DON’T BREATHE – LA MAISON DES TÉNÈBRES =+

21 Déc

Nouveau projet avec Ghost House Pictures (société de Sam Raimi, au départ génératrice de repompages ringards) et nouveau succès pour Fede Alvarez, Don’t breathe surplombe facilement la plaine horrifique de 2016 (en se plaçant au moins devant le coutumier Conjuring 2, le racé Green Room, les requineries dégonflées, le présomptueux I am not a serial killer ou l’abject American Nightmare 3) sans avoir la témérité de The Witch. Le postulat est basique, le traitement assez raffiné, le rythme trépidant. L’essentiel se déroule dans la maison d’un vieil aveugle bunkérisé, assis sur un magot acquis par accident mais au prix fort.

Trois jeunes cambrioleurs comptent faire leur meilleur coup ; le trio d’acteurs est loin de porter des trognes d’affamés ; qu’ils se passent de la gueule de l’emploi c’est encore autre chose et c’est recevable. Ce détail, tout comme la cohérence en général, est le seul point où le film peut éventuellement pêcher. Sur le reste, c’est à la fois excellent sur l’ambiance, sur la forme et dans l’action. La cécité du monstre qui a refusé son rôle de victime est excellente conseillère pour l’organisation du film. Elle justifie la présence de luminosités ambiguës et variées, multiplie les chausse-trappes en rapport avec la vue, l’adaptation à l’espace.

L’administration de son antre par l’aveugle apporte une dimension labyrinthique propice aux rebondissements. Le malaise dans ces grands espaces intérieurs renvoie un peu à Panic Room, qui avait lui une teneur politique et théorique. Don’t Breathe joue sur une claustrophobie qui n’a pas le temps d’être ressentie, constitue la pire menace derrière les enjeux de survie ; si Rocky (Jane Levy) et ses collègues dérapent ils pourraient tomber dans une horreur plus profonde. Les personnages sont attachants, pas au sens où ils seraient prosaïquement aimables, mais à cause des tensions qui les traversent et de leur attitude face aux pistes cyniques s’ouvrant à eux.

Tout le monde a ses raisons, est forcé ou dérape vers le pire de ce qu’il peut produire ou envier. Le lien romantique entre le duo et son contraste avec le bourrin (Money par Daniel Zovatto) seront également des données de départ plutôt que des clichés sur lesquels rebondir ou revenir régulièrement ; de façon générale, le réalisateur du remake d’Evil Dead s’appuie sur les conventions pour mieux attaquer, avec rigueur et concision. Voilà une série B qui ne bouscule pas le genre mais ajoute au tableau une nouvelle référence, satisfaisante les instincts du consommateur et les espoirs de l’amateur.

Note globale 68

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions…

Scénario/Écriture (3), Casting/Personnages (3), Dialogues (3), Son/Musique-BO (3), Esthétique/Mise en scène (4), Visuel/Photo-technique (4), Originalité (2), Ambition (3), Audace (3), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (4), Pertinence/Cohérence (2)

Note passée de 67 à 68 avec la mise à jour de 2018.

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