TRIPLE 9 =+

4 Juin

Pour son premier film américain se déroulant dans les temps qui courent, John Hillcoat (australien auteur de Ghosts of the Civil Dead, La Route) innove à la marge : exit les variétés latines, aujourd’hui la mafia est russo-israélienne. Pour le reste cet héritier déclaré de Heat est totalement aligné sur les canons du genre, rebattu avec génie, goût et une froide énergie. La vaste galerie des ‘ghettos’ et des malfrats est convoquée, les émotions sont omniprésentes mais tiennent de la pétition de principe et de la courbette conventionnelle (bien plus que dans Des hommes sans loi, le western classiciste situé pendant la Prohibition).

La réalisation est splendide, les talents réunis (comme ceux de Bobby Krlic et Atticus Ross pour la BO) cautionnent un travail de pure surface. Triple 9 (code d’alerte pour la mobilisation des policiers du secteur en cas de difficultés extrêmes pour des collègues) coule avec panache et élégance, pendant que l’éclat du casting permet de combler les manques souterrains. Il n’y a quasiment que des visages connus, surtout pour les habitués des séries ou films d’action, certains parfois dans des costumes en écho à des rôles fétiches, notamment Aaron Paul le Pinkman de Breaking Bad. La plupart sont en adéquation totale et servent ce sentiment de fluidité parfaite qui irrigue le film et compense ses béances abyssales.

L’exception c’est Woody Harrelson, dont la dissonance désirée dans une certaine mesure pousse au sur-jeu décalé, autrement dit au numéro forcé et boiteux. Le costume est trop badass pour ce qu’il donne, il n’en accapare que le côté m’as-tu-vu en l’enrobant d’une affection feinte soit hors-sujet, soit médiocrement envoyée. Ce mix de Bronson intégré, Bean responsable et d’un super-inspecteur débarqué de Miami donne une impression de fausse complexité justifiée in fine (rejouant un peu le coup de Usual Suspects) mais banalisant l’orchestre dans tous les cas. Le cas de Kate Winslet est très différent, son interprétation de dame patronnesse du crime recyclant les stéréotypes avec franchise et efficacité. Irene est primaire et accomplie, sereine et fracassante, haineuse mais dans le self-control : une méchante triviale et remarquable, insérable dans l’air du temps.

Note globale 61

Page IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… The Proposition + Piège de cristal

Scénario & Écriture (3), Casting/Personnages (2), Dialogues (2), Son/Musique-BO (3), Esthétique/Mise en scène (3), Visuel/Photo-technique (4), Originalité (2), Ambition (4), Audace (2), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (3), Pertinence/Cohérence (2)

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