TRANSFIGURATION **

9 Jan

2sur5  Énième film de vampires alternatif, garanti sans kitsch ou grandiloquence traditionnelle, orienté intime. Transfiguration sort peu après le français Grave qui portait également sur la difficulté de vivre sa nature de croqueur d’humains et de l’accepter arrivé à l’adolescence. Le ton est très différent, insulaire, gris et pas loin du léthargique, amer sans intensité plutôt que franchement mélancolique ou tourmenté.

Comme dans Un vampire à Brooklyn de Craven la créature vicieuse est noire, ce qui permet de s’écarter avec facilité et à grandes enjambées de l’épicentre dans le registre. Elle se lie à une fille de son âge, ils iront en salles voir Nosferatu, le premier saint-patron du monde où Milo est harnaché et Transfiguration tente d’exceller. Elle est fan de Twilight, lui plutôt adepte de Morse. Lorsqu’on parle dans le film, c’est-à-dire pour l’essentiel quand ces deux-là échangent, les discussions glissent souvent sur les vampires. Milo nourrit la conversation de ses laconismes sur leur vie pratique, tous les deux remplissent la liste des objets culturels sur le sujet (comme True Blood), plus timidement celle des manifestations (pas de références à l’Histoire).

En somme, c’est encore un film ‘pop culture’ mais au premier degré et avec une grande distance – aussi nette que la séparation de Milo avec son environnement et avec le commun des mortels (il est probablement introverti à la racine et certainement désenchanté à l’idée même d’être inscrit au monde – c’est aussi le weirdo solitaire de service, volontiers chahuté). L’apathie est meublée de justesse par cette romance, recours on ne peut plus trivial et par le substrat social – puisque Milo vit à proximité des gangs, au milieu de la misère et est imprégné par l’exclusion. Le film semble vouloir jouer d’embrouilles ludiques autour des représentations racistes, mais abandonne cette envie dès l’exécution du blanc-bec égaré.

Il se présente comme placide et sensible, insère de jolis panneaux romantiques, posés, emportés dans la masse. C’est une sorte de belle ouvrage sans âme, comme Neon Demon, sans en avoir la pertinence ni l’éclat – et pas spécialement belle de toutes façons (contrairement à l’iranien Girl Walks Home Alone at Night ou à l’anglais Only Lovers Left Alive, qui par ailleurs osaient trancher ou décoller), simplement au style appuyé, tendance ghetto sublimé. Les trois protagonistes ne sont pas plus fouillés que le reste des éléments strictement narratifs (à l’arrivée il n’y a à relever qu’une obsession pour le sang), mais les informations laissées et la mise en scène (empathique mais sèche, respectueuse de l’hermétisme de Milo) savent les rendre sympathiques. Le couple relève aussi de l’amitié de nerds, souvent mutiques, à l’écart des foules ou derrière des écrans.

Note globale 46

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… Get Out + Green Room + Moonlight  

Scénario/Écriture (2), Casting/Personnages (2), Dialogues (2), Son/Musique-BO (3), Esthétique/Mise en scène (3), Visuel/Photo-technique (3), Originalité (2), Ambition (3), Audace (2), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (2), Pertinence/Cohérence (1)

Passage de 45 à 46 avec la mise à jour de 2018.

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