CROWS ZERO *

23 Oct

crows zero

1sur5  Crows Zero a été un nouveau gros coup pour Miike en 2007 et il en réalisera même la première suite. Adaptation des mangas Crow et Worst d’Hiroshi Takahashi, le film pourrait tout aussi bien n’avoir aucun modèle précis tant il ne vit que par les clichés les plus ridicules et exacerbés de l’anime japonais pour jeunes ados hystériques. Le film oppose des groupes de jeunes cherchant à prendre le contrôle du lycée de Suzuran à Tokyo ; le résultat patauge entre l’Infernal affairs des (beaux) quartiers boutonneux et attaque de BB Brunes nippons en mode darky trashouille. Musiques de groupes (pop-)rock pour jeunes rebelles à faire passer Coldplay pour un visionnaire assorti.

Miike est très volontariste, gonfle les poses, aligne des interactions foutraques, des petites soirées, les activités extrascolaires badass voir d’apprentis-mafieux, des petites échanges de groupes, les scènes de concerts pour jeunes ploucs argentés, les projections de X expliquant à V ce qu’il songe pour son avenir ou contre ses adversaires. Les quelques combats sont minables, la violence est puérile ; et surtout que de détails, de personnages avec leurs petites missions et caractéristiques, de bavardages et d’absence de colonne vertébrale, au profit d’un cumul d’anecdotes indifférenciées et de faux clips rabougris. On est dans Pokémon by Kassovitz (La Haine) et manifestement bon nombre d’ados sont enchantés.

Ce spectacle d’une totale inanité, d’un niveau sans doute fréquent dans le Z pour ados, reste déconcertant de la part d’un auteur aussi avancé que Miike. Enchaîner les films, avec parfois quatre ou cinq par an, ça a aussi ce genre de contre-coups. Il n’y a aucune discipline dans Crows Zero, pas plus d’inspiration (même narquoise), une mise en scène sans direction, une propension à la pose – bâclée, sans goût et même très laide, mais conforme à l’esthétique de roman-photos pour puceaux revendicatifs se rêvant yakuzas. Le budget se ressent, notamment avec le travail sur la photo, mais son rendu glauque ne correspond pas du tout au déroulé des événements et il n’y a moins de travail sur l’atmosphère et de puissance dans l’écriture que dans Arthur et Maltazard.

Au programme, beaucoup d’intrigues et sous-intrigues de clan, un peu de filiation, de relations à papa ou de pression à devenir un homme, qu’on se met ou que l’environnement nous met, oui mais c’est pas si facile ! C’est proche du nul, plus embarrassant que les beauferies de Taxi & co car eux évitent de s’arroger ce lyrisme en carton. Pire, Crows Zero croule sous la psychanalyse de trisomique boiteux ; Miike n’a jamais été spécialement brillant pour la psychologie, raison de plus pour ne pas essayer. Il peut faire un Taxi 5 ou s’illustrer par de nouvelles histoires torturées ou des outrances visuelles, mais il y a des terrains qu’il faut savoir s’interdire ; si Visitor Q était un naufrage redoutable c’était en partie pour ça.

Peu importe cependant pour Takashi Miike, il est capable d’envoyer des films percutants mais n’a pas vocation à travailler pour l’amour de l’art. Il tourne pour tourner, donc si lui vient le courage et l’énergie de façonner des films bien troussés, tant mieux, sinon, une série B genrée, peu importe sa qualité à la sortie, ça ne mange pas de pain. Avec Crow Zero, Miike se fout de la gueule du monde et capitalise sur une niche ? Ok, soit. Qu’il fasse sa merde, qu’elle soit adulée par les habitants de cette niche et qu’il aille se faire foutre avec ses films pour bikers débutants. S’il est rendu à ce degré de cynisme, il y a la possibilité de prendre un pseudonyme sous lequel il exécuterait les basses besognes.

Note globale 28

Page Allocine & IMDB    + Zoga sur SC

Suggestions… The Raid 2 + Machine Girl 

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