PEUR PRIMALE =+

28 Sep

Sorti en 1996, Peur primale offre à Edward Norton son premier grand rôle (récompensé aux Golden Globe et aux Oscars pour le meilleur second rôle) et à Gregory Hoblit son premier gros succès commercial. Le cinéaste texan poursuivra une carrière toute en nuances de thriller : Le témoin du mal, Fréquence interdite immédiatement à suivre, La Faille avec Hopkins et Intraçables en 2007-2008. Des produits de bonne facture, efficaces et bien écrits, pas dépourvus de styles ni de résonances plus larges, mais pourtant généralement inaptes à marquer le commun des spectateurs, car finalement bien creux.

Peur primale répond déjà à cette définition. Il s’inscrit dans la tradition américaine du film de « prétoire » (dont la série NY police judiciaire est une représentation sur petit écran) et en respecte les manières. L’intrigue et la réalisation sont conventionnelles et sans temps morts, le casting fort en gueules (Frances McDormand, Alfre Woodard en juge robotisée, toujours un verre à la main) et en stars (Richard Gere est l’avocat dont nous suivons la plaidoirie). La spécificité de Peur primale tient au personnage de Norton et à sa schizophrénie, dont la révélation et la prise en compte sont retardées tout le long de la séance, pendant que de nouveaux éléments montent à la surface concernant la mort du prêtre catholique. Un twist ending opportuniste mais justifiable viendra remuer le tout et donner de l’ampleur au jeu et au personnage campé par Edward Norton.

L’ultime plan est le fruit d’une jolie idée, mais ce revirement, en laissant patraque, souligne aussi le manque de profondeur qui a caractérisé ces deux heures de développement, du diagnostic livré par McDormand à la vision portée sur les activités du prêtre. Le plaisir est au rendez-vous à condition d’apprécier cette approche méthodique et généraliste, d’où l’analyse et l’émotion sont presque proscrites. Le choix de Richard Gere (Pretty Woman, American Gigolo) pour le rôle principal est judicieux, puisque son personnage est forcé de venir à bout d’une femme (Laura Linney) qui prétend le haïr et avec qui il a eu une relation pendant six mois. Il parviendra à anéantir sa charge, sans jamais éprouver de rancoeur envers cette concurrente (représentante de la partie adverse au tribunal) et ex-amante qu’il apprécie toujours et est prêt à accueillir dans sa vie, en bon dominateur sûr de lui, BCBG et sans méchanceté. C’est l’autre conclusion brutale posée par le film, apparemment omise (mieux endurée ?).

Note globale 57

Page IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… Le Bûcher des Vanités + Dans la ligne de mire

Scénario & Ecriture (3), Casting/Personnages (4), Dialogues (3), Son/Musique-BO (-), Esthétique/Mise en scène (3), Visuel/Photo-technique (3), Originalité (2), Ambition (3), Audace (3), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (3), Pertinence/Cohérence (2)

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