RED STATE +

14 Mai

C‘est le premier film un tant soit peu sérieux de Kevin Smith, beauf sympathique mettant KO les créateurs de South Park au rayon de la vulgarité gratuite et terrassant ses contemporains les plus fantaisistes dans le domaine de l’inspiration random. Red State est une franche réussite, au ton hybride, à la narration imprévisible et impeccable.

Il faut un certain temps pour que le film s’assume ouvertement comme une comédie destroy. À côté de cela, il a rempli parfaitement son contrat en tant que thriller. Les exactions de ce hameau chrétien punissant les pêcheurs sont glaçantes, mais leur délire sectaire est cartoonesque. Le pasteur Abin Cooper, avec son sang-froid à toute épreuve et ses manières de papy bienveillant (dont on devine un passé pervers ou un jardin secret vicieux), est un personnage mémorable, inspiré du révérend Fred Phelps, célèbre pour ses points de vue homophobes. Il doit beaucoup au charisme de Michael Parks, acteur à la sous-utilisation mystérieuse.

Ce que dit le film n’est pas spécialement brillant ou novateur, que ce soit sur le fanatisme, les ambiguités du système ou la société américaine. En se payant les intégristes, le gouvernement et les forces de l’ordre, Kevin Smith donne dans le trash social allègre. On pense à The Devil’s Rejects, sans le côté borderline. Et alors que la charge facile contre les tarés des ‘red state’ s’annonçait, Smith s’amuse plutôt à compromettre tout le monde. Et on doit donner raison à Abin : c’est vrai, le sheriff est une lopette, il suffit de le voir s’éclater la tronche comme une grosse flaque lorsque John Goodman, avec sa dégaine de gentil dinosaure mafieux, commence à se fâcher.

Red State est aussi un film choral, avec une excellente galerie de personnages, manne de caricatures jouissives comparables à celles des débuts de American Dad par exemple, avec une pointe de Breaking Bad par-dessus. Le style est gras et grinçant, libre, le résultat effervescent et on en sort avec des super-héros amoraux et bigger than life, encore émoustillés par tant de certitudes exaltées (et joyeusement ratatinées – d’abord de l’intérieur grâce à leurs applications délirantes). Mince, c’était un feel-good movie !

Note globale 72

Page Allocine & IMDB    + Zoga sur SC

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