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LUCY **

26 Déc

Lucy 2014

2sur5  L‘idée que l’individu normal n’exploite que 10% de ses capacités cérébrales serait un mythe infondé. À partir de là, Besson n’a pas vraiment à respecter de quelconques vérités scientifiques et peut dérouler son délire. Lucy est un produit Besson habituel dans ses ingrédients, avec une héroïne sexy et vulgaire, des chinois à ses trousses, beaucoup d’explosions, du badass de grande surface et une photographie pimpante d’une laideur assez frontale.

À ce lourd menu s’ajoute une haute aspiration pour l’occasion : dans Lucy, Besson cherche à accéder à l’universel. Scarlett Johansson, misérable junkie au début du film, voit l’usage de ses capacités cérébrales décupler à chaque minute suite à l’ingestion forcée d’une drogue, le CPH4. Elle atteint un état de toute-puissance et développe des aptitudes surnaturelles, permettant à Besson de décupler des effets hystériques que seule la SF peut justifier.

Elle sait qu’elle mourra bientôt à cause de ces pouvoirs et se tourne vers le professeur Norman pour la conseiller – bien qu’il reste un débile sur le fond (12, 13%?), en dépit de sa thèse sur l’optimisation des capacités cérébrales de l’Homme. Des capacités allant bien au-delà du simple intellect puisque Lucy ne se contente pas de savoir lire 700 pages en un éclair, elle se distingue également par sa faculté à scanner toutes les données même intangibles d’un environnement et en livrer le compte-rendu avant même d’avoir à réfléchir. Elle est en mesure de voir plus que Dieu et plus que le réalisateur lui-même.

Si nanar soit-il dans l’esprit, ce film est emprunt d’un grand sérieux et d’une haute ambition théorique. Luc Besson s’emporte dans un trip visionnaire totalement incertain voir intensément absurde, tout en essayant de se comporter en vulgarisateur. Le show est court et ultra-démonstratif, Besson ne cherche pas l’expertise ni la précision, il s’emballe sur un sujet donné et se prend à rêver sur son hypothèse.

Chez lui les chimères commencent et finissent en effets spéciaux, mais il y a bien ce flou métaphysique, cette intention de faire un film intrinsèquement révolutionnaire et complexe tout en étant parfaitement divertissant. Il introduit des défilés d’images de l’Histoire de la Terre et de l’Humanité (les instants Koyaanisqatsi/Samsara) pour montrer à quel point l’enjeu est énorme. La bullshit a le mérite de doper la vulgaire réalité et le vulgaire programme d’action. Il y aura quelques sentences pour laisser songeur et un océan de niaiseries, d’inconsistances et d’aberrations.

La petite phrase finale est d’une connerie pharaonique mais reflète à merveille cette volonté de mimer le génie intuitif. Lucy n’est évidemment pas une prophétie s’abaissant au niveau de l’homme ordinaire, tout au plus une Armée des douze singes façon beauf illuminé. C’est un film bourrin et sympathique, où Besson joue sur un fantasme géant avec ses armes puériles. C’est du temps perdu mais on ne s’ennuie pas. C’est aussi le plus gros succès français à l’étranger, détrônant Taken 2.

Note globale 47

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

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