DARK SHADOWS =+

19 Mai

La promotion de Dark Shadows annonçait une espèce de Visiteurs en mode romantique d’opérette et trash de bac à sable. Avec le morbide en écho et les tics de fabrication ostentatoires pour combler l’absence d’enjeu en terme de cinéma. Dark Shadows était promis à devenir, soit le remake officieux de la Famille Addams, soit un divertissement standard et laid du samedi soir. A l’arrivée c’est un brave produit racé et langoureux, distillant une morale presque réactionnaire et des références éprouvées mais sublimées : Burton nous revient en chef-d’orchestre du kitsch.

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Burton, état des lieux

Depuis quelques années, le cinéma de Tim Burton est un moribond en sursis et semble sans perspectives. Depuis Sleepy Hollow, c’est une production sous l’emprise d’un yo-yo tendant toujours vers le déclin ; une reprise relative (et formelle exclusivement) s’impose, puis déjà Burton enchaîne avec un film dévitalisé et anecdotique. Dark Shadows ne réanimera pas la carrière artistique de Burton, mais c’est néanmoins la possible étape d’une stabilisation d’hémorragie.

Après la déconvenue décisive de Alice au pays des merveilles, il n’est plus légitime ni raisonnable d’attendre le prochain Burton comme une merveille potentielle. Anticiper une simple et honnête livraison comportant la griffe Burton ou au moins quelques bribes de son essence, voilà qui est rationnel et sincère (ne pas perdre de vue que certains en sont déjà là depuis Mars Attacks!).

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Il est triste de voir un artiste se caricaturer au point de devenir un auteur pour adolescents et petits télégraphes de la brillante et saine valeur cultu(r)elle du moment. C’est d’autant plus regrettable que Burton proposait, jusqu’au début des 2000s, une œuvre hors des sentiers battus, le genre de films que des foules entières (et, de Batman à Edward, pas nécessairement les mêmes) fantasment de réaliser dans le monde parallèle ou leur imagination peut se déployer. En lieu et place, il n’y a plus désormais que le film qu’on aspire à consommer entre deux activités diverses (Les Noces Funèbres est un beau produit, avec la griffe recherchée, mais c’est somme toute un objet assez creux) ; en cela, ce n’est plus pleinement du cinéma, mais du prêt-à-mirer.. et prêt-à-admirer pour les teens cherchant des motifs iconiques ; prêt-à-saluer avec emphase pour les critiques concupiscents et les post-modernes devenus des traditionalistes qui s’ignorent.

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Pop’movie

Adapté d’un soap-opera de la fin des 60s, huitième collaboration de Jonny Depp et Tim Burton, Dark Shadows n’est que le film d’un moment et il basculera rapidement vers les oubliettes de l’Histoire ; toutefois, il est armé pour en éviter les poubelles. Bien sûr, Dark Shadows s’inscrit aisément dans ce cinéma immature et artificiel qu’affectionne et confectionne le grand Tim, fuyant le quotidien et la complexité pour préférer la devise ampoulée et le défilé de vignettes. Mais Dark Shadows apparaît aussi comme un joli film pop ; pas seulement un produit  »pop-corn » du samedi soir, mais aussi l’occasion de brasser plusieurs cultures, de travailler des références communes ou usuelles et d’en faire les lames de fond de son film. A tel point que, si Dark Shadows ne ressemble pas tout à fait à son époque, il se dégage d’impératifs vulgaires pour atteindre une dimension un peu supérieure, ou des individus très différents pourront retrouver un peu de leur monde (qu’il s’agisse d’un monde intérieur ou de schémas, d’une imagerie hérités d’expériences quelconques) ou de leurs aspirations de spectateurs.

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Naturellement, il n’y a pas ici l’éloquence d’Edward qui parle si habilement (bien ou justement, c’est un autre sujet) de l’Amérique, l’extravagance suave de Mars Attacks ni, surtout et c’est le plus important, l’universalité et la vérité humaine des deux Batman. Mais Dark Shadows existe, pour lui-même et par quelques références ou piliers offrant à chacun une prise, une parcelle dans l’œuvre. Ainsi, le fan de la première heure, mais aussi le cinéphage, aura tout loisir de relever les stigmates de l’héritage burtonien et les sales manies réminiscentes de Burton : elles surgissent régulièrement, par le biais de personnages ou de dialogues faisant écho aux précédents travaux de l’artiste. Pour autant, le public jeune, demeuré primordial, est servi, mais Burton réussit l’exploit de concilier ses exigences avec celles d’un auditoire plus adulte (autrement dit, le compromis est moins  »discount »). Par conséquent, le personnage identificatoire (raté mais pertinent) de l’ado teigneuse -Caroline- est secondaire, les velléités très  »Darky Disney » à la Alice et  »gothic destroy » façon Noces Funèbres s’accordent avec un souci du baroque flamboyant, prompt à emporter l’adhésion tant des amateurs de sagas boursouflées (qu’il s’agisse de Stargate ou des Feux de l’Amour – il suffit d’écouter les échanges entre Pfeiffer et Depp à l’arrivée du vampire) que d’amoureux de spectacles outranciers et haut-en-couleur. En quelque sorte, Dark Shadows est l’occasion d’une timide réconciliation des aficionados de Burton, un pont entre les différents mondes qu’il a esquissé. Mais l’ensemble demeure trop fébrile, ou anodin, pour donner des gages pour l’avenir.

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Quelques élans poétiques s’incrustent même ça et là, avec en tête, l’arrivée de la jeune gouvernante -Victoria- chez les Collins, dans une atmosphère de conte initiatique, évoquant autant Massacre à la tronçonneuse que le Petit Chaperon Rouge. Le dernier tiers sera plus violent avec un Barnabas passant à l’attaque et le courroux d’une Angélique revancharde. Le film acquiert alors définitivement sa dimension d’attraction foraine glam’ kitsch, opulente et même assez gratinée en terme d’étrangetés grand-guignoles (la mort de la poupée de porcelaine).

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Dark Shadows échoue cependant dans ses intentions purement commerciales, un peu comme si le cahier des charges avait perdu l’ascendant cette fois-ci, au profit des escapades visuelles ou d’une légèreté revendiquée. En particulier, le rapport entre le médecin à la cool (campé par HBC) et Barnabas (le héros vampire) est infructueux. Il s’agissait vraisemblablement d’introduire un élément de mythologie personnelle à la biographie des deux stars, mais leur relation est vaseuse et ne débouche sur rien. Ces rapports qui se voudraient ambivalents ou décalés ne consistent finalement qu’en une simple échange de confessions et le choc n’a pas lieu.

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Par ailleurs et ce sera un motif de frustration pour ceux qui préfèrent la comédie pure à la comédie musicale, Dark Shadows ne délivre pas le choc des âges promis, sinon par quelques dualités très poussives et des laius bien sentis de Barbaras. Le ton est plus amusant dans les rapports entre personnages, quasi-cartoonesques. Dans la même lignée, les portraits sont épurés, garantis sans graisse humaine, pour mieux permettre aux croquis hystériques de se dérouler. Dès lors, Dark Shadows est aussi le récit de la lutte entre deux tenants de la domination locale : c’est le bataille d’une famille de grands propriétaires et aristocrates excentriques et fauchés, contre une sorcière bling-bling somptueuse à s’en damner (Angélique Bouchard – Eva Green), belle héritière, patronne cynique et tentatrice vénéneuse. Michelle Pfeiffer est dans une tonalité différente, c’est une maîtresse de maison, une matriarche d’une grande douceur, une prêtresse glam plutôt qu’une mère castratrice. Ce rôle rappelle son personnage des Sorcières d’Eastwick, revisité dans une version plus mûre, plus charismatique.

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En marge de cette joyeuse galerie, le ton est néanmoins sentencieux, voir conventionnel : il n’y a jamais l’ombre d’un doute sur le fait que le Prince basculera du bon côté en préférant la jeune fille sage et intégrée à la tigresse agressive. Tout consiste, pour Burton, à concilier le manichéisme puritain qui structure son écrin et l’envie de passion et d’amour inconditionnel qu’il cherche toujours à exprimer dans ses productions. En réduisant la bonne gouvernante à un statut de potiche mignonne mais sans grâce, sans envergure, Burton envoie peut-être un signe, car ce sont à nouveau les canards boiteux qui tiennent le devant de la scène, même si l’ordre social devra l’emporter.

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Burton 2010s, maître du kitsch à souhait ?

Peut-être que Dark Shadows est le film-testament de toutes les illusions autour du génie Burton annonçant sa reconversion en orfèvre du kitsch. Voir des kitschs, ce qui en fait une petite révolution à son échelle personnelle. Johnny Depp est tout de même un vampire romantique et victorien, atterrissant dans une période de mutation, les 70s morcelés entre culture hippie et classicisme néo-bourgeois.

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De fait, Dark Shadows est enclavé dans une modernité d’autrefois (qui lui permet de toucher une fibre intime du bobo désuet), rehaussée par un sens du kitsch restauré. Exactement comme à l’époque de Edward, mais cette fois pas pour établir une dissertation ou un pamphlet personnel. L’heure n’est plus à la critique sociale, mais à la conception d’un joyau racé ; la démarche consiste à animer et faire s’entrechoquer des bestioles clinquantes, des stéréotypes certes, mais exacerbés et raffinés.

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Burton himself devient kitsch, car c’est maintenant une sorte de briscard perché, surplombant toute la sphère médiatique, culturelle et cinématographique de son époque. Il s’impose spontanément et n’a qu’à s’annoncer pour que chacun soit braqué sur lui ; dès lors, s’impliquer un peu plus qu’au minimum est une victoire artistique pour le Burton post-déclin. Le voilà consacré comme une sorte de conservateur amadouant avec des reliques ; et en ajoutant le kitsch seventies (et ses transgressions qui n’en sont plus – la présence du faussement trash Alice Cooper est démonstrative en ce sens) au romantisme gothique, il trouve une combinaison plus séduisante – réunissant, sur le plan graphique et esthétique, les fastes de Mars Attacks et la sensibilité de Sweeney Todd.

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Son cinéma n’a et n’aura plus aucune profondeur, il pourra surfer sur les modes du moment (peut-être même avec retard – la figure du vampire est certes sanctifiée depuis l’ère Twilight, mais l’effervescence arrive sans doute à son terme) mais plus jamais tout à fait surprendre. Les espérances seront bien, désormais, du côté du brio, de la splendeur et de la performance. Et en ce sens, ce Dark Shadows, divertissement consensuel, est une bonne surprise.

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Note globale 56

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Page AlloCiné

Fiche Metacritic

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Sorties ciné en 2012

Atrocious (en DVD – mars)

* SDM1 – Battleship (en salles – avril)

* SDM1 – Bullhead (en salles – février)

John Carter (en salles – février)

L’Antisémite/Dieudonné (abonnement et téléchargements Internet – mars)

* SDM2 – My Week with Marilyn (en salles – avril)

The Iron Lady – la Dame de Fer (chronique sur le personnage et à propos du film / mais non-visionné)

* SDM1 – Le Prénom (en salles – avril)

Tucker and Dale fightent le Mal (en salles – février)

* SDM2 – Tyrannosaur (en salles – avril)

 

33 Réponses to “DARK SHADOWS =+”

  1. cinephile2012 Mai 19, 2012 à 02:01 #

    Quand il s’agit de films fantastiques, je trouve que Tim Burton a vraiment un don pour nous émerveiller. Rien que les images donnent envie de le voir, mais est-ce que vous croyez que le film sera encore un succès? Bref, après avoir lu le petit synopsis qui se trouve sur http://www.myskreen.com/film/4593202-dark-shadows, je pense que j’irai le voir en salle celui-là…

    • zogarok Mai 19, 2012 à 12:08 #

      Heureusement qu’il y a ces images (j’aurai voulu en introduire davantage dans le blog), parce qu’au-delà, le cinéma de Burton est vacant depuis longtemps… LES NOCES FUNEBRES est un film assez fabuleux à ce titre, autant qu’il est vide, pétrifié et régressif.

  2. Le cabinet des rugosités Mai 19, 2012 à 11:23 #

    Je ne l’ai toujours pas vu, je n’arrive pas à me décider, car les raisons qui me poussent et me repoussent sont exactement les mêmes indiquées dans ton article. Mardi, 2 places achetées, une offerte, on verra. J’ai hâte en revanche de voir le Dracula de Dario Argento.
    Salutations

    • zogarok Mai 19, 2012 à 12:05 #

      Tu doit être le premier individu et/ou internaute sur Terre attendant avec espoir le prochain Argento. Personnellement, j’y crois un peu aussi, ou plutôt j’attend de ressentir la même satisfaction face à ce Dracula que face à Dark Shadows. Burton et Argento peuvent devenir deux orfèvres brillants, globalement figés mais toujours capables de surprendre par quelques écarts ou ajouts à leur imagerie habituelle.

      Pour Argento comme pour Burton, on peut toujours fantasmer le grand come-back. D’ici là, il faudra savoir apprécier leurs auto-pastiches ou leurs expérimentations kitschs ; c’est toujours mieux que les nanars fauchés ou les navets impersonnels. De là à parler de Dark Shadows comme d’une résurrection de Burton, ou d’un véritable sursaut qualitatif, il y a un monde : toute la « critique » qui se leurre ainsi fait plus de mal à Tim Burton, puisqu’elle valide sa déchéance en mettant ses oeuvres de commande au même niveau que ses chefs-d’oeuvres.

      • Le cabinet des rugosités Mai 19, 2012 à 12:38 #

        J’ai quand même confiance en Argento. Mais pour Burton je n’ai plus d’espoir, il est juste devenu le Amelie Nothomb du cinéma

        • zogarok Mai 19, 2012 à 14:50 #

          Très juste, c’est exactement ça. Avec, pour le noyau dur, très certainement des publics similaires.

  3. Voracinéphile Mai 19, 2012 à 14:32 #

    Aha ! Moi qui attendais encore une chronique de blogueur pour me décider à aller le voir ou pas. Je constate en tout cas que sur les blogs, la tendance est à lui donner la moyenne, ce qui n’est pas si mal au vu de la vague de froid qu’avait jeté Alice sur les fans. Les images laissent largement poindre le kitch en tout cas. Aucun espoir à avoir sur ce film alors, on est au moins assuré que le niveau va se stabiliser.
    Sinon, rigolote comparaison entre Burton et Argento, ces deux réalisateurs ayant maintenant perdu leur aura dans les cercles de fans. Le Dracula d’Argento me laisse un peu anxieux, mais le bonhomme a eu, comme Burton un soubresaut de qualité avec l’épisode des Masters of Horror Jenifer. Tous deux pourraient encore épater, mais si Burton a encore le grand public derrière lui, Argento reste assez seul…

    • zogarok Mai 19, 2012 à 14:49 #

      Je pense que si Burton concilie humilité et minimum d’implication, le niveau se stabilisera ; si on prend le trio Noces Funèbres-Sweeney Todd-Dark Shadows (ce dernier étant tout de même un cran en-dessous), c’est ce travail d’orfèvre qu’on retrouve, avec cette propension au kitsch. A défaut de renouveau, il lui reste la virtuosité, une dose de créativité (mais avec toujours les mêmes motifs).

      Avec Argento c’est différent ; lui essaie d’imposer un nouveau style, tout en étant dans un conservatisme ambigu, tant par rapport aux normes du giallo/policier derrickien excentrique, que par rapport à ses propres normes d’antan. Je crains tout de même que DRACULA 3D ne soit « kitsch » de la même façon que MOTHER OF TEARS l’était, c’est-à-dire fauché, avec des effets ringards, mais pas mal de bonne volonté, beaucoup de style malgré tout et quelques outrances généreuses.

      JENIFER est une sorte d’accident industriel pour l’Argento dernière période – cela dit, cet épisode manque de relief sur la forme, donc n’enraye pas la chute. Pour le sujet & son traitement, là en revanche, c’est l’oeuvre d’un poète trash et c’est réjouissant.

      Bref, comme pour Battleship, on ne paie pas pour un tel film (parce que les tarifs actuels tiennent du racket), mais on tâche (si on y tient) d’en trouver un exemplaire de bonne qualité sur Internet. Avec ce genre de blockbuster hyper-envahissant, c’est assez facile, alors pourquoi se sacrifier ! En tout cas, je ne pousserais personne en salles pour celui-là.

  4. Voracinéphile Mai 19, 2012 à 17:32 #

    Oui, le nouveau style d’Argento se sentait bien dans Mother of tears. Et j’ai à l’occasion acheté un dvd de The card player (qui lui pour le coup ressemble vraiment à un épisode de derrick avec quelques moments de bravoure, mais télévisuel dans les grandes lignes). Malgré le manque évident de budget, il essayait de faire quelque chose de nouveau avec l’occulte. Dommage que le manque de moyens en ait grandement réduit la portée (un bébé tombe à l’eau = Rome est en pleine insurrection populaire ! C’est vite aller en besogne !) et que visuellement le tout soit aussi sobre…
    Sinon, intéressante description du cas Jenifer, puisqu’en effet la patte d’Argento n’apparaît pas dans ce morceau de bravoure. Pour le moment, c’est en tout cas le meilleur épisode que j’ai pu voir de la première saison (j’ai vu aussi La maison des sévices de Miike (avec une esthétique sympathique et une belle séance de torture) et Les amants d’outre tombe (une combinaison clichée mais fonctionnelle de Frankenstein en première partie et d’amour nécrophile tendance Dellamorte Dellamore pour l’ambiance).
    Je ne prévois pas d’aller voir Dark Shadows, mais je le garde quand même dans un coin de liste, pour un soir de pleine lune.

    • zogarok Mai 20, 2012 à 10:31 #

      Exact, c’est totalement démesuré, un voleur de poule dans un marché et c’est la fin du Monde anticipée par les Mayas. Sans parler des effets, surtout l’apparition de Daria Nicolodi, qui ressemble à un spectre de Casper ou Ghost Whisperer…

      Pas vu « Les amants », mais je ne suis pas globalement très enthousiaste par rapport aux Masters of Horror, mais je n’en ai pas vu beaucoup. « La Maison des Sévices » était mon premier (il manque quelque chose à cet opus, je ne sais pas ce que c’est, peut-être une demie-heure de plus), mais « Jenifer » est mon préféré. Celui d’Hooper était atrocement banal (une sorte de sous-Haunting in Connecticut -au détail près de l’époque, c’est la même chose), mais l’opus-pilote était un honnête survival, avec un bon personnage. Je n’ai pas de souvenirs des autres, j’en ai vu qui se déroulait en mer (!?) et qui m’a gonflé au bout de deux minutes.

  5. maxlamenace89 Mai 20, 2012 à 13:19 #

    Assez d’accord avec ton avis. Personnellement c’est essentiellement le scénario – d’un vide abyssal – qui m’a surtout fait tiquer. Pour le reste, dans la forme, j’ai été essentiellement séduit et divertit. Je n’ai pas ressenti ce côté kitch dont tu parles, bien que je comprenne ta définition de « film pop » – ça colle aux propos du film, c’est ce qui compte… Ça vaut bien mieux que son dernier Alice, en tout cas !

    • zogarok Mai 20, 2012 à 14:06 #

      Largement meilleur, c’est certain.
      Veux-tu dire, de façon polie, qu’il te semble que je tire des conclusions inappropriées ou excessives, en d’autres terme que je suis (légèrement -ou plus) à côté de la plaque ? Je maintiens néanmoins que Burton est un cinéaste kitsch par excellence et peut-être désormais, dans tous les sens du terme (stylistiquement et culturellement). Mais ce n’est pas tout à fait le film « pop-corn » (DS a une valeur supplémentaire + la grille Burton), et je ne faisais pas référence à ça avec « film pop ».

      • maxlamenace89 Mai 20, 2012 à 18:08 #

        Ouh la non, du tout Zogarok, à chacun son opinion et je ne me permettrais ô grand jamais de dénigrer tes propos 😉

        • zogarok Mai 20, 2012 à 18:14 #

          ^^ T’inquiètes, c’est juste pour booster le débat.

  6. Voracinéphile Mai 20, 2012 à 13:57 #

    J’ai entendu des critiques assez négatives de l’épisode de Tobe Hooper de mon côté, donc je ne suis pas surpris qu’il t’ait déçu aussi. Concernant « Les amants », si j’ai trouvé la combinaison amusante, il n’est jamais flippant et s’apparente plus à une fable fantastique gratuite (aucun message en particulier, et les acteurs sont clairement moins impliqués que dans Jenifer). Il y a deux épisodes qui me tentent encore dans les masters of horror : celui de Coscarelli (un réalisateur que j’aime bien) et celui de Stuart Gordon (que j’adore, un vrai bisseux ultra généreux et attachant). Sinon, je semble être un peu plus généreux sur l’estime globale de la première saison avec ce que j’en ai vu, mais je suis beaucoup moins enthousiaste pour la seconde (j’ai vu l’épisode « pelts » de Argento, et je me suis fait chier comme un rat mort…).

    • zogarok Mai 20, 2012 à 14:10 #

      Tu brises mes maigres espoirs pour le 2e d’Argento… Coscarelli a un ton très particulier, je ne sais pas s’il saura s’adapter pour une oeuvre de commande, ça peut donc être intéressant… J’ai du mal à me positionner sur Gordon, je ne connais pas assez sa carrière et ses films m’apparaissent inégaux, pas tellement pour eux-mêmes que par rapport aux conditions et à l’état d’esprit ou on les regarde ; mais beaucoup de ses pitschs sont fascinants, boostent l’imagination, alors la barre est haute (très envie de voir « Dagon »).

    • Le cabinet des rugosités Mai 27, 2012 à 11:43 #

      Ça fait longtemps que j’avais pas entendu le nom de Stuart Gordon ça fait plaisir. Vous parlez de quel film quand vous dites le 2éme Argento ?

      • zogarok Mai 28, 2012 à 17:01 #

        L’objet était PELTS, 2e fabrication d’Argento pour le compte des MASTERS OF HORROR.

      • Le cabinet des rugosités Mai 30, 2012 à 10:49 #

        Merci. J’ai trouvé un lien qui m’a aussi donné envie d’en savoir plus : http://www.culturopoing.com/Cinema/Dario+Argento+Pelts+-67

        • zogarok Mai 30, 2012 à 16:23 #

          Merci pour le lien, j’avais déjà vu ce site mais ne m’y suis jamais attardé.
          Il y a un dossier intéressant sur TOTAL RECALL – film prochainement sur ce Blog, d’ailleurs l’article a filtré ce matin (publications automatiques) avant que je ne le renvoie dans les prévisions. Le dossier de CULTUROPOING ne concerne pas du tout les mêmes thèmes (et est beaucoup plus pénétrant), sauf à la rigueur la partie « défigurations ».

  7. Voracinéphile Mai 20, 2012 à 17:21 #

    Clairement, ce second Argento brise les espoirs qu’on pouvait avoir. Et en regardant les résumés des épisodes, je me demande si le survival que tu as vu n’était pas l’épisode de ce réal (où un psychopathe appelé Moonface traque une victime plus coriace que prévu).
    Concernant Stuart Gordon, c’est clairement mon affection pour le personnage qui parle. La plupart de ses films ne dépassent pas le 4.5/6, et certains flirtent clairement avec le nanar de compet (Fortress avec Christophe Lambert est le meilleur exemple). Mais si il n’a pas toujours eu d’excellents acteurs pour travailler, ses travaux transpirent la générosité, ne lésinant sur le latex, les effets spéciaux fait-maison et les références à Lovecraft. From Beyond est pétri de maladresse, mais le fantastique part tellement dans tous les sens qu’on a envie de remercier même si ça devient ridicule. Et récemment, il s’est donné un nouveau visage en s’attaquant à des problèmes de société avec un franc parler qui fait plaisir. Stuck et Edmond sont d’excellentes surprises et méritent largement de créer un débat.
    Concernant Dagon, j’aime énormément, mais le film est imparfait. Certains effets spéciaux numériques sont moches, un usage trop fréquent du gros plan et un script un peu pataud (sans réelle surprise, même si l’univers possède une vraie ambiance) plombent le tout. Mais en l’état, c’est une bonne adaptation de Lovecraft (une des meilleures même) car elle arrive à synthétiser tous les éléments qui font la spécificité de son oeuvre. Après, les héros sont médiocres et ne jouent pas très bien, mais ce qui les entoure a de quoi envoûter.

    • zogarok Mai 20, 2012 à 18:19 #

      Je ne sais pas, c’était un survival en forêt, pour le reste… L’héroine est « éduquée » à la dure par son copain en début de film, pour la prévenir des agressions…

      J’avais vu RE-ANIMATOR et je n’étais pas tellement emballé, ce qui m’avait laissé perplexe car beaucoup d’ingrédients étaient réunis. Je pense que « vivre » ces films est important, peut-être aussi qu’il faut être conditionné au genre : autant j’adore le giallo nanardesque, éventuellement le survival minimaliste, autant la comédie horrifique des 80s, malgré l’hystérie, me laisse souvent circonspect (du « Retour des morts-vivants » à « Evil dead 3 » – ce dernier est une merveille en comparaison de l’infâme saga évoquée).

      Il faudra que je revienne vers ce commentaire, je compte me lancer dans des filmo de façon méthodique, maintenant que je me remet sérieusement au cinéma (Ferrara d’abord en ligne de mire).

  8. Voracinéphile Mai 20, 2012 à 20:13 #

    Oui, ça a définitivement l’air d’être le segment de Coscarelli.
    J’attedrais que tu vois plus de films de Gordon pour en reparler, mais vu qu’il tourne toujours des films plutôt sympathiques (même dans ses nanars avérés, j’arrive à m’amuser), ça ne devrait pas être trop barbant.
    Pour la saga du retour des morts vivants, c’est clairement du nanar horrorifique assumé, et après une heure de film, je m’y ennuie un peu. Mais sinon, les parodies de clichés m’ont quand même fait sourire, et les effets latex sont loin d’être ratés. Si tu n’as pas d’atomes crochus avec ce genre, ce n’est pas la peine de te lancer dans la saga, les épisodes reprennent en gros les mêmes éléments (le 3 insistant plus sur le gore que l’humour, mais foirant sa love story trash). Quant à Evil Dead, ton avis m’intéresserait (considères-tu la saga infâme ?)… Les Re-animators se rapproche un peu de l’ambiance du Retour des morts vivants, mais le film de Stuart aborde quelques dilemmes moraux intéressants (là où le Retour… était un nanar gratuit). Cependant, les suites de Yuzna sont nettement en deça, les thématiques devenant brouillonnes, le film privilégiant nettement les effets spéciaux gores.
    Pour Ferrara, j’espère que tu prendras plaisir à (re)voir ses films. J’en ai vu au moins 4 (Bad lieutenant, L’ange de la vengeance, King of New York et Body Snatchers), donc je serais ravi d’en débattre.

    • zogarok Mai 22, 2012 à 22:45 #

      J’ai malheureusement vu les deux « Le retour des morts-vivants ». Le troisième semble aller ailleurs (la romance justement & la sorcière de l’affiche), c’est pour ça que je compte tout de même le voir, sans attentes définie. Quand à Re-Animator, même si je n’avais pas adhéré autant que voulu et qu’il ne m’en reste que de très très vagues souvenirs (je ne me rappelle pas de moralité transgressée par exemple), je n’aurai pas l’impudence de le placer au niveau des deux « retour des morts-vivants », délits cinématographiques et hybrides des errances de Claude Zidi et du gore d’un Joe d’Amato en mode ivre mort.

      Je n’ai vu que deux Ferrara : THE KING OF NEW YORK et j’ai conscience de n’être jamais aussi bien « passé à côté » d’un film (je l’ai vite catégorisé et laissé tomber, je n’ai pas trouvé de points d’ancrage, je le voyais de loin en somme) & BAD LIEUTENANT qui est sur mon Panthéon, presque au niveau des PUSHER ou de HELLRAISER pour situer.

  9. Voracinéphile Mai 23, 2012 à 19:39 #

    Le retour des morts vivants 3 constitue un cru « regardable » de la filmo de Brian Yuzna, si tu veux voir des effets gores (pour le coup, il y en a des tonnes, pas toujours très bien faits, mais suffisamment pour voir que c’est généreux). Après, les acteurs sont tous assez mauvais (ça en devient presque nanar par moments), et les sentiments ont bien du mal à prendre (puisqu’en gros, la gothique de l’affiche (très aguicheuse) meurt assez rapidement, son copain la ramène dans un labo où on étudie les zombies pour la réanimer, mais si ça fonctionne, elle commence à becter les gens autour ou à se mutiler pour faire passer sa faim, ce qui vire à la romance empoisonnée à l’issue tragique…) Vraiment pas à prendre au sérieux, c’est de la tripaille généreuse comme La fiancée de Re-animator (une autre bisserie du père Yuzna faisant au fameux re-animatior, une suite moins intéressante que son prédécesseur, mais qui ne lésine pas sur le gore débridé (notre savant s’amusera notamment à faire des créatures difformes raccomodées avec des bouts de corps qui serviront surtout à faire des gags)). Si tu as le courage, essaye de revoir le travail de Gordon, son dénouement à la Simettière me semble bien approprié…
    Parfait pour Bad Lieutenant, j’ai moi aussi beaucoup aimé (je l’ai découvert en décembre dernier). Hâte de le voir sur Zogarok !

  10. arielmonroe Mai 25, 2012 à 22:54 #

    Burton, je n’y croyais plus après Planet of the Aps, comme tout un chacun. Mais Sweeney Todd m’avait bien stimulé et les Noces funèbres que tu cite étaient très folklo aussi. Ce n’est plus pour le scénario qu’on va vers Burton mais pour l’univers : je perçois bien ton appréciation du « kitsch », c’est comme ça qu’on le consomme je le pense. C’est pas glorieux mais c’est ainsi, Burton s’est banalisé et il déclenche des phénomènes de masse au lieu de rester un artiste honnête.

    • zogarok Mai 26, 2012 à 10:33 #

      On est d’accord, mais « kitsch » n’est pas forcément un aspect négatif, même chez Burton. Si c’est les deux-là de l’ère post-Planète des Singes que tu as aimé, je pense que tu appréciera DARK SHADOWS, mais attention, c’est beaucoup moins « racé » malgré tout ; il y a une grosse part de l’univers Burtonien, avec des gros traits, et un « kitsch » qui amène des tentatrices vénéneuses à défiler sur du Barry White, ou Helena Bonham Carter à flirter avec le orange fluo.

  11. 2flicsamiami Mai 30, 2012 à 11:33 #

    Je suis d’accord sur toute la ligne : Tim Burton est dans un entre-deux, livrant une œuvre personnelle commerciale. C’est, un peu comme tu le souligne, du pop art à la Wharol. Du coup, c’est moins artificiel qu’Alice, tant sur le plan technique que narratif. Après, le scénario évite malheureusement de s’encombrer des ego des personnages secondaires pourtant fort intéressant, au profit de Johnny Depp.

    • zogarok Mai 30, 2012 à 16:28 #

      Absolument, personnages secondaires invisibles – et Bonham Carter très nulle, pas aidée de surcroît. Mais Johnny Depp, moins basiquement « excentrique de service » que précédemment, partage le haut de l’affiche : la sorcière blonde a un certain charisme et elle aussi est mise en avant.
      Il y a un peu de l’ivresse créatrice, mais un peu seulement, parce que le cahier des charges est strict et l’univers cloisonné. Burton s’investi un minimum, il n’est plus un superviseur lointain mais un consultant génial, qui vient animer le chantier et le décore à merveille. Sur le fond, il est absent, il a tout délégué et personne n’a récupéré, mais au moins, en s’assumant en artiste commercial au lieu de jouer les démarcheurs frappé par la folie, il peut devenir un cinéaste hollywoodien décent : conformiste et limité, mais coloré et amusant.

  12. adele Mai 31, 2012 à 15:48 #

    J’ai adoré même si ce n’est pas son meilleur. Depp et Burton font du bon travail et il n’y a pas de raison que leur aventure s’arrête en si bon chemin. Burton a retrouvé ses thèmes de prédilection et sa façon de raconter est moins originale, mais au moins il a assimilé ses défauts et ses échecs, parce que la planète des singes ou alice, c’était quand même bien chiant.

    • zogarok juin 1, 2012 à 00:03 #

      Assez d’accord avec ce que tu dit ; on peut penser que Burton a tenté de s’ouvrir, même si la situation est paradoxale, puisque c’est justement dans ces moments ou il a tenté de s’émanciper de son propre univers, lâcher un peu ses tics ou les déplacer ailleurs, qu’il n’a pas réussi à transformer l’essai. Il bascule dès lors dans le cinéma mainstream, parfois de façon grossière et transparente. Aujourd’hui, il semble effectivement l’assimiler et l’assumer : d’ou la qualification & la définition de « film pop », approuvée ou réfutée un peu plus haut, à mon plus grand plaisir.

  13. tex fly Mai 31, 2012 à 16:34 #

    Réel moment d’évasion, avec un humour lugubre et des décors soignés. Un excellent cru.

    • zogarok juin 1, 2012 à 00:03 #

      Lugubre mais innocent – quoique le vampire Depp soit assez politiquement incorrect.

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