LES ANGES EXTERMINATEURS (Brisseau) =-

24 Avr

Branlette au propre et au figuré. Lorsqu’il réalise Les Anges Exterminateurs Brisseau sort de son procès pour harcèlement sexuel auprès de ses actrices : il va nous démontrer qu’il est un cinéaste téméraire. C’est parti pour les théories en mousse, la sincérité paumée à la Ed Wood, le cortège de spécialistes ébahis devant tant de profondeur et de sophistication.

Les Anges Exterminateurs est une démonstration malgré lui, presque une thèse, du cinéma d’obsédés random déduisés en intellos arty. Oui ce genre existe. Voilà un film sur les films underground dont la vocation véritable, en dernière instance, n’est que de faire du cul, mais avec des manières. Juste avec les yeux, sans y mettre les doigts, ou pas les siens. Attention avalanche de déblatérations sur les mouvements du corps et la sensualité transgressive (mais pourquoi « transgressive »?). On va faire monter la sauce et s’émoustiller, en restant sérieux et concentré.

Second opus d’une trilogie sur le plaisir féminin par Jean-Claude Brisseau, Les Anges est présumé nous raconter un jeu dangereux. La tension est noyée sous les bavardages et le ton sentencieux. On joue aux visionnaires de l’érotisme, on s’extasie sur un hypothétique mystère féminin. Tout cela pour fondamentalement ne déboucher que sur une chronique de la désillusion annoncée.

On éprouve un vif plaisir, celui de voir un auteur en roue libre, nous déverser le résultat de son introspection sélective. Le personnage masculin du film, le ténébreux Frederic Van Den Driessche, est le double (fantasmé, bien sûr) de Brisseau, éprouvé par des comédiennes, cette catégorie désespérante, pleine d’individus immatures. Point de vue appréciable.

Reste qu’on nous vend un réalisateur (celui du film et celui dans le film, les mêmes, avec les mêmes aspirations) simple et plein de principes, cherchant envers et contre tous à être l’instigateur de l’extase mystique, tout en jouant in fine les moralistes complexes. Heureusement il ne fait pas semblant lui-même d’y croire : il y a des limites à la bullshit.

Si on est un peu mesquin (attentif?) on y voit la démonstration des bonnes intentions d’un homme naif, persuadé finalement d’avoir trouvé la clé : il est l’homme fatal malgré lui. Mais dans la réalité, c’est l’autre qui ne le sait pas. C’est pourtant simple ! Ah, voilà un vrai film d’auteur, un malade et bancal, trop facile à piéger, trop entier pourtant.

Note globale 47

 

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions…  Les Raisins de la Colère + Welcome to New York + Room in Rome

  Voir l’index cinéma de Zogarok

 

 

Laisser un commentaire