UNDER THE SKIN =+

1 Juil

Dix ans après Birth, l’auteur britannique Jonathan Glazer, issu du monde de la publicité, revient avec Under the Skin, produit d’une grande beauté plastique. Comme dans un Starman à l’envers, une extraterrestre arrive sur Terre pour absorber les hommes, qu’elle ne comprend pas. Elle prend la forme de Scarlett Johansson, succube glaciale au charme superficiel.

 

Le degré d’adhésion à la SF contemplative va jouer, un autre aspect également : l’ampleur de la culture cinéma. Face à Under the Skin, les cinéphiles auront facilement l’impression que Jonathan Glazer convoque une foule de références (L’Homme qui venait d’ailleurs avec Bowie, La Mutante, 2001 mais aussi Maniac et La Vie Nouvelle) et de totems du genre, au point que le film, si impeccable et audacieux soit-il, n’apporte à peu près rien. Il est de toutes manières assez limité, puisqu’on ne connaîtra pas les motivations de sa protagoniste principale et déviera peu de sa mission : attirer des hommes jeunes et seuls pour les sacrifier au terme d’une cérémonie.

 

Les interprétations seront légions, pourtant Under the Skin dit peu de choses et ce qu’il laisse entendre est pour le moins compassé. Le regard vide sur l’Humanité, sur l’homme atteint de la pathologie d’Elephant Man ; toute cette petite symbolique est bien pompeuse. La vraie richesse d’Under the Skin, c’est sa représentation de la solitude même pas métaphorique, à hauteur des instincts dépouillés, un peu comme dans Only God Forgives. Le défi d’être humain pour des passagers détachés, celui aussi d’occuper un corps dissocié du sien, comme lorsqu’on doit se rappeler qu’on habite cette peau-là.

Note globale 67

 

Page Allocine & IMDB + Zoga sur SC

Suggestions… Sunshine + Dans ma peau + Beyond the Black Rainbow + Au-delà du réel + Gravity + Her + Moon + Dredd + Le Congrès + Cloud Atlas

 

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6 Réponses to “UNDER THE SKIN =+”

  1. Moonrise juillet 1, 2014 à 00:54 #

    Je n’ai pas autant de références, alors sur ce point je ne peux pas juger. J’ai simplement repéré celle à 2001 au début, puis celle à Lynch. J’ai trouvé qu’elles se justifiaient, mais c’est vrai que le côté scolaire ressortait beaucoup aussi.

    Pour le film, je l’ai apprécié aussi, malgré de grosses longueurs, surtout sur la deuxième partie. J’y ai finalement trouvé du sens : au départ, la héroïne travaille à nourrir son corps (ou à en créer d’autres pour d’autres aliens ?), en faisant des sacrifices. Puis elle est touchée par l’Elephant Man (qu’elle ne parvient pas à tuer), puis elle tente elle-même de devenir humaine, ce en quoi elle échoue en tous points (elle n’arrive pas à manger, elle est frigide, faible sur le plan physique). J’ai trouvé la structure assez intéressante : on a un véritable retournement entre le début où elle est surpuissante en tant qu’alien assumée et la suite où elle se cherche une humanité, ce qui l’affaiblit.

    A certains moments, ce film m’a vraiment fait peur, aussi. Ça devient rare. (le dernier film qui m’a fait peur était Martyrs !)

    • zogarok juillet 4, 2014 à 15:23 #

      Je l’ai vu comme toi, même chose pour la seconde partie que je préfère également – surtout la fin, qu’on dit trop lente et confuse. On dit aussi que le film est opaque, je le trouve exagérément simple : peut-être avons-nous du mal à accepter que toute cette démonstration n’ait qu’un sens si limpide. Je comprendrais que certains s’en agacent encore plus.
      Peur pourquoi et pour qui ? Pour l’extraterrestre ? Je suis resté à contempler la surface, avec quelques phases d’impatience.

      • Moonrise juillet 4, 2014 à 20:56 #

        Non, pour les victimes, davantage ! Ça m’a rappelé des cauchemars que j’avais, plus jeune, au sujet d’aliens kidnappeurs. La scène où on voit ce qu’il se passe une fois qu’ils ont coulé (l’éclatement surtout) a instigué un véritable malaise en moi.
        A la fin, un peu de stress pour elle aussi, mais pas de malaise pour autant.

        • zogarok juillet 7, 2014 à 12:03 #

          Je n’ai même pas pensé aux victimes, je ne voyais les choses que dans l’optique de l’extraterrestre ; et eux, des outils (sans cynisme particulier), avec leur réalité, mais toujours secondaires. Je ne sais pas s’ils sont tout à fait « morts » une fois disparus.

  2. Van juillet 1, 2014 à 17:31 #

    Joli et bien intentionné et puis on réalise que tout ça ne sert à rien. 2 sur 5.

    • zogarok juillet 4, 2014 à 15:20 #

      J’étais très critique pendant la séance, mais il me semblait injuste de descendre le curseur. UTS aurait peut-être dû être plus concis, mais il faut prendre les films pour ce qu’ils sont – et les rejeter éventuellement. Je n’ai pas partagée la transe, j’ai eu l’impression que c’était bien joué mais déjà vu. Impeccable, somme toute, mais pour un apport quasi nul à son sujet (la solitude, etc).

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