JSA (JOINT SECURITY AREA) =+

22 Avr

JSA chan wook

La Joint Security Area est une « zone commune de sécurité » située à la frontière des deux Corées, dans un espace sous contrôle de l’ONU. C’est le théâtre de l’action du troisième long-métrage de Park Chan-Wook, futur auteur de Stoker et Old Boy. Le film a été présenté en 2000 et connu un immense succès, après deux autres films plus anonymes de la part de son réalisateur. Sans dépolitiser complètement le récit, Park Chan-wook porte son attention sur une histoire plus sentimentale et, selon ses propres déclarations d’intention, universelle.

JSA est généralement considéré comme l’un des films les plus remarquables de la Nouvelle vague coréenne (décennie 2000) : c’est en tout cas une réussite assez paradoxale, surtout rétrospectivement. Tout le brio visuel de Chan-Wook y est, la photo et le travail de technicien d’une beauté saisissante, la mise en scène lyrique mais sans la moindre boursouflure, très sensorielle et à la limite de la sécheresse. Mais le sujet de JSA alourdit le style de Chan-wook. Il cadenasse, voir anesthésie dans le fond, le talent d’auteur et l’inspiration dont il fera la démonstration par la suite.

Dans ses travaux suivants, la liberté de Chan-wook l’amènera à des excentricités et des audaces assez vertigineuses, sur le plan narratif et sur le plan moral surtout. Ce sera divertissant dans Old Boy, plus rugueux et épuré avec Sympathy for Mr Vengeance. Toutefois l’inverse est aussi vrai : au pacifisme souriant et à la camaraderie juvénile, Chan-wook apporte un écrin ravissant et un costume décalé, donnant un effet de nuance voir de complexité. Faire porter à un film dirigé par Park Chan-Wook un regard innocent sur l’Humanité est un non-sens.

Concernant celle-là, Chan-Wook excelle pour allez trouver des fragments de son versant noir et/ou psychotique. Il brille pour représenter l’ascendant mortifère des Hommes sur leur réalité : il y a un décalage profond avec ce qui serait un élan vital sain et pratique. Parfois c’est moins ouvertement sombre (Je suis un cyborg), de la coupure avec cette vitalité simple et humble naît une fantaisie plus douce. Dans JSA, cette tendance profonde de Chan-wook, même si sa présence est étouffée, accentue la dimension tragique de l’histoire.

Ce récit d’une amitié prend d’autant mieux des allures de rêve sucré, doux et impossible, rattrapé par des contingences froides, terreuses. Chan-wook a opéré une sorte de déplacement, transformant sa noirceur au service d’une posture plus proche de ses convictions politiques et sociales (il est militant d’un parti social-démocrate très minoritaire en Corée du Sud) que de ses élans d’artiste.

Il sert donc un propos universaliste, face à un système oppressif et démoralisant, mettant en échec la vie : il projette sur lui une forme light (parce qu’institutionnelle et impersonnelle) de l’immoralité, de la destructivité et de l’abjection qu’il met en scène tout au long de sa carrière. Tout cela contenu par ailleurs par des manières conformes ; le gros budget confié à Chan-wook a un prix. La bande-son notamment est calquée sur le thriller (US) standard des 1990s.

Note globale 69

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

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