HOTEL DU NORD =+

8 Mai

hotel du nord

Le script d’Hôtel du Nord est un des plus aguicheurs des films de Marcel Carné, le résultat est plus mitigé. Même s’il met en évidence une certaine superficialité persistante dans le cinéma de Carné, Hôtel du Nord demeure très bien écrit et percutant. Le ton est dramatique, lourd, gouailleur également. Et surtout, ce quatrième opus s’avère visuellement plus raffiné que les précédents ; techniquement, Carné passe une étape. L’absence de Prévert explique peut-être en bonne partie l’infériorité d’Hôtel du Nord par rapport à ses camarades ; les dialogues d’Henri Jeanson ne manquent pas de génie pourtant, sûrement de souplesse et de finesse.

Le degré de théâtralité hiératique atteint par certaines séquences est dommageable. Ce qui passe dans les comédies de Carné (tel Drôle de drame) a ici un effet plus ambigu. Les séquences avec le couple et en particulier leur première intervention sonnent creux. Sur le papier ou autrement formulées, leurs déclamations seraient sans doute valides ; là, c’est affecté de façon trop violemment inauthentique. C’est pas que l’excès d’émotion pose problème : c’est bien la fausseté ; et la passion serait possible, mais là on l’étouffe. Les confrontations en prison seront plus intenses et plus ‘vraies’ ; au fur et à mesure, le « Quai des brumes moral » (exigé du moins) arrive à leurrer une spontanéité des personnages.

Malheureusement le fil narratif est touffu en vain, les intrigues éparpillées ; l’écriture est en somme aussi démissionnaire que le climat de Quai des brumes, mais comme Gabin et Morgan dans celui-là, il faut aller au bout. Le bout c’est un peu le problème, tout est trop volatile pour qu’on en voie un. Le spectacle manque donc d’épine dorsale même si ça fonctionne ; à cette image, Arletty est bien dans sa peau d’emprunt mais plutôt saoulante. Comme tous les autres œuvres de Carné tournées à la fin des années 1930, celle-ci contient quelques phrases cultes ; ici Arletty envoie le fameux « atmosphère, est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? ». Cette petite saillie est presque un slogan, en tout cas un symbole, de ce cinéma populaire originel (le parlant est encore neuf) avec trognes et diatribes pittoresques.

Note globale 61

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