1612 =+

27 Juil

Vladimir Khotinenko est un peu le Jean Dréville contemporain (et non la Léni Rifenthal de l’ère Poutine, comme certains le suggèrent – nouveau Eisenstein, ce serait encore beaucoup lui accorder). Sa carrière toute entière converge vers la célébration de l’histoire russe et il a plusieurs épopées filmées à son actif. Commandé par le Kremlin à l’occasion d’une Journée d’unité nationale, 1612 choisit une approche romancée de la libération de Moscou et de la fin de la domination polonaise. Considéré comme un film de propagande par certains médias américains, 1612 est totalement inconnu du grand-public occidental, à l’instar de l’ensemble de l’œuvre de Khotinenko, pourtant équivalent (en terme quantitatifs) d’un Luc Besson ou d’un Spielberg en Russie. Les quelques cinéphages le découvrant (généralement par le téléchargement) depuis 2007 le considèrent comme un film d’action historique, à raison, et les opinions tendent à reconnaître au film beaucoup de qualités formelles, sans prêter d’attention au sous-texte avéré ou aux intentions présumées.

Si 1612 peut être tenu pour subversif, c’est dans les valeurs qu’il promeut. Goût de l’héroïsme, patriotisme, force et courage y sont des leitmotivs. Les personnages sont axés sur des quêtes les dépassant, confondant parfois leur destinée ou leur volonté de revanche ou d’affirmation avec celle de leur environnement : en cela, 1612 tient du nationalisme organique. La vision romantique n’omet pas les souffrances ni les sacrifices, mais elle tend toujours vers un but libérateur. L’esprit de droiture, l’idéalisme, le souci de la cause collective à défendre et d’une sagesse à construire marquent profondément le film et la trajectoire de son héros, même s’il est d’abord un divertissement ambitieux.

Film-fleuve (2h23), 1612 est cheap et titanesque à la fois. Cocktail d’aventures intenses, de violence acharnée, de rapports de force pragmatiques et de lyrisme mesuré, c’est une sorte de mix kitsch et sophistiqué entre Gladiator et Braveheart, par endroits complaisant à la limite du racolage mais riche et inspiré. Le style est rodé et puissant, mais pas foncièrement original, accusant même une propension au clippesque voir aux cauchemars trashs. Étoffé, 1612 sait être multi-genre (on flirte avec l’ésotérisme, le conte initiatique, la romance et même le buddy-movie guerrier), mais manque néanmoins de profondeur dans sa peinture des caractères (sans doute tenus pour des petites lignes). Esthétiquement et au-delà des aspirations spirituelles ou sociales, 1612 est un programme clinquant, assez fonctionnel, bucolique mais calibré. C’est une réussite objective qu’une vision originale rend plus attractive encore.

Note globale 64

*

Fiche allocineIMDBCommeauCinema   + Zoga sur SC

*

Une Réponse to “1612 =+”

  1. selenien août 12, 2013 à 12:26 #

    Alors là moins d’accord… D’abord ce film est annoncé comme un film historiquement fidèle… Cependant le film n’a d’historique que son époque de référence. Ensuite on frôle trop souvent le ridicule notamment avec les scènes mystiques (la licorne). Les acteurs sont franchement limite… il s’agit d’un téléfilm russe de luxe sans base solide malgré son ambition, trop grande ambition pour un réalisateur sans talent… 1/4 de justesse

Laisser un commentaire