres l’ont fait bien mieux, mais à son petit niveau, The Hunters y parvient. Et j’ai bien aimé cette romance, en carton pourtant idéaliste pourrait-on dire.
      Pour L’Age de Glace 1 et 2, c’est vrai que lorsqu’on gratte, il n’y a rien.

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