THE TRIP =+

21 Août

the trip

1967, Roger Corman a fini depuis peu le plein cycle Poe (composé de films d’épouvante comme L’empire de la terreur, La chambre des tortures) avec La tombe de Ligeia (1965). Il décrochera bientôt et The Trip est donc l’un de ses derniers films. Retraçant la succession de trips d’un homme s’essayant au LSD, ce programme très concis (85min) témoigne de quelques enthousiasmes de son époque, sans grand recul. La mise en scène est au diapason, alignant des techniques et méthodes diverses et relativement nouvelles (dont les flash subliminaux, effets kaléidoscopiques, quelques panoramiques licencieux), même si la conduite générale manque de vision.

Cette publicité pour la drogue est loin d’atteindre la furie d’Altered States de Ken Russell et plus encore de s’accomplir en catalogue des possibilités façon Natural Born Killers. The Trip est d’ailleurs jaugé avec circonspection par les spectateurs d’aujourd’hui, certaines de ses manières étant largement tombées en désuétude. Le contexte des sixties et surtout le budget très bis incitent cependant à assouplir le jugement. Par ailleurs l’excentricité de ce Trip est indéniable, de même que le caractère aventureux de la mise en scène, très sensorielle, bouillonnante malgré le peu de liant, brassant des gimmicks de son temps, des fantaisies propres et des contraires issus des travaux antérieurs de Corman.

Le gothique macabre, la culture hippie et les échappées introspectives partagent la scène. La dynamique est assez fragile, le discours simpliste, beaucoup d’essais manquent d’assurance. La mise en place (d’une douzaine de minutes) est insipide et la trame restera minimaliste, étant un pur prétexte aux expérimentations (d’ailleurs l’encadrement de Paul est mollement justifié et apporte peu). Le procès des « valeurs bourgeoises » s’en tient surtout aux déclamations, le récit de ses sensations improbables par Paul est peu convaincant ; le trip regorge d’idées mais manque souvent de relief, comme avec ce manège improvisé en tribunal. Le casting réunit des comédiens fameux mais plutôt médiocres dans leur fonction ; les acteurs ont donc autant de mal que les autres à s’approprier ce projet.

En effet, The Trip se laisse difficilement capturer, alors qu’il manque de direction voir de définition. Il est assurément libertaire par ses élans mais aussi sacrément névrosé sur ce terrain ; Paul est totalement perdu et ses relations au sexe opposé prennent des atours pathétiques, sa rencontre avec la très fraîche Alexandra est bien étrange. La libération des corps, des esprits et des mœurs apparaît surtout théorique, voir très lointaine et anxiogène ; le franchouillard Pacha dévoilera l’année suivante bien plus qu’une paire de seins peinturlurés, sans qu’il y ait de gêne au rendez-vous (la mélancolie balaie l’angoisse). L’année suivante, le trio Nicholson (rédacteur de ce Trip) – Fonda – Hopper (futur monstre de Blue Velvet) se retrouvera pour fabriquer Easy Rider, autre produit ‘culte’, plus déterminant puisqu’il est considéré comme l’avènement du Nouvel Hollywood.

Note globale 56

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… The Oregonian + Wolf + Twin Peaks: Fire Walk With Me

Scénario & Ecriture (2), Casting/Personnages (2), Dialogues (2), Son/Musique-BO (3), Esthétique/Mise en scène (2), Visuel/Photo-technique (3), Originalité (4), Ambition (3), Audace (4), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (2), Pertinence/Cohérence (2)

Note ajustée de 57 à 56 suite à la modification générale des notes.

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