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TO THE BONE =-

24 Juil

Issu de la collection Netflix, To the Bone suit Ellen lors de son insertion dans un centre pour jeunes adultes souffrant de problèmes alimentaires. La réalisatrice (Marti Nixon) s’est inspirée de son propre rapport à l’anorexie pour ce premier film. Il s’en dégage un amalgame harmonieux de conventions, de subjectivité douce, de sensibilité et de léthargie ; également de crises de nerfs et d’ego plus ou moins masquées, auxquelles des astuces de bien-être viendront répondre. Le ton se fait un peu mielleux, le souci de la rencontre et le bonheur d’être ensemble s’installent lentement, la résilience se profile.

Il y a l’idée de se refaire et presque de quoi en tirer un concept : ‘nouveau gabarit pour une nouvelle vie’ avec coaching subtil et réformes à doses homéopathiques, jusqu’au déclic qui doit être violent et venir du sujet acculé ou simplement entièrement usé et ennuyé de l’état où il (s’)est enfermé. L’essentiel consiste à aller en douceur vers des sauts décisifs. Il faut donc éviter de se perdre dans les méandres de l’introspection, la comptabilité du passé ou celles des désirs fantaisistes, lointains. Le film est raccord avec tout ce qu’il présente, d’où son efficacité mais aussi ses limites considérables, son regard un peu pauvre – sur des informations claires, parfois précises, sans génie ou originalité.

Le nouveau nom pour Ellen est une absurdité, or ce changement semble aller de soi et la jeune femme l’accepte naturellement (malgré son tempérament réticent voir défiant, du moins tel qu’il s’exprime au départ). To the Bone est sans jugement, ni distance ou critique sur ce qu’il encadre. C’est sans enthousiasme dévorant non plus qu’il aligne les petits moments d’empathie catégorique et les passages musicaux. La tendance à se laisser porter par les ‘clichés’, succomber aux passages et sérénades obligés, s’affirme vers les deux tiers, après la demi-conclusion de la relation entre Luc et Ellen. Une telle séance peut plaire à certain-e-s et couler sur un maximum de monde : la protagoniste est charmante, sa famille assez drôle, la galerie légèrement pittoresque en partant de folklores et d’archétypes 100% assimilés.

Ça ressemble à du cinéma Madmoizelle en phase de détente. La thérapie implique une méthode non-conventionnelle, mais en même temps vers des catégories et des rôles conformistes ou primitifs. Le passage du biberon accouche d’une sorte de ‘reborn’ après lequel surgit une fin heureuse et optimiste : la fille s’aligne totalement, va travailler dans et avec le système mis en place. Elle a chassé ses doutes et ses peurs. Le traitement de la maladie, l’état d’anorexique, reste le plus intéressant et ce qui fait accrocher pendant très longtemps. Le film souligne le retrait de ces personnages, souvent indirectement choisi et chéri, ainsi que certains blocages et leur négativisme (structuré mais vite débordé). Les électrochocs, vérités, faits et opportunités passent dessus, mais cet état lui-même semble près de se briser, laissant démunie et ravagée sa prisonnière si jamais elle laissait aller et oubliait ces couches protectrices imaginaires.

Note globale 54

Page IMDB  + Zogarok sur Sens Critique

Suggestions…

Scénario/Écriture (3), Casting/Personnages (3), Dialogues (3), Son/Musique-BO (2), Esthétique/Mise en scène (2), Visuel/Photo-technique (3), Originalité (2), Ambition (3), Audace (2), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (3), Pertinence/Cohérence (3)

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