MASTERS OF HORROR – SAISON 1 ***

22 Mar

Initiée par Mick Garris qui signera un épisode dans chacune des deux saisons, Masters of Horror rassemblait en 2005-2007 les grands noms du cinéma horrifique pour la télévision.

C’est naturellement devenu une série de référence, qui constitue une relative déception. Si elle aligne les bons épisodes, il y a peu de perles. C’est un genre de spectacle réjouissant pour les amateurs, mais pas nécessairement d’anthologie, comme on nous l’a promis.

Ces épisodes sont souvent considérés comme des films à part entières. Ils ont par exemple leur propre fiche sur Sens Critique ou Allocine. Ils sont donc traités un par un, car un propos général sur la série Master of Horror est vite limité en-dehors des aspects de conception et de diffusion. 

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LA SURVIVANTE (1.01 – Don Coscarelli) ***

3sur5  Survival, initiation théorique et pratique. Hormis le son pop-folk en intro, cet épisode pilote basé sur un comics de Joe Lansdale constitue une entrée en matière très réussie. Il condense tous les codes et les traditions du sous-genre, tout en amenant des options imprévisibles.

Suite à un accident de voiture, une jeune femme se retrouve poursuivie par une créature comparable à Michael Berryman. La séance est entre-coupée de flash-back de sa rencontre puis de son idylle curieuse avec un survivaliste. Au travers de ces deux espaces, le film va à la source du survival.

L’épisode est signé Don Coscarelli, qui a fait parler de lui dans les 2000s avec son Bubba Ho-Tep et est également l’auteur du bien nommé Phantasm. Il fourni une imagerie riche et dantesque, pas toujours singulière cependant et avec quelques côtés kitsch comme le détournement de la Lune.

Entre la McGyver girl, le vieil excentrique, le monstre contre-nature, on navigue clairement dans des Contes de la Crypte réformés, en sensiblement plus adulte et enclins à la violence extrême.

Note globale 68

Page Allocine & IMDB + Zoga sur SC

Suggestions…

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LE CAUCHEMAR DE LA SORCIERE (1.02 – Stuart Gordon) ***

3sur5 La nouvelle de Lovecraft La Maison de la sorcière est une matrice importante dans la création fantastique. Plusieurs films en sont directement inspirés, comme La Maison Ensorcelée avec Vincent Price. C’est aussi un pilier pour Stuart Gordon, cinéaste dont la grande particularité est d’avoir porté à l’écran l’univers de Lovecraft, au point que l’ensemble de son œuvre en est tributaire, de Dagon à Re-Animator.

Le Cauchemar de la Sorcière ressuscite donc le Necronomicon et d’autres fétiches, mais introduit aussi des éléments nouveaux, comme ce rat au visage humain. Le film raconte un pacte diabolique non consenti. Gordon opte pour un huis-clôt total dans la maison possédée et s’inscrit dans l’horreur gothique.

C’est de la fantaisie fantastique et grand-guignole à base d’ésotérisme et de monde parallèle, où le surnaturel galopant va insinuer la folie. Quelques lourdeurs mais un franc plaisir, notamment lorsque le film flirte avec le thriller. Ezra Godden livre une performance éblouissante, dommage en revanche que Chelah Horsdal et son personnage soient sous-employés.

Note globale 63

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… Willard

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LA DANSE DES MORTS (1.03 – Tobe Hooper) **

3sur5  Le troisième épisode de Masters of Horror n’est pas une franche réussite mais par-delà ses failles toujours relevées, il faut voir son univers, qui est largement plus audacieux que la lot commun de la série.

Le film se déroule dans un cadre peu clair, apparemment post-apocalyptique, post-blizzard plus exactement. C’est en fait l’après-troisième guerre mondiale, où certains s’éclatent en rejoignant des bandes ou en exultant dans des fêtes dégénérées, où les victimes défilent dans l’indifférence et où les autres se replient, comme la mère de Anna.

Tobe Hooper dresse le tableau d’un monde hystérique et sans espoir. Dans la mesure du bis hagard, il pose un regard nuancé sur la décadence et toutes ses facettes, avec les fuites parfois subtilement converties (l’autoritarisme comme la jouissance).

C’est ambitieux mais aussi prodigieusement chaotique, en résonance avec son sujet plaidera la défense. La mise en scène est épileptique, avec quelques îlots plus romanesques. Une vocation philosophique est au milieu, elle est modeste mais valide. Enfin il y a un invité de prestige, Robert Englund, le croquemitaine des Griffes de la Nuit et de la saga Freddy. Sa performance pittoresque est l’une des plus mémorables des Masters.

Note globale 58

Page Allocine & IMDB   + Zoga sur SC

Suggestions…

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JENIFER (1.04 – Dario Argento) ****

4sur5 Devant un tel spectacle on se rappelle qu’on aime pas Dario Argento pour rien. Quatrième épisode de la collection des Masters of Horror, Jenifer est pourtant différent de ses films. On se demande aussi ce qu’il fait là, à cette période de sa carrière (2006), où les ratages et les aberrations s’entassent, de Mother of Tears à Giallo.

Un policier sauve une jeune femme des griffes de son assassin. C’est la première fois qu’il doit tuer quelqu’un. Il se retrouve avec cette Jenifer, mutique et défigurée, dont on ne sait rien. Au terme de son séjour à l’hôpital, il l’amène chez lui. Son allure puis son comportement font fuir sa famille. Il sait qu’elle est dangereuse, il voit qu’elle est ignoble. La peur croît, le désir aussi.

Jenifer est intéressant, davantage pour les hommes, car il renvoie à toutes les passions honteuses que l’on a pu nourrir ou qui nous ont rattrapés sans qu’on les ait anticipées. Il évoque aussi tout ce que peut contenir une possession mesquine. Dario érotise sa créature, au corps somptueux et aux manières aguicheuses, attractive malgré le visage de monstre.

La mise en scène reste bis, c’est la vraie limite du film, mais cela ne le contrarie pas. Nous sommes clairement dans l’arrière-monde et tout l’accompagne à merveille. Y compris dans les scènes gores, Argento ignore toute bienséance pour allez au fond de cette romance sans beauté, mais pas sans charmes ni raffinement.

La morale ? Les meilleurs coups ne sont pas forcément les plus belles femmes, ni les plus saines. Ne laissez pas le seul désir vous guider.

Note globale 78

Page Allocine & IMDB   + Zoga sur SC

Suggestions… Cabal

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CHOCOLAT (1.05 – Mick Garris) ***

3sur5  Chocolat est une bizarrerie, un accident diront certains, dans la saison 1 des Masters of Horror. Il a pris les spectateurs à revers car l’horreur, surtout graphique, est quasiment absente. Cet épisode est supervisé par Mick Garris (initiateur de la collection des Masters), connu pour une adaptation-télé fleuve du Fléau, parmi d’autres adaptations de Stephen King.

Un homme raconte l’émergence du sentiment amoureux qui a manifestement engendré son dérèglement. Par séquences régulières, il se retrouve absorbé dans le corps d’une femme, généralement lors de ses orgasmes ou de moments particulièrement intenses. Il va être témoin de certains événements de sa vie et partira la retrouver.

Chocolat est un film bizarre sur la mue, en l’occurrence celle d’un homme passant de la solitude sans vocation à la complétude par la fusion. Porté par des idées sophistiquées, une réalisation délicate et une écriture efficace, Chocolat est dans le haut du panier des Masters of Horror.

Note globale 68

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC 

Suggestions… Teeth

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VOTE OU CRÈVE (1.06 – Joe Dante) **

2sur5 Les fantômes des guerres américaines reviennent hanter Oncle Sam et ses décideurs cyniques. Les soldats sont devenus des morts-vivants et pour qu’ils deviennent tout à fait morts, il faut les faire voter. Mais ils votent… contre la guerre !

Cet épisode est l’un des plus respectés de la saison 1 des Masters of Horror. On y retrouve le style de Joe Dante (Gremlins, L’Aventure Intérieure) : facétieux, avec un fort sous-texte social mais pas loin d’être crétin, néanmoins parfaitement valide car c’est un vrai tour de train fantôme.

Le film démarre sur des promesses alléchantes, se rétame rapidement parce qu’il ose une bêtise : faire passer le  »fond » devant. Or le fond, ici, est pathétique. Il aurait mieux valu s’en tenir à la fonction ludique, pour éviter un échec si obscène.

Les adeptes de pensum discount vont adorer en parlant de dénonciation de la bêtise alors que celle-ci se situe à un niveau risible. Par moments on peut sentir son petit cœur s’éprendre de cette mise en relief de l’hypocrisie des puissants, ceux qui sont politiquement conservateurs et pro-guerre.

La parodie est lourde et les parti-pris ostentatoires, comme en atteste cette Jane Cleaver qui est probablement une caricature de Ann Coulter. Le problème de Joe Dante c’est qu’il prend les spectateurs autant pour des demeurés à qui il faut tout mâcher que toute la troupe de véreux qu’il désigne.

Homecoming, dont la traduction française est inappropriée mais reflète bien la petite fièvre gauchiste qui l’anime, est un épisode inepte qui a cependant le mérite de l’originalité. Là où il convainc, c’est dans ses jaillissements d’horreur et plus encore, son sentimentalisme décalé. S’il ne sombre pas totalement, c’est grâce au talent de metteur en scène de Joe Dante.

Note globale 45

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… Invasion Los Angeles

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LA BELLE EST LA BETE (1.07 – John Landis) *

2sur5  John Landis est surtout connu pour deux réalisations : le film sur les Blues Brothers et le clip Thriller de Michael Jackson. Au pied du podium, ce qui justifie son inclusion dans domaine de l’épouvante-horreur, le classique mineur Le Loup-Garou de Londres. Pour le reste, beaucoup de comédies dont certaines avec Eddie Murphy.

Le savoir après-coup permet de confirmer, mais trop tard, nos yeux ont été écorchés. La Belle est la Bête, c’est une comédie beauf qui ne dit pas son nom. Elle tente quelque chose, qui donne un résultat consternant. La réalisation s’alanguit sur des pistes pourries, du long plan-séquence immobile devant la porte qui nous éclate finalement à la gueule en passant par la succession d’hypothèses pittoresques du flic. Le scénario est minable et le héros antipathique. Son collègue noir rigolo nous indique avec insistance que le burlesque des familles fait partie du code génétique de John Landis.

Voilà un épisode venant souligner le manque de colonne vertébrale de la collection Master of Horror, ouverte à tout ce qui peut se présenter. Les auteurs ont eu carte blanche pour, aussi et finalement surtout, faire des choses insignifiantes ou se lancer dans des projets stupides. Celui-ci en est un. Sans doute l’idée a paru géniale lorsqu’elle est apparue. Et puis il a fallu fabriquer du contenu sur cinquante minutes.

Note globale 38

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions…

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LA FIN ABSOLUE DU MONDE (1.08 – John Carpenter) **

5sur5  On ne s’attend jamais à une émotion si forte, ni à une telle mobilisation, mentale aussi, organique finalement. Dans les dernières minutes du film, la tension est si forte et les éléments soumis si puissants que suspendre le visionnage semble raisonnable. En général, lorsqu’on a autant d’ambitions, on ne va pas si loin au cinéma et surtout on ne cherche pas à répondre explicitement aux sujets soulevés. Carpenter le fait et brillamment, à tel point que la déception mécanique qui devrait survenir n’arrive pas et qu’au lieu de ça nous sommes submergés.

Avec Ghosts of Mars en 2001, John Carpenter signait son dernier long jusqu’à The Ward en 2011. Entre-temps il s’en est tenu à sa retraite de cinéaste, à l’exception de ses deux interventions dans les Masters of Horror. Alors que certains auteurs sont venus s’enliser, Carpenter lui a rappelé que s’il fallait, à n’importe quelle époque, garder les quelques purs maîtres de l’horreur et du fantastique, il serait un leader parmi ces champions. Il faut également citer Drew McWeeny et Scott Swan, à qui on doit l’écriture si géniale de ce film.

Dans Cigarette Burns, Kirby (Norman Reedus vu dans Walking Dead), directeur d’un cinéma et  »chasseur » de films rares est lancé sur la piste de La Fin Absolue du Monde par un riche collectionneur. Mais le chemin jusqu’à cette bobine maudite, projetée officiellement une fois seulement et en festival, est semé d’embûches et d’avertissements. Tous ceux qui y sont liés, en tant que critique ou épouse du cinéaste, ont vus leur vie brisée et depuis possédée par ce film, qui déclencherait des crises dramatiques chez ses spectateurs.

C’est un film à destination des cinéphiles avant tout, les autres pourront se sentir moins inclus. D’abord dans les détails, avec bien sûr le clin-d’œil à Argento ou à la Nouvelle Vague, mais aussi avec ce titre VO qui évoque ces petits cercles noirs jaillissant parfois sur la pellicule et brisant l’unité de l’image et par là, l’intégrité de la fiction. Ensuite, cette recherche de Kirby, c’est celle de tous les cinéphiles véritables. Quand à ce scénario tenant ses promesses au-delà de toutes espérances, il sonde l’âme de l’horreur au cinéma comme au sens strict. La Fin Absolue du Monde est un film, bien trop court par rapport à tout ce qu’il donne et contient, sur le charme discret et profond qu’exercent sur nous-mêmes nos perversions et celles de nos prochains.

Ce que pose le film, c’est la capacité du cinéma à supplanter le réel, à conquérir les spectateurs dans leur chair, avec leur complaisance. Et Carpenter va l’illustrer par une esthétique raffinée ainsi que prodigieusement gore (du jamais vu chez lui). La Fin Absolue du Monde s’inscrit dans la lignée de sa Trilogie de l’Apocalypse (The Thing, Prince des Ténèbres) et renvoie notamment à L’Antre de la Folie où la fiction prenait le contrôle de l’esprit et de la réalité.

Note globale 95

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Suggestions… 8 MM + Le Festin Nu

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LA CAVE (1.09 – William Malone) ***

3sur5  Un mystère épais, une ambiance inquiétante et légèrement merveilleuse, une expérience, voir une tradition occulte entretenue par une paire d’illuminés. Voilà la quintessence du drame fantastique, délivrée dans ce bel épisode, parmi les bons moments de Masters of Horror.

Dans la lignée de l’esthétique gothique de sa Maison de l’Horreur, William Malone allie classicisme et générosité. La présence de ce cinéaste a surpris car il n’est pas un auteur prolifique, néanmoins tous ses travaux appartiennent au registre de l’épouvante et l’imagerie qu’il développe, en tant que réalisateur ou autrefois maquilleur et accessoiriste, est celle d’un virtuose. Avec un coup d’éclat : la conception du masque de Halloween.

Par conséquent, comme dans le cas de La Survivante, l’opus inaugural des Masters of Horror, c’est un exercice de style brillant, dont le tort est l’absence d’originalité fondamentale. Mais les choix du scénario, comme l’issue romantique, viennent eux aussi compenser cet aspect.

Note globale 65

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Suggestions… Martyrs + Dark Skies + Dead Silence + Le Secret

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LIAISON BESTIALE (1.10 – Lucky McKee) **

3sur5 Lucky McKee est l’auteur d’un film prodigieux, May, qui racontait l’histoire d’une jeune fille torturée et inhibée, interprétée par Angela Bettis. Sa prestation et son univers sont inoubliables. Qu’on retrouve ce tandem dans les Masters of Horror était donc justifié et particulièrement excitant, bien plus que l’idée du choc trash de Miike.

Et si le résultat a du caractère, la déception est tout de même au rendez-vous. Avec Liaison Bestiale, on retrouve cette sympathie pour les personnalités évitantes et excentriques. Ce n’est pas Burton, les personnages restent subtils et profondément  »différents », mais… nos deux lesbiennes sont des enfants dans des corps bizarrement vieillis et leur décalage n’est pas très aimable.

Même à son pire le film a de l’allure, une singularité dans le ton, mais l’écriture semble baclée. Les vues subjectives et effets spéciaux sont assez médiocres, tandis que l’intimité psychique des personnages est esquissée puis bradée. Nous avons d’ailleurs souvent un début des sensations éprouvées devant May mais on dirait que Anna Farris a déboulé pour corriger la donne, interdisant un voyage authentique. Résultat, un délire bis cousin de Henenlotter, une sorte de Mouche cheap agrémenté d’aspects comiques bien trop démonstratifs.

Note globale 60

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Suggestions… Smiley Face + Sex Addict + Elmer

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SERIAL AUTOSTOPPEUR (1.11 – Larry Cohen) ***

4sur5 Larry Cohen est surtout connu pour la série Les Envahisseurs (1967). Il a signé plusieurs séries B horrifiques et est également scénariste, fonction qui a supplanté la réalisation depuis l’an 2000 (on lui doit Cellular et Phone Game). Serial Autostoppeur est donc pour lui un retour éclair derrière la caméra.

Comme Chocolat, Pick Me Up n’est pas réellement affilié à l’horreur, tandis que le fantastique est ici totalement absent. L’histoire est celle d’un jeu macabre entre deux serial killer dont les zones de prédation viennent à se croiser. Au milieu, une jeune femme coriace et taciturne (un de ces sosies d’Élisabeth Lévy – personnage passionnant donc), la cible qu’ils vont se disputer.

Le résultat est légèrement irréel, comme un cartoon machiavélique. Il y a quelques petites errances mais le film ne déçoit jamais. Toujours tendu dans une surenchère entre les deux hommes, Pick Me Up récolte les lauriers de son jusqu’au-boutisme.

C’est aussi une sorte de comédie. Son traitement plutôt léger du sadisme peut rappeler Tarantino, sauf qu’ici on ne demande pas au spectateur de s’extasier sur la violence clinquante – qui survient une fois dans ce film, avec la punk au motel.

Note globale 73

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Suggestions… Killer Joe + Kill Bill

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LES AMANTS D’OUTRE-TOMBE (1.12 – John McNaughton) **

2sur5 Une livraison dans la moyenne basse des Masters of Horror de la saison 1. C’est-à-dire honnête et quand même fondamentalement stérile. Ici un apprenti sorcier décidé à redonner la vie aux morts va tomber sur plus forts que lui.

Georges Romero était prévu à la réalisation pour cet épisode, mais il a préféré se concentrer sur son Land of the Dead. John McNaughton récupère le projet et si son nom est méconnu, son Henry:Portrait of A Serial Killer demeure un monstre glacé et parmi ce qu’on peut voir de plus perturbant.

Au programme, nécromancie sur fond de choc entre romantisme, scientisme et traditions dans l’Angleterre victorienne. Au cinéma, on pourrait le rapprocher de From Hell, puis de Dellamorte Dellamore pour son final enflammé. À part nous amener à sa forme alternative d’amour et de famille, cet épisode soigné n’apporte rien de notable. Encore l’œuvre d’un tout petit maître.

Note globale 53

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Suggestions… Le Parfum + Le Prestige

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LA MAISON DES SÉVICES (1.13 – Takashi Miike) ***

3sur5 Dans la série Masters of Horror, c’est le gros morceau. La Maison des Sévices n’a pas été diffusé à la télévision en raison de ses excès soulignés par une violence extrême. Il est souvent considéré comme le meilleur ou à défaut le plus remarquable des Masters. Toute cette émulation est injuste à l’égard des autres opus et alors que Jenifer et La Fin Absolue du Monde sont mémorables pour des raisons plus profondes.

Takashi Miike (Audition, Ishi the Killer) confirme ici qu’il est le cinéaste le plus dérangé et transgressif à son échelle de popularité. Nous retrouvons ici les individus malfaisants, ou plus sommairement déviants, qui parsèment son œuvre. La Maison des Sévices est un sommet de perversion, avec quelques résidus de tares ultimes (inceste frère-sœur).

Ce pourrait être un simple catalogue mais le scénario (de Dasuke Tengan) est très bien calculé. Même si les vraies-fausses révélations peuvent agacer en fin de parcours, la cohérence esthétique est parfaite. La photographie colorée et la mise en scène servent une ambiance redoutable, donnant la sensation d’arpenter des espaces clôts et macabres même à ciel ouvert. On peut regretter une certaine théâtralité nanar due à certaines prestations calamiteuses et notamment celle de Billy Drago le faux James Carradine.

Néanmoins nous tenons là un conte horrifique doublé d’une farce tragique comme on désespère d’en trouver. La radicalité de Miike pose franchement problème et la séquence de torture est révoltante. Ce n’est pas le seul choc du film et les pro-avortements vont être embarrassés. Imprint se confronte à des tabous fondamentaux et sa vocation est clairement racoleuse. Toutefois cette radicalité obscène est la source de l’horreur complète. Aussi, le défi est relevé haut-la-main.

Note globale 68

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Suggestions… 

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Même traitement pour la saison 2 !

 

Le classement des Masters par Zogarok (SC)

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6 Réponses to “MASTERS OF HORROR – SAISON 1 ***”

  1. Voracinéphile mars 22, 2014 à 22:56 #

    Alors, attaquons nous à cette saga (j’imagine qu’un article sur la saison 2 paraîtra bientôt).

    La survivante : un sympathique épisode en effet, qui m’a plus intéressé pour son histoire parallèle que pour l’intrigue en question. Reste un boogeyman formidable (rarement vu aussi icônique depuis Jeepers Creepers) et ce suivi intéressant de la vie de couple. Don Coscarelli m’a agréablement surpris (parce que son John dies at the end est quand même bien mauvais)

    La partie de Gordon m’a clairement déçu. J’avoue que j’attendais beaucoup de lui, et que le terrain de l’occulte m’intéressait. Mais non, ça n’a jamais pris. Il y a du nichon pourtant, de la créature en plastique et un peu de sang, mais ça reste loin d’une ambiance à la Dagon… En l’état, peu de choses s’en dégagent.

    La danse des morts, ça c’est intéressant en revanche. C’est effectivement celui qui m’a paru le plus ambitieux (avec le film de Carpenter), puisqu’il montre un monde post apocalyptique (et que l’unique vue d’ensemble de la ville n’est pas ratée). Aussi, le film essaye de faire une peinture dépressive, à l’image de ces morts qui se contorsionnent de façon gratuite sur scène. Un fort potentiel, hélas je n’arrive pas à apprécier au delà. Dommage, un bel essai.

    Jenifer, je l’ai déjà chroniqué. Un merveilleux conte empoisonné, avec un bon postulat et une excellente structure (et un renouveau sur le discours du freak intéressant).

    Chocolat, je comprends que tu l’apprécies. Mais dans mon cas, la sortie de terrain était trop grande, et je m’y suis ennuyé. Rien n’y fait, même en me disant que le contexte aurait dû me plaire, je n’ai pas adhéré… Après, cela méritait-il que je le mette au niveau d’un infâme La belle est la bête ?

    Aaah, vote ou crève ! Du typique Joe Dante ! Désolé, mais j’apprécie quant à moi le renouveau du mythe zombie, qui se prend un peu pour Romero sur un terrain inattendu. Mais effectivement, la dénonciation est un peu facile, ainsi que le cynisme gratuit (le même que je reproche au Loup de Wall Street). Et surtout, c’est parfois laid (moche plan final). Mais j’ai apprécié le détournement des codes du genre, ainsi que la facétie de Dante.

    La belle est la bête : cet épisode n’existe pas, John Landis n’a vécu que pour 2 films trèèès anciens…

    La fin absolue du monde : groooosse adhérence de ta part, je vois. C’est la cinéphilie totale de ce film qui fait effectivement sa grande force, avec un discours intelligent sur le cinéma et son impact. Un détour par le snuff inattendu vient en plus donner dans l’ultra-violence sèche, le héros est rapidement corrompu par ses recherches, et effectivement, le gore jaillit de façon spectaculaire (mais ce n’est pas la première fois chez Carpenter, voir Vampires et Ghosts of Mars pour s’en convaincre).

    La cave est un sympathique épisode. C’est surtout la beauté du cadre et de l’ambiance, tout à fait le genre de classicisme fantastique raffiné que j’apprécie. Dommage qu’il n’y ait pas grand chose de neuf avec, mais c’est un travail honnête, je suis d’accord.

    Liaison bestiale : pas convaincu du tout, mais il y a d’évidentes idées intéressantes. Des personnages marginaux, très bien, et une insidieuse présence de l’insecte exotique qui pervertit le film dans le fond, discrètement. J’aurais apprécié davantage d’être sur ce terrain plutôt que dans les confrontations avec la locatrice un peu homophobe. Déçu, mais bon, ça se regarde encore.

    Très sympa, le Serial auto-stoppeur. Voilà un film où je me suis amusé (mais je ne suis pas surpris de la part de Larry Cohen, ses séries B sont conçues pour faire plaisir au public et lui en donner à voir, à l’image du ridiculement sympathique The stuff). Une petite confrontation entre psychopathes de bon ton, où on se soucie moins des victimes que d’eux (sans effectivement qu’on doive adhérer à leur violence gratuite). Le ton y est décontracté, le tout est efficace, parfaite petite série B en road movie horrifique (avec une bonne exploitation des clichés).

    Les amants d’outre tombe : Frankenstein meets Dellamorte dellamore, sans davantage d’intérêt. McNaughton n’avait rien à foutre ici, mais bon, faut payer les factures, et en l’état, le rendu de la reconstitution d’époque n’est pas si mauvais.

    La maison des sévices est excellent aussi, clairement celui qui s’est le plus lâché. Une galerie de personnage intéressante, de costaudes scènes d’horreur et une excellente histoire. C’est objectivement l’un des meilleurs, en tout cas celui qui combine le plus de qualités. Il faudra que j’en fasse la critique, son cas mérite largement qu’on s’y attarde…

    • zogarok mars 23, 2014 à 22:45 #

      Le second arrive dans une petite heure et demi. Je ne voulais pas trop « tasser », mais je veux quand même que les critiques se suivent sur SC et je dois expédier ça rapidement car je continue à écrire plus vite que je ne publie.

      Pour « Chocolat », tu as sans doute raison puisque je me trouve seul à cette hauteur concernant l’appréciation. Je le conçois mais je pense que c’est regrettable parce que contrairement au opus mineurs/quelconques qui ont le même genre de note (autour de 4) ici il y a un postulat génial et il est mené à son terme, sans avoir rien à voir avec quelque chose de très banal comme pour « V comme Vampire » (que je n’ai pas trouvé si mal).

      « La belle est la bête » est consternant mais il y en a plusieurs pour le terrasser dans la saison 2.

      Je n’irai pas jusqu’à dire que « La danse » est le plus ambitieux, « Vote ou crève » l’est davantage en étant mieux armé par ailleurs.

      « Serial auto stoppeur » est un des premiers épisodes que j’ai vu dans cette course aux Masters. Je m’attendais alors à ce qu’il soit « dans la moyenne », un peu au-dessus… Aie.. Et quand j’y repense il sort effectivement du lot. Juste avant j’ai vu celui de Gordon qui avait tout pour lui mais me frustrait un peu.. comme si les promesses étaient tenues mais sans qu’on soit satisfait, finalement. Il est tout de même un bon opus.

      Je n’avais vus, de la saison 1, que le pilote (parce que pilote), « Jenifer » (forcément :D) et « La Maison des Sévices » (forcément, celui qui fait parler).

  2. Voracinéphile mars 24, 2014 à 02:31 #

    L’idée poétique de donner à un homme un accès aléatoire aux sensations d’une femme, et l’impact qu’a un tel phénomène… L’idée était vraiment stimulante, une fois qu’elle est comprise par le spectateur (ce serait un épisode à revoir d’ailleurs, histoire d’apprécier davantage le travail fait avant la révélation…).

    Oh, créer un monde post apo, c’était pas gagné pour Hooper… Mais le rendu final a du mal à épater quand il n’est pas dans le bar mal famé (avec un excellent Robert Englund, je l’ai relevé), et le scénario qui tient avec des bouts de ficelles… Un bricolage étrange, qui aurait pu être suffisamment dépressif si l’ambiance avait été davantage étoffée…

    Jenifer a aussi été mon tout premier, et j’avais essayé Les amants d’outre tombe, qui m’avait calmé. Puis celui de Gordon, et là, je n’ai plus rien acheté. Je pense que j’investirai dans la maison des sévices et La fin absolue du monde, ils honorent leur réputation.

    • zogarok mars 26, 2014 à 17:54 #

      Okay… Non je ne voyais pas ça, c’est surtout la fusion en tant que tel, l’abaissement des frontières, au dernier degré, pas tellement ce côté homme/femme, qui m’a retenu, au final. Et la rencontre forcée de deux éléments incompatibles.

      L’idée d’acheter un truc comme « La belle est la bête » en s’étant laissé guider me tétanise. Quel gâchis, alors que pendant ce temps on a pas achetés les quelques excellents opus.

      Non c’est bien « La survivante » que j’ai vu en premier, puis « Jenifer » et « La Maison des sévices », puis deux de la saison 2.

  3. arielmonroe avril 11, 2014 à 18:55 #

    Il se trouve que j’ai vu certains de ses films mais je ne savais pas au début que c’était d’une série

    Celui avec la fille défigurée m’a mis mal à l’aise, on ne sait pas ou va en venir le réalisateur, si ce n’est nous offusquer. Y a un côté moral- punition mais je sais pas si c’est « moral » pour lui.

    La maison des sévices m’a conquis au final. Le film à voir pour mesurer si on a l’imagination assez perverse. Je suis encore dans la moyenne, ça m’a dépassé. Mais il y a une bonne histoire, c’est bien raconté et même si c’est horrible c’est fait avec classe. Je pensais pas apprécier. Je m’intéresse au réalisateur depuis.

    Celui du conducteur est léger et l’idée est bonne mais je l’ai pas trouvé original et c’est un humour déplacé… bizarremment c’est cet épisode la qui me dérange plus. C’est insidieux, comme si le pervers était normal.

    Pas vu tout les autres, c’est pas mon genre mais je suivrais les recommandations.

    • zogarok avril 13, 2014 à 12:16 #

      Oui dans « Serial auto-stoppeur » on rentre subtilement dans un système pervers, contrairement aux autres opus où l’horreur ouverte guette et surgira bientôt.

      Vois « La Fin Absolue du Monde », même si tu n’es pas client, c’est un film important sur la création et le cinéma lui-même, dans la lignée de L’Antre de la Folie. Deux films de Carpenter très inspirants.

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