LA CITADELLE ASSIÉGÉE +

25 Jan

Aussi appelé Micropolis, ce docu-fiction de Philippe Calderon met en scène la lutte de fourmis magnan contre des termites, insectes aveugles formant des sociétés de caste selon leur morphologie. Ébranlée par une pluie tropicale, la tour des termites est assiégée par la colonie voisine, faite d’une race de carnassières. La guerre se déroule dans la savane au Burkina Faso, où le tournage a effectivement eu lieu, sauf pour quelques artifices narratifs et macro-plans. Par sa proximité avec les insectes (utilisation du boroscope, technique neuve en 2006), La Citadelle Assiégée rappelle Microcosmos, « conte naturel » très ambitieux tourné en 1996.

La différence essentielle est dans le récit : La Citadelle est à la fois un documentaire accompli, assorti de commentaires (voix-off assurée par le doubleur de Morgan Freeman, Benoît Allemane) et une fiction resserrée, avec trame unique. Le style est vif, fait de balayages rapides mais soigneux, entrecoupés de points de vue dramatiques, montrant la sévérité des enjeux ou des lois de ce monde intra-terrestre. Le parti-pris est ouvertement en faveur des assiégés, bâtisseurs à la puissance tranquille dont l’ordre spontané est souligné avec emphase. Les créatures ne sont toutefois pas humanisées, leurs contributions sont organiques et inconscientes ; il n’y a que des « automates » à l’association triomphante. Calderon respecte la spécificité animale en ce sens, en forçant des événements calqués sur la réalité.

Le ton est assez grandiloquent mais les commentaires respectent la vérité de leurs sujets. Certains parallèles avec les règles des hommes ou leurs organisations sociales sont suggérés, mais moins porteurs que le montage d’un thriller animalier. Il faut toutefois attendre l’assaut pour accéder à une franche intensité, les deux premiers tiers tenant plutôt de la balade aux justifications hybrides et harmonieuses, au milieu des termites dont nous sommes les hôtes invisibles. Cette façon de montrer aux spectateurs un peuple et ses habitudes apporte un souffle épique et une contenance solide aux événements, comme si une petite civilisation, éclairée et productive de surcroît, était en péril. La Vallée des fourmis perdues, adaptation de la série Minuscule, rejouera en 2014 un face-à-face du même ordre (fourmis rouges vs fourmis noires), dans un registre ouvertement fantaisiste cette fois.

Note globale 74

Page IMDB + Zoga sur SC

Suggestions… Eden Log + Phase IV (1975) + Félins (2012) + Un jour sur Terre (2007) + District 9 (2009) + One Life/Vivre (2012)

Scénario & Ecriture (4), Casting/Personnages (3), Dialogues (3), Son/Musique-BO (3), Esthétique/Mise en scène (4), Visuel/Photo-technique (4), Originalité (4), Ambition (4), Audace (3), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (3), Pertinence/Cohérence (4)

Note ajustée de 73 à 74 suite à la modification générale des notes.

Voir l’index cinéma de Zogarok

.

Laisser un commentaire