→ Her*** (76) drame/romance USA
→ Ida*** (66) drame Polonais
→ The Baby* (38) fantastique/horreur
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HER ***
4sur5 Dans un futur proche, où Internet est consultable directement par la pensée, où l’interaction par mails ou sur chat s’opère dans l’immédiat avec la validation vocale pour seul filtre, sans la moindre action manuelle : un homme installe son nouveau système d’exploitation. Il lui choisit une voix, guidé par le souvenir de sa quasi ex-femme (les papiers du divorce traînent, des deux côtés) et découvre une personne à part. Tout en restant aux ordres, la voix affirme et développe sans cesse son individualité, avec ses propres préoccupations, ses sentiments également. Une histoire d’amour naît.
Spike Jonze est un cinéaste à idées, il l’a déjà démontré avec le génial Dans la peau de John Malkovich. Du haut des gratte-ciels, des lumières naturelles : et la Nature justement, partout, fait irruption dans une mégalopole trop pleine, trop construite, saturée. Malgré son appartenance à la SF, Her utilise très peu d’effets spéciaux et nous présente un monde de demain dans la continuité de ce que nous connaissons, avec quelques originalités de forme. Le génie de Spike Jonze est de nous immiscer dans une certaine banalité. Nous sommes avec l’homme du quotidien, dans une ou deux décennies devant nous.
Her se partage entre enthousiasme et dépression devant ce nouvel équilibre, où l’Humanité s’étend en même temps qu’un sentiment de vide infini. Cette romance audacieuse signe l’éternel retour de la difficulté à sortir de soi. L’époque, le contexte, la technologie, modifient la surface et la pratique, mais les mêmes désirs et malaises s’étendent. C’est une nouvelle variante de l’amour, la révolution se trouve dans son expression, celle-ci a liquidé la sensualité.
Humble et visionnaire, Her regarde notre avenir sans prophéties de malheur, en anticipant un espace-monde consumériste, douillet, limpide. Un espace pacifié où les frustrations se taisent et peuvent se régler rationnellement. Dans la mesure des effets de l’abondant catalogue de corrections superficielles à disposition.
Note globale 76
Page Allocine & IMDB + Zoga sur SC
Suggestions… Don Jon + Adaptation + La Belle et l’Ordinateur + eXistenZ
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IDA ***
3sur5 La principale qualité de Ida est sa plastique remarquable, sa photographie en nuances de gris, noir et blanc, ses portraits. Ensuite sa narration, de type bressonnien. On pense également à Ozu. Dans la Pologne des 60s, une jeune religieuse part à la recontre de sa tante avant de prononcer ses vœux. Wanda, procureure, anciennement stalinienne, dernier membre de sa famille, lui apprend qu’elle est juive. Les deux femmes se lancent dans une (en)quête sur les traces des parents de Ia future sœur Anna.
Ida est le fantôme de ce film, toujours engloutie, dans l’ombre ou dans les pas de quelqu’un ou quelque chose. C’est un petit personnage cherchant à élucider son identité, tout en s’appliquant à rester impassible, quitte à l’inertie mortifère. Une passagère passive de l’existence, qui refuse la douleur ; et toute stimulation, ce qui bien sûr va évoluer au fil de son périple.
Pawel Pawlikowski avance des idées généralement courtes, mais traduites dans un bel écrin, avec efficacité et précision. Au risque de sonner creux parfois. Pour certains ce serait l’âme du peuple polonais transfigurée ; aux concernés de confirmer ou pas. Néanmoins a priori ce n’est pas un Mariage de Maria Braun polonais. On dirait plutôt un poème, surtout visuel, sur une jeune fille schizoide cherchant des points d’ancrages dans une réalité qui la méprise.
Note globale 66
Page Allocine & IMDB + Zoga sur SC
Suggestions…
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THE BABY *
2sur5 Sorti le 17 janvier aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et à Singapour, Devil’s Due arrivera le 7 mai dans nos salles. Il a du mal à faire parler de lui. Ses deux réalisateurs, Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, ont déjà collaborés pour l’anthologie V/H/S, qui a crée le buzz avant que sa suite n’y ajoute le succès d’estime. Mais The Baby n’est encore qu’un found footage avec cas de possession maléfique, un maillon quelconque dans cette série sans fin.
Comme d’habitude, donc, les petits moments du quotidien, ici d’un couple (c’est surtout monsieur qui adore se confier à la caméra et capturer chaque instant) et les plus grands événements. Le mariage donc, puis le voyage de la lune de miel, où commence la rafale de bizarreries, tandis que madame tombe enceinte.
Routinier donc, avec ses petites spécificités , sa noirceur plus radicale que la moyenne dans ce piteux genre consacré par Blair Witch puis ramené sur le devant de la scène par l’infamant Paranormal Activity. L’ensemble des personnages est bien installé et plutôt sympathique, ce qui n’est pas si fréquent ; et les conditions de départ de Samantha nourrissent une certaine curiosité.
Note globale 38
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Suggestions… Mama + Cloverfield + Evil Dead/2013
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Cinéma en 2014 : 12 Years a Slave + American Bluff + Dans l’Ombre de Mary/La Promesse de Walt Disney + Dallas Buyers Club + Homefront + La Vie Rêvée de Walter Mitty + La Voleuse de Livre + Le Loup de Wall Street + Les Brasiers de la Colère + Pompei + Robocop + The Canyons
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Belle brochette de films sur laquelle je n’ai réussi à attraper que l’histoire de l’homme à l’ordinateur. Beau sujet en effet, et magnifiquement traité. J’ai ressenti ce même sentiment de « vide infini » que tu évoques. J’aurais sans doute adoré « Ida », hélas passé trop vite sous mon nez. Quant à ce « Baby », je ne l’avais même pas vu annoncé.
The Baby est dispensable de toutes façons. D’une certaine façon, on l’a déjà vu. Il sort ce mercredi, on verra s’il arrive à s’imposer un peu. Pour Ida je ne sais pas vraiment ce que tu en penserais.
Her est mon n°2 pour cette année (j’inclus Le Loup de Wall Street) !
http://www.senscritique.com/top/Top_Films_2014/391821
Bonsoir Zogarock, pour Her, le sujet n’a m’a pas attiré: j’ai passé sans regret. The Baby, je n’ai pas vu du tout le film à l’affiche. Quant à Ida, j’ai été sensible aux cadrages décadrés, au noir, blanc et gris et au visage de la jeune actrice. Bonne soirée.
Bonjour Dasola. J’ai vu une promo pour « The Baby » mais ça reste timide. Il sort dans trois jours.
J’aurais du lire ça avant et faire confiance aux critiques glanées. J’ai perdu mon temps avec Baby.
Her : meilleur film de l’année selon moi. Spike Jonze a tout compris du futur qui nous attend.