PRIMER =-

10 Mar

Voilà un cas d’essai au cinéma – et non d’essai cinématographique. Les deux protagonistes sont passionnés dès le départ, ne se soucient pas de nous embarquer, de nous tendre ou nous présenter quoique ce soit d’un peu distinct de leur bouillabaisse scientiste et philosophique mâchée par eux, avalée et digérée dans le secret. Les voyages temporels sont comme le reste : indifférents, noyés dans les émules verbales, allées-et-venues ou savants bidouillages. L’intégralité de cette courte séance se passe à suivre les ingénieurs sur leur projet, entre leurs garages, lieux d’exercice professionnel, discussions plus relâchées sous le soleil – mais cela en doublons voire plus si nécessité.

La photo est saturée, presque poisseuse, les moyens et tics documentaires, pour une fiction continue mais morcelée – cette continuité c’est justement ce qu’elle remet en question, allant vers la destruction de celle que le commun des mortels croit comprendre. Ironiquement, le seul point où ce film sur-explicatif est encore pédagogique à bon escient, c’est dans son déroulement, où il conserve une logique ‘évidente’ – autour d’un fil de calculs, d’applications, préparations, actions/comptes-rendus, souvent torpillés ou zappés, imitant ainsi la recherche de dénouements intellectuels des deux ingénieurs. Cette cohérence ne suffit pas à rendre la séance limpide, à cause du jeu malin des monteur et scénariste, qui s’amusent à effacer des lignes promptes à rapprocher Primer d’un banal Timecrimes ou Inception, c’est-à-dire un film à concept immédiatement compréhensible.

À terme Primer flirte avec le complot et les mystères, tourne au thriller avec bases SF bien fournies. Il ne se fondera pas dans la masse, ne s’abandonnera pas aux facilités et au sensationnalisme, mais semble s’obliger à recomposer avec des sentiers vulgaires – histoire d’apaiser les enthousiastes honteux de leur étroitesse d’esprit, peut-être. C’est à tel point qu’à un moment, ces paris avec le temps détourné ne semblent soudain servir, en gros, qu’une victoire au Loto ; bien sûr ces onces d’humilité et ce banalité sont des masques. Malheureusement ni les moyens ni l’énergie pour engendrer un Premier contact ne sont au rendez-vous, tandis que l’émotion et les trivialités d’un K-Pax ou d’un Man from Earth appartiennent à une galaxie cousine (tant mieux pour les post-ados) ; le seul objectif semble de jouer avec les méninges et l’ouverture du spectateur, sans se fixer de destination, le mindfuck de haut niveau étant fin en soi.

Note globale 42

Page IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… Into Eternity  

Scénario/Écriture (3), Casting/Personnages (1), Dialogues (2), Son/Musique-BO (1), Esthétique/Mise en scène (2), Visuel/Photo-technique (2), Originalité (3), Ambition (4), Audace (4), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (1), Pertinence/Cohérence (3)

Note arrondie de 41 à 40 suite à la mise à jour générale des notes. Ramené à 42 suite à la suppression des dizaines;

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