FUNNY HA HA *

3 Juil

1sur5  Y aura-t-il un glissement du rire vers le drame, une usure du rire, le long de ce film ; son premier abord n’est-il pas trop niais et décontracté, déjà porteur des germes de la remise en question (sinon de la mélancolie) ? Redescendez tout de suite cette pochade sera toujours en-dessous de tout ce que vous avez pu planifier, en revanche elle est méchamment significative et agréablement sûre d’elle-même. Cette bouillie au titre d’inspiration trisomique et au contenu trop proche du nul pour être exécrable a pourtant trouvé assez de relais pour qu’on en fasse une figure de proue, voire la première pierre, d’un soit-disant courant : le mumblecore. Ce terme lancé par un ingénieur du son de Bujalski, réalisateur du Funny Ha ha, désigne des films indépendants bavards et dépouillés à tous degrés, décrétant que leur inanité participe d’un style. Prodigieuse méthode de recyclage des ordures sur pellicule dont le public, les cinéphiles et les institutions du cinéma se moquent légitimement, pendant que les clowns du cinéma indépendant américain marqué ‘indie’ se paluchent sur leurs créations indifférenciées et se planquent avec leurs étiquettes grandiloquentes et insipides.

Funny Ha ha n’est fait quasiment que de conversations, avec même un tunnel téléphonique : non chers fauchés ambitieux cette astuce ne dope ni le rythme ni l’attention. Cela dit il ne faut surtout pas s’attacher à la forme dans le cas présent, sinon pour éventuellement apprécier l’espèce d’effort des auteurs consistant à faire des manques une signature artisanale – comme en atteste le générique sur papier. Cet univers est humble, on aura compris ! Et après tout l’absence de musique ajoutée, d’effets de caméra, est souvent appréciable ou du moins pas une entrave lorsqu’on s’écarte des listes ‘A’. Le problème de ce film c’est son amour inconditionnel de la médiocrité. Il ne fait qu’empiler des conversations de débiles modérés et ‘normaux’, étudiants légèrement cultivés et adeptes de contre-culture mais pas trop – ou dépassée ou à la cool. En même temps ils sont soucieux de bien vivre, ces benêts instruits et alcoolos, ces employés de bureau mollement délurés, faux intellos qui ont lâché depuis longtemps (2-3 ans dans le circuit puis plouf, les perfusions Libé/Nouvel Obs/Nova/Rolling Stone prendront le relais). Voilà un peu le genre de peuple d’Ikéa, au milieu duquel trône Marnie, la fille à lubies ; oh, Marnie, la gentille et brave, sans arrière-pensée, du genre vive et formidable mais dans une version très atténuée et pas nécessairement récurée.

Les variétés de bouffons sans grâce autour entrent dans la vie, alors Marnie se rend bien compte que son heure doit arriver aussi. ‘Devenir grand’ dans l’idée du film c’est adopter une vie domestique débile en version égocentrique amorphe affable, tout en se trouvant enfin un conjoint à sa taille. Et ainsi la vie continue, mais elle devient plus adulte ! L’emploi du temps quand on a 25 ans c’est toujours celui d’un grand adolescent, mais MA-TTT-UUU-R-E ! Il se compose comme suivant cette phrase d’introduction très laide et inappropriée mais nécessaire à l’illusion de propreté et de sérieux (persistante dans l’âme pourrie des ouailles débiles d’usines à remplissage des crétins domestiqués) que je vous présente : 1) soirées, 2) récupérer les torchés, 3) se caser et travailler, sachant que la troisième option doit prendre de plus en plus d’importance avec le vieillissement, qu’on le veuille ou non, car ainsi va l’espèce humaine (quand elle est avancée bien sûr) ! Il reste à s’amuser de quelques scènes bien grotesques (comme celle du lourdaud au restau), à moins de faire partie des retardés capables d’éprouver une espèce d’adhésion à une telle dégénérescence émotionnelle – le ton étant partagé entre tendresse, compréhension passive et sens des réalités.. troublant. Ces gens feraient mieux de forniquer plus souvent, en se ‘couvrant’ et restant entre eux parce qu’ils sont moches.

Note globale 21

Page Allocine & IMDB  + Zogarok Funny Ha Ha sur Sens Critique

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