SORTIES DU MOMENT – 2014 (1)

16 Fév

Reprise des « Sorties du Moment » (SDM) qui l’air de rien n’ont plus eu court en 2013, la dernière remontant à l’été 2012 !

Naturellement à ce stade de l’année ce sont, vraiment, des films du moment, tous fraîchement sortis en salles. Parmi eux, deux mastodontes dont un à Oscars, puis un autre moins cité.

Triple séance très correcte, mais dans des registres assez quelconques.

_ Les Brasiers de la colère*** (68)

_ La voleuse de livres** (49)

_ American Bluff** (48)

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LES BRASIERS DE LA COLÈRE ***

3sur5 Les Brasiers de la Colère est un drame contemplatif de Scott Cooper, très attendu après son Crazy Heart. Il nous amène dans l’Amérique rurale et pauvre, où il n’y a pas d’autre option que la résilience. C’est une histoire simple, poignante et trop vraisemblable pour surprendre. C’est celle de Russell Baze, ouvrier et type ordinaire, piégé et sombrant tranquillement.

Endetté, préoccupé par le sort délicat des siens, malmené par de nouveaux événements, il découvre la dimension douloureuse de cette fatalité qui nous porte tous. Malmené mais pas plus otage que les autres, il a l’opportunité et les ressources pour orienter son karma. Il faut juste en payer le prix, puis éventuellement allez vers des choix radicaux. C’est ce qu’il va faire en laissant, sans s’emballer, son énergie instinctive décider.

Cette conscience de la fatalité, ajustée par les hommes, se traduit dans la mise en scène par une temporalité elliptique voir relative. Cooper filme un destin ; et un destin n’est pas défini par séquences, il enveloppe toute la réalité d’un individu par-delà ses frontières sensibles. Très beau film sur la violence comme partie de l’équilibre pour chaque homme.

Beau casting aussi, qui fait ressembler Les Brasiers de la Colère à ces films chorals tant chacun apporte une contribution, non pas nécessaire, mais précise et profonde. Du côté des acteurs principaux, Christian Bale opère une énième transformation physique tandis que Woody Harrelson apparaît en cul-terreux hargneux ; voilà le Mickey de Tueurs nés après l’euphorie et dans sa version IRL.

Note globale 68

Page Allocine & IMDB + Zoga sur SC

Suggestions…  Bullhead + Alabama Monroe + Prisoners 

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LA VOLEUSE DE LIVRES ***

2sur5  Adapté d’un roman pour adolescents sorti dans la foulée, La Voleuse de Livres raconte le quotidien de Liesel (Sophie Nélisse), une allemande d’une dizaine d’années vivant avec sa famille près de Munich pendant la IIe Guerre Mondiale. Nous aurons le droit à l’habituelle description de la sauvagerie nazie et de ses légions mesquines. Il y a plus intéressant, c’est la volonté du film de consacrer la culture comme un outil de résistance. Depuis son îlot perché au milieu de l’hystérie nazie, Liesel aère son esprit et éveille sa moralité.

En d’autres termes, c’est du Hannah Harendt kitsch, distillé au filtre  »humaniste », conçu pour les enfants et la famille. Mais : comme d’habitude. Alors au-delà, le film est-il valable ? Il est sympathique, bien façonné et sait faire vivre ses ambitions. En outre, pas de torrents larmoyants, au point d’ailleurs d’une certaine difficulté à faire passer l’émotion.

Pour autant il se suit avec un certain plaisir. Le spectateur profite de la reconstitution d’une époque, la création d’une ambiance. Les portraits sont un peu creux, à l’exception de celui de la mère, femme de poigne mais surtout lessivée interprétée par Emily Watson. Les idées sur la paix sont un peu redondantes, la narration par la Mort pas spécialement pertinente, mais rien ne choque à cet égard : le travail est fait.

C’est finalement un joli divertissement, banal et charmant, un petit drame sobre et équilibré. S’il avait voulu faire passer un message spécial, il échoue et c’est plutôt un bénéfice pour lui. En évitant d’être un pensum, il est juste humain et raconte une bonne histoire. On craint qu’il nous rejoue le coup de l’optimisme obstiné façon La Vie est Belle, mais il ne fera que flirter avec cet écueil. Seul bémol, la présence du juif caché sous l’escalier et son amitié avec Liesel n’aboutissent à rien de concluant.

Note globale 49

Page Allocine & IMDB + Zoga sur SC

Suggestions…

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AMERICAN BLUFF **

2sur5  Suite au succès de son Happiness Therapy, David O.Russell était libre de prendre quelques risques. Il a pu reprendre à son compte un vieux projet inspiré de l’affaire Abscam, où des petits escrocs ont été utilisés par le FBI pour faire tomber de plus gros qu’eux. Le film est classique, scorsesien (il va jusqu’à récupérer DeNiro), rappelle aussi les Coen. Son originalité se situe dans les caractères ; ses personnages sont intrigants, leur destinée ambiguë. Ce sont des petits arrivistes et excentriques de rien du tout, pas de grands mafieux. En résulte des numéros singuliers, comme celui de Amy Adams au personnage manipulateur.

Malheureusement American Bluff paraît poussivement taillé pour s’inscrire dans la lignée de ces films sur l’aventure individualiste à l’américaine. Le programme est confus, rachitique sur le fond et pas mal léger, au point de sembler improvisé. Sauf que la mise en scène devient insignifiante et le propos sans relief. Comme on le savait convenu dès le départ, le film perd son charme et ses différences, comme ses comédiens, ne peuvent pas tenir la distance. David O.Russell a vu trop gros et grand, mais n’avait pas les armes.

Note globale 48

Page Allocine & IMDB + Zoga sur SC

Suggestions… Le Loup de Wall Street + Boogie Nights 

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4 Réponses to “SORTIES DU MOMENT – 2014 (1)”

  1. Voracinéphile février 16, 2014 à 00:40 #

    Un bon film que ces braises du mécontentement, je suis d’accord. C’est surtout le fait que chaque membre du casting arrive à bien camper son rôle qui m’a convaincu (et Woody Harrelson, une brute en laquelle on a envie de croire). On ajoute à ça une histoire modeste, un contexte social bien abordé et des sentiments bien exposés. Mais à partir de la scène de nuit au milieu de la forêt, ça se casse la gueule. On perd deux bons personnages, puis l’histoire devient si balisée, si prévisible, que le divertissement n’est plus là. Pire, la confrontation entre Bale et Harrelson déçoit, molle du genoux (quelques gnons et hop, t’as perdu). On nous promettait du feu et des braises, pas un pétard mouillé… Déçu par le scénario qui n’a pas su conserver l’originalité relative (les combats illégaux) de son introduction, mais les acteurs assurent et les bonnes qualités esthétiques font plaisir.

    La voleuse de livre ne m’intéresse pas. La bande annonce l’a bien résumé, je m’attends effectivement à ce petit message sur la culture qui permet d’ouvrir les yeux. C’est bien, pour ceux qui n’ont pas encore vu ça. Pas surpris d’y retrouver Geoffrey Rush, dommage que son personnage ne semble pas avoir été développé…

    Quant à American bluff… Les films qui en une bande annonce, ne te raconte pas l’histoire, ne te donnent rien sur l’ambiance et qui montent des plans n’importe comment, moi, je trouve que ça se croit déjà culte avant d’être sorti. Vu que c’est sous l’étiquette « oscarisable » qu’il nous arrive (et que Hapiness Therapy m’a poliment emmerdé (c’est gentil, hein, c’est humain et pleins de bons sentiments ce film, mais quel manque d’intérêt !)), je pars avec de mauvais à priori. Les échos qui m’en reviennent sont moyens : sans intérêt mais regardable, je préfère perdre mon temps devant des navets ou les séries B de gérardmer que je dois rattraper…

    • zogarok février 20, 2014 à 11:45 #

      L’ambiance de « American Bluff » est un brouillon des grosses épopées scorsesiennes. Mais au fur et à mesure, la sympathie finit par s’émousser, de l’amusement on passe à l’indulgence, puis les regrets.

  2. thas février 16, 2014 à 13:00 #

    Ah du neuf ! Alors dans l’ordre :

    1) réussi mais banal. On entre bien dans l’histoire, sans être bouleversé on se sent proche.
    2) Une nullité, mièvre, je regrette d’y être allé.
    3) Comme tout le monde il m’attire beaucoup mais je commence à douter vu les critiques. Le bilan est positif mais personne ne saute au plafond.

    • zogarok février 20, 2014 à 11:51 #

      J’aurais aussi regretté d’avoir payé 😉
      « American Bluff », selon qu’on a pressenti ou pas qu’il était un joli petit copycat à l’ombre des grands, n’est pas davantage une affaire rentable.

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