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RAFALE DE COURTS-MÉTRAGES n°9

22 Déc

monster kent

MONSTER ***

4sur5 En 2014, Jennifer Kent présente son premier long-métrage, Mister Babadook, succès dans les festivals et acclamé par les critiques professionnelles, surtout aux Etats-Unis. Ce film apporte une certaine fraîcheur au cinéma horrifique du moment, même s’il est loin de le réformer et s’inscrit dans la lignée des autres histoires de maison hantée du début des années 2010 (Mama, Sinister, etc). Il introduit un personnage inquiétant, le Babadook, que la cinéaste compte développer par la suite en livre.

Babadook est un monstre aux racines déjà anciennes. Neuf ans plus tôt, Jennifer Kent réalisait son seul autre film à ce jour : Monster, un court-métrage de 10 minutes. Susan Piror y incarne une mère vivant seule avec son fils. Une étrange créature rôde dans la maison et inflige une pression de plus en plus forte. La mère comme le fils sont ambivalents à son égard, se sentant menacés tout en étant tentés d’approcher la bête, désireux d’en découdre avec ce demi-mystère.

Après ce court présenté en juin 2005, Jennifer Kent a mis en chantier le scénario de plusieurs films d’horreur. Elle n’a jamais abouti car s’empêtrait dans des projets « trop ambitieux ». Elle est alors revenue à cet univers manifestement crucial pour elle et l’a extrapolé sur une heure et demie. Les deux films sont des réussites, visuellement nerveux et profitant d’une mise en scène très réfléchie. Déjà dans Monster des effets courants dans l’horreur mainstream viennent ponctuer un récit sans aspérités.

Monster se raccorde à un certain classicisme d’autrefois, prennant des airs de Maison du diable en plus crispé, voir de Eraserhead turbulent. Le huis-clos permet de faire jaillir les tourments d’une femme otage d’un monstre qu’elle semble bien connaître. Il n’y aurait pas tant d’horreur si elle renonçait à cette envie de l’apprivoiser. Le fantôme perçu comme agressif n’aurait plus de raison d’être autre chose qu’un bibelot docile ou un souvenir figé. C’est un premier succès pour Jennifer Kent dans sa vocation manifeste, l’horreur psychologique, domaine où elle pourrait facilement atteindre un niveau jalousé.

Note globale 72

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LES JEUNES FILLES ET LES NUAGES ***

3sur5  Dans ce court de 2001, Schwizgebel propose sa version de Cendrillon, dans son registre habituel : allégorique, pétillant et sec à la fois, avec un montage reposant sur des fondus suprenants. Une certaine gratuité caractérise ces Jeunes filles et les nuages, l’auteur semble dresser un patchwork de son œuvre comme s’il devait présenter un best-of.

En un sens, c’est un peu comme Lost Highway pour Lynch ; c’est le Schwizgebel synthétique, avec l’essentiel de ses tics, de ses gimmicks et de son approche. Le prix de cette synthèse est une certaine inanité. La démonstration prend le pas sur le sujet, sans l’oublier, mais le supplante dans un croisement. Ce n’est pas très agréable, d’autant que les dessins sont trop gras.

Note globale 59

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REBEL **

2sur5 Harmony Korine (Gummo, Trash Humpers) rencontre James Franco dans ce court-métrage d’à peine soixante secondes, dont la bande-son est un extrait de Psychos de 2Pac & Biggie. Parfait petit gris-gris pour snobs sans inspiration, Rebel nous présente des gens en BMX sur un parking, parmi lesquels le célèbre acteur, héros de 127 heures notamment.

C’aurait pu être un film publicitaire, c’est d’ailleurs beaucoup plus recevable en ce sens que les productions de Korine pour la marque Proenza Schouler (Act da Fool et Snowballs). Korine fait du bon travail amateur mais on sait qu’il est punk virtuose : cet objet tourné avec un simple portable ne relève-t-il pas du pur cynisme ? Deux ans plus tard il sortait Spring Breakers.

Note globale 48

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