MIDWAY =+

10 Nov

Pearl Harbor est récurrent dans le cinéma de guerre américain mais la bataille de Midway était un épisode rarement cité depuis 1976. Bien que les capitaux soient principalement allemands et chinois, car Hollywood serait réfractaire à illustrer une telle bataille d’après Roland Emmerich, les autorités américaines ont validé le film en permettant l’accès de l’équipe de tournage à des sites historiques comme la base de Ford Island. Avec les efforts concluants des décorateurs le film en tire une certaine authenticité, apte à compenser l’angle par lequel il sera le plus facilement attaqué : le tournage en studio (à Montréal) et les effets numériques seront évidents et probablement gênants pour les yeux exercés et les techniciens.

Si on est pas accaparé par ce filtre, le film a de fortes chances d’être captivant et les scènes en avion excellentes. Le cinéma d’Emmerich est peut-être pompier mais il est sûrement efficace – il l’était déjà pendant les deux tiers d’Independance Day, avant de succomber à la crétinerie. Dans sa catégorie Midway est comparable à Dunkerque mais pas aussi radicalement choral. Par son dispositif et son scénario il est moins ample, son passage en revue est moins fin. Historiquement il est certainement moins approximatif, mais là-dessus Midway profite d’une certaine modération alors que son prédécesseur prenait mécaniquement des risques avec ses ambitions quasi didactiques. Et contrairement à beaucoup de ses concurrents surtout quand ils se font partisans ou démonstratifs (spécialement quand il s’agit de cette guerre mondiale), Midway se soucie d’exactitude pour ses représentations mineures : les anecdotes personnelles sont véridiques et les étrangers parlent dans leur propre langue. Enfin sur le terrain de l’action et de l’émotion Midway concurrence largement le film de Nolan.

Il y a bien des scènes lourdes de camaraderies ou de larmes coulées dans la dignité, mais elles sont rapides et propres (au départ Ed Skrein et Kleintank en font des tonnes mais après tout ce sont de jeunes américains déterminés, primaires et insouciants). Jamais le film n’en rajoute dans les faits extraordinaires ou les moments compatissants, ni ne romantise ou s’attarde sur les vies privées. Ses architectes savent que le matériel est déjà suffisamment consistant. L’ennemi en profite puisqu’on s’abstient de le ridiculiser, ce qui est bon pour tous ici comme en général. Avec cet aplomb et cette simplicité Midway montre une façon percutante et relativement honnête d’esthétiser l’histoire guerrière d’une nation particulièrement belliqueuse sur le long-terme (qui n’a donc pas eu qu’à réagir à des provocations). Il faudrait toutefois que la guerre tâche davantage et que les stratèges aient moins de temps d’exposition pour avoir l’impact ou attirer la sympathie que pouvait générer Du sang et des larmes.

Note globale 68

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