Archive | octobre, 2013

PRISONERS =+

28 Oct

Rappelant par endroits Mystic River, Prisoners est un drame dépressif, avec sa dose de suspense. On y suit le désarroi des quatre parents de deux fillettes disparues. Alors qu’ils oscillent entre foi et déni de la situation, désespoir et instinct de vengeance, l’enquête avance laborieusement. Pourtant, l’intuition et l’évidence semblent désigner un coupable. Par conséquent, un père de famille excédé et son entourage (le père de l’autre fillette, sa femme) retiennent un présumé coupable, un pédophile à l’intelligence d’un enfant de dix ans, demeurant mutique malgré la pression et le tabassage.

Option réaliste, emphatique, amenant à partager les doutes, exigeant la réaction ou l’attentisme, le choix ou la passivité. Des individus en besoin de clarté, de réponses et de ré-assurance, piégés dans une situation d’attente, empêtrés dans une affaire où ils ont tous à perdre le plus précieux (leur enfant – la mère d’un criminel, le père d’une innocente), en acceptant des blessures qui ne cicatriseront jamais.

Quelque chose est profondément décevant dans ce spectacle de deux heures et demi. Ce n’est pas au rayon thriller qu’il se trouve ; l’ensemble est sombre, raisonnablement tendu, avec son quota de mystères, de fausses pistes. En revanche, pourquoi le film n’assume pas les points de vue qu’il légitime ( »la fin justifie les moyens », fatalité pénible mais logique et nécessaire ; la sanction pour les monstres, si faibles ou malheureux soient-ils), pourquoi n’accepte-t-il pas de confronter avec la violence et ses implications définitives ? C’est la rançon du refus de la tragédie au profit du réalisme sinistre, avec sa pureté présumée. Un choix honnête, mais qui ne suffit pas à l’emporter : la méditation à distance (et le symbolisme conventionnel) suscite plus d’effets (le spectateur peut donner au film les variations qu’il souhaite) qu’elle ne pénètre l’intimité et la vérité des personnages.

Note globale 59

Page Allocine & IMDB  + chronique sur SC

Suggestions… Mystic River + The Woodsman + Zodiac

.

Voir l’index cinéma de Zogarok

.

ALABAMA MONROE =+

25 Oct

Alabama Monroe est un mélodrame voué à séduire en masse et rester dans de nombreuses mémoires. Par son thème touchant et universel (le cancer et la perte d’un enfant), aussi pour ce père pétant les plombs, dont les envolées furieuses et pathétiques suscitent l’empathie, éventuellement l’adhésion (ce sera le cas pour les athées revendicatifs et plus généralement, les défenseurs de points de vues empiriques et rationalistes sur la race humaine).

Le cinéaste belge Felix Van Groeningen était déjà l’auteur de La Merditude des Choses, où il s’intéressait à des damnés de la terre. Cette fois, il met en scène de braves gens hors des routes communes, en fusion dans leur cocon. Mais pour ce tandem de musicos, la maladie puis la mort de leur fille viendra rompre l’idylle. Les parents sont face à leurs responsabilité partagées (elle se refuge dans le spiritisme), devant la fatalité et la mise à l’épreuve de leur union ‘alors que la séparation métaphysique est accomplie).

Le feel-good movie malheureux opère alors des allez-retour entre le présent plombé par le drame ; et le passé, avec leur rencontre et le développement de la relation. Le tout bercé par des performances de bluegrass (style voisin de la country), dans les bars ou ailleurs, à deux ou avec un groupe. Une fausse note dans ce film charmant, l’anachronisme de son cadre (ère Bush), la fidélité au matériau de base (une pièce de théâtre) s’avérant inadaptée. Dans la même lignée, sa mise en scène assez compassée du rôle des religions et de la recherche ralentie par l’action politique doctrinaire des créationnistes et ultra-conservateurs US.

Note globale 66

Page Allocine & IMDB  + chronique sur SC

 

*
Voir l’index cinéma de Zogarok

CARTES POSTALES DU GROTESQUE ACHEVÉ – DIVINE, LES MORCEAUX PHARES

22 Oct

Déstockage de Divine. Ne vous fiez pas trop aux notes, c’est un indicateur mixte. Et, dans le cas présent, fixé selon des critères contradictoires.

*

Divine est un personnage fascinant, euphorisant et immonde. Son mépris incroyable vis-à-vis de son propre personnage ne relève même pas de l’ironie : c’est une bête de rage, de fureur et de haine. C’est le mauvais goût dans son élan le plus disgracieux, le plus infect, abject et antipathique ; c’est inouï, malpoli, refusant tout compromis. Il y a quelque chose d’achevé, d’absolu, dans cette attitude surgie du chaos et condamnée à replonger dans le néant.

*

Cet article est sans doute celui qui exposera les pires atrocités depuis la chronique sur la saga Guinea Pig. Autre registre, autre méthode, mais l’ambition et le résultat sont les mêmes : performances au nihilisme effréné, allégorie de la décadence en action, emphase totale avec des pulsions de dégénérescence et d’impureté jusqu’au-boutiste.

*

Divine, le travelo obèse qui passait ses journées à se titiller le nombril en le barbouillant d’éclaboussures de merde flétries. Il ne reste plus rien de ses passages, on en sort pantois, repus et brouillé.

*

Cet article fait suite à « L’Antifemme Opulente ».

I’m So Beautiful, le titre-phare de Divine, a déjà été traité sur la Blogosphère.

*

*

DIVINE – YOU THINK YOU’RE A MAN (LIVE AUSTRALIA TV) °+° = *****

Répugnant et dantesque, You Think You’re a Man est une sorte de new wave rudimentaire, avec échos minables, effets d’un kitsch inconvenant, agressif.

Le clip, avec ses prises de vues rapprochées des plus glauques, arbore un petit côté Cruising pas trop fauché. Divine cantatrice dans les zones d’agonies crapoteuses… Il faut bien avoir été confronté à un puritanisme oppressif et mal digéré pour aboutir à une telle représentation. Le dégoût du sexe, du corps des femmes et du désir des hommes, est criant même s’il n’est pas consommé explicitement.

Cette vidéo pour la TV australienne se montre plus exubérante. L’entrée de Divine, d’une beaufitude monumentale, accueillie par une choré gay ringarde au possible, puis tous ses déhanchés bourrins (faussement hytériques) surpassent en dégueulasserie la vidéo précédente, jetant peut-être même, pour un moment, dans l’ombre son monstrueux I’m so Beautiful.

Cette prestation de Divine est son sommet. Putride, effroyable, définitif : le trash à découvert.

*

*

DIVINE – BORN TO BE CHEAP *** (4sur5)

Born to be Cheap : le chant qui la résume parfaitement, son étendard, dionysiaque acrimonieux, au nihilisme typique. A voir pour la fureur, pour cette hargne et cette rage quasi surréalistes.

Dans un contexte où elle est raillée sans détours, Divine s’exécute pourtant parfaitement, au mépris des circonstances et du climat dominant. Mais au lieu de simple souci de  »s’assumer », propre des parfaites créatures ratées masquant leur désespoir par une sur-valorisation d’elles-mêmes vaine et insipide, Divine  »assène », elle affirme ce qu’elle est, clame sa laideur et réclame, non pas la reconnaissance, mais la liberté de jouir de cette misère, au détriment du bien commun, de l’harmonie et des humeurs voir de la santé collective. Divine, icône libertaire et régressive, ne respecte aucune culture : elle est toute la culture qui soit.

Le contexte restreint, voir élude un peu, la dimension morbide du délire, la pulsion de vie paradoxale du personnage, polit un peu la façade décadente de la démarche, mais ce face-à-face crâne avec sa fin en soi [entre racolage et intimidation] en affirme pourtant, sans doute pas tout, mais beaucoup de la substance.

Sinon, la musique est plutôt immonde mais Divine est là, avec ses facéties étranges, à l’instar de ces petits pas improvisés.

*

*

SHOOT YOUR SHOT *** (4sur5)

Assurément l’un des chefs-d’oeuvres du personnage et une perle trash de façon générale. Shoot your shot, soit l’équivalent de…  »tires ton coup », assommante et hallucinante balade aux confins d’on ne sait trop quoi, fut un carton chez les Allemands en 1983 [la drag-queen plaît davantage en Europe].

Il y a ce son  »psyché » brinquebalant du début, avec rideau de fumée, une atmosphère décalée et absurde qui ne font que préparer le terrain à un moment de solitude assumé au-delà de toute raison. Le filmage panoramique est sans concession, Divine pas moins à son propre égard.

*

*

WALK LIKE A MAN *** (4sur5)

Encore ces effets  »psyché » atrocements cheaps : look at like everything radiates in the sky, mais attendez trente secondes avant [le choc] que surgisse Divine et sa voix plus éraillée que jamais. Walk Like a Man ressemble à un bad trip épuisant ; la musique obstinée et sans motif est entêtante malgré elle.

Divine se traîne dans la boue en entraînant avec elle les avatars d’une imagerie précaire, mix improbable entre Ouest sauvage et Petite Maison de la prairie. C’est en fait tout Divine : réinventer les acquis, atomiser la culture, s’attarder sur les restes.

*

*

LOVE REACTION ** (1-1-2sur5)

http://www.youtube.com/watch?v=Fx7Hdj3wIQo&feature=related

Sorte de phase de  »maturité » pour Divine, plus sobre que d’habitude, dans la maîtrise. Dans le clip, elle apparaît en diva marginale assumée, pas au top de sa forme. La bêtise est pleine et entière, mais le ton moins trash. C’est un petit dégoulis, pénible à suivre jusqu’à son terme car sa nullité est objective et guère passionnée, ne se traduit pas par des jaillissements horrifiques ou libidinaux mal placés.

http://www.youtube.com/watch?v=mYTYvWpApi4&feature=related

Après l’épure, la version naturelle. Dans la version live, Divine arbore le costume d’un Michou hardcore. Sans calcul. Elle sursurre ou hurle, le résultat est techniquement désastreux et le contexte minable. L’ensemble dégage la puissance d’un spectacle de majorettes première année, sauf qu’à la naiveté et la sincérité s’ajoute la dégénérescence et la sueur. Immonde, mais pas dégueux. Nul, simplement. Un peu pathétique, quoique la transparence de Divine rende son humanité laide, parce que vierge, trop candide pour être tenue en estime. C’est trop, parce que maintenant c’est vraiment l’enfer et la crasse, sans espoir de rédemption.

http://www.youtube.com/watch?v=4Wk1zm9qkjc

On peut se rabattre sur le titre officiel, exploité commercialement, qui constitue peut-être le seul morceau sérieux de Divine. Pousser le vice jusqu’à prétendre qu’il est le seul à être potable est trop pervers pour moi. Mais ce re-pompage du Blue Monday de New Order est néanmoins audible, à l’image de la créature immonde tout en étant plus lisse et raffiné.

*

*

HARD MAGIC * (2sur5)

A condition d’être influencé par des matières autrement toxiques, le clip est drôle quelques portions de secondes pour son esthétique grand-guignole. Mélodie plus monocorde, degré zéro, Hard Magic est moins menaçant que les standards de l’icône trash, quoique très flippant tout de même : Divine en icône sexuelle pataugeant dans son bac à sable avant d’être l’objet de jouissance d’affreux vilains sauvages. Très beauf (d’ailleurs, les gros plans scabreux abondent), très  »particulier ». Un exercice de style presque curieux, mais douteux jusque dans la cohérence du personnage : en clair, il y a ici des choses qui n’alimentent en rien son univers et paraissent même hors-propos. Encore un effort avant de répondre aux critères de MTV, puis peut-être…

*

*

JUNGLE JEZIBEL * (1sur5)

Lorsque je compare cette chronique à Guinea Pig, ce n’est pas tellement par hasard. Dans Flowers of Blood et The Devil’s Experiment, une femme est sacrifiée à un théâtre morbide organisé par des hommes, un spectacle gratuit et odieux offrant un individu réduit à son état le plus primal, diminué et humiliant.

Avec Divine, c’est la même chose. Elle ôte toute décence, tout honneur à son personnage, lui interdit même la vie. On croirait assister à un extrati de Strip-tease, en plus glauque. Dans cette vidéo (réalisée au club Hacienda en 1983, comme pour l’extrait similaire de Love Reaction), Divine touche le fond. Pour ceux qu’intéresse les abymes et qui tendrait bien la main, à moins que ce soit pour un peu plus l’enfoncer, à des putes borderlines à la médiocrité et la vacuité tragique. Attention c’est vraiment, vraiment minable, presque énervant. Ou quand après avoir tout rasé, annihilé les émotions des spectateurs, Divine se transforme en petit incitatif à la colère. 

*

SCHIZOPHRENIA – LE TUEUR DE L’OMBRE (ANGST) +

18 Oct

Labellisé « based on a true story », film-fétiche et influence majeure de Gaspar Noé (Seul contre tous, Irréversible), Angst ( »anxiété »,  »angoisse ») est pompeusement rebaptisé Schizophrenia, le tueur de l’ombre pour le marché français. Longtemps inaccessible, Angst a été réanimé par une diffusion à Gerardmer en 2006, puis par sa sortie inédite en France, par DVD cet été 2012. Confondant son récit avec le quotidien d’un serial killer, façon Deranged ou Maniac, Angst jouit d’une aura certaine. Gerard Kargl y filme Erwin Leder quasiment en direct : il n’y a quasiment aucune ellipse, quasiment aucun dialogue, essentiellement le long monologue du psychotique fraîchement sorti de prison et son déchaînement meurtrier.

Parfois syncopée, la réalisation alterne entre prises de vues à la grue (contre-plongées surplombant la situation) et plans rapprochés sur le personnage. Schizophrenia n’est pas dans la fièvre ou l’exubérance. Il montre un tueur froid, impulsif, aussi sinistre pour lui-même que pour les autres, dévoré par ses pulsions et obsessions, mais somme toute peu agité : il est perturbé, mais son malaise est inerte, son ressenti stable.

Par ses pensées confiées à l’oreille du spectateur, il expose son histoire, qu’il tronque non pas en motif de crime, mais en prétexte à subsister. Le jeune homme évoque ses « plans », terme lui permettant de réduire toute la portée émotionnelle et instinctive déployée ou probablement perçue, sous une chape d’autisme différent. Spectateur de sa propre nature, commentateur désincarné de ses schémas internes atones et répétitifs, il reste figé dans un dialogue interne compulsif et inlassable, même lancé dans l’action la plus débridée.

Un aspect capital de Schizophrenia doit être relevé : jamais le film n’entre dans la psyché du personnage. Il reste à la porte, s’accommodant de commentaires qui sont à peine des descriptions fugaces. Les limbes de son esprit n’existent pas, pourtant la quasi-intégralité des critiques, chroniqueurs, experts, cinéphiles et curieux prétendent, à tort, qu’il s’agit de cela. Or Schizophrenia est dans approche pragmatique, simple, sèche… mais totalement sacrifiée au personnage. Le film est empathique, mais avec un être totalement vide. La psyché du personnage ne trouve pas sa place, car elle est pauvre et minimaliste ; or le personnage est transparent et, pour le spectateur placé dans une situation de communion avec les pensées du tueur, volubile. Ses flux internes sont sans entraves et s’expriment ; mais ses paysages mentaux sont absents, lui-même les ignore. La vraie hallucination, c’est ce réel totalement surréaliste, primal, qu’il offre à la vue. C’est une psychose blanche, terne à l’intérieur et Schizophrenia capte cette condition, d’où sa fascinante étrangeté, sa banalité totalement éclatée. Pas une once d’élans psyché ou même psy là-dedans, pas d’onirisme ni de flou artistique même chez le tueur : juste la réalité la plus absurde, lointaine quoique évidente. Cette horreur pure est aussi expressive et baroque qu’un voyage au bout de l’enfer : c’est une échappée hors du réel factice, auprès d’un théâtre ou joue un esprit lisse et brisé en roue libre. Pas dantesque, presque insignifiant ou trivial par endroits, mais impressionnant.

De ce fait il manque, outre les envolées gores, les overdoses de tourments, les obsessions criantes, les bouffées malades de Maniac. Le tueur d’Angst a sa mythologie, mais elle ne le dévoile pas complètement, s’appliquant plutôt à représenter ses effets sur l’environnement et la façon dont le tueur régule ses perceptions. Sauf que l’écriture de Schizophrenia est son grand défaut : l’approche clinique est caricaturale ( »expertise » bien approximative pour épilogue), la genèse est grossière et l’ensemble parsemé d’élucubrations sentencieuses manquant d’envergure. Mais pas de crédibilité. Agaçant et peu divertissant (ou trop paradoxalement), mais frontal, Schizophrenia est en vérité un documentaire romancé. Un documentaire avec sa richesse naturaliste et ses aspects plombants ; un vrai documentaire car il révèle que les vérités les plus trashs ou réprimées sont parfois plus creuses qu’on l’aurait souhaité.

Schizophrenia est l’absolu principe de réalité, compensé par une stylisation appuyée mais sans mystère. C’est un film assez fascinant (dégoûtant éventuellement, n’effrayant et surtout ne stressant jamais), heurtant logiquement l’esprit des publics peu initiés au cinéma underground, mais, pour des raisons d’époque comme de cinéma, il ne perturbe pas comme peut le faire A Serbian Film ou un faux snuff. Il amène à la terre tout en dissipant le flot de la vie, les exigences quelconques. C’est une sorte de délire mutique et carré, avec une caméra à la fois voluptueuse et premier degré, paré d’un certain aspect comique, car ce réel-là est désigné dans ce qu’il a de bête, précis et définitif.

Tout en flirtant lourdement avec la science pathologique et les emportements verbeux, Schizophrenia est d’abord l’observation minutieuse, élégante et brut de décoffrage d’un cas psychotique dans un contexte donné. Ce rapport rachitique au personnage et à sa démence peut inspirer un état d’hypnose : Schizophrenia est à la fois sans recul et totalement impliquant, neutre mais vaguement épicé, par la partition musicale électro-funèbre et monocorde de Klaus Schulze comme par les assertions lapidaires ou la sophistication des personnages, tous incarnés, limités et exaltés par leur physique entre grotesque et beauté radieuse (qu’il s’agisse de la vieille ou de la commerçante). Une plongée dans un environnement catapulté par un tueur. Si Henry (sorti plus tard) est plus cinglant et constitue une authentique  »exploration » des abymes, Schizophrenia n’appartient qu’au tueur. 82 minutes totalement abandonnées à un psychotique, sans la moindre intervention.C’est trop simple et net pour être  »déviant » ou même complaisant, le tueur n’est pas assez pervers pour créer une intensité physique et mentale éventuellement générée par Guinea Pig, mais c’est un chef-d’oeuvre de brutalité glacée. Soigné, limpide et dépassionné.

Note globale 74

Page AlloCine 

*
Voir l’index cinéma de Zogarok

PLAYLIST ZOGAROK n°8

16 Oct

CAMILLE SAINT-SAENS – HYMNE A VICTOR HUGO *****

*

NEXUS – NEXT ****

*

SIOUSXIE AND THE BANSHEES – ISRAEL ****

*

SERGE GAINSBOURG/CATHERINE DENEUVE – DIEU EST UN FUMEUR DE HAVANES ****

*

ORMATIE – AMERICAN GIRL ****

*

THE CURE – THE FUNERAL PARTY ***