A GHOST STORY **

6 Jan

2sur5  Le malheur d’A Ghost Story c’est d’avoir peu de matière entre ses idées de courts-métrages. Ce manque n’est pas la preuve d’une inconséquence. Il reflète à merveille la passion de ce poème aux accents religieux pour le vide ; vide qu’il conviendra d’intégrer et de dépasser, pour le protagoniste devenu fantôme. Le film joue avec les représentations normales dans le domaine : la porte lumineuse, les draps ou nappes, l’attachement ici-bas suscitant tant de tourments – cet attachement aux objets aimés ou réconfortants en devient un à la souffrance. Mieux que jamais elle rappelle à cette âme sa présence au monde, son épaisseur en tant qu’individu.

Les manifestations du fantôme sont rares et discrètes. ‘Bloqué’ dans la maison (par ses sentiments et peut-être par une mission à résoudre, quoiqu’il en soit par des raisons de nature existentielle plutôt que pour des raisons strictement liées à l’administration du cosmos), il essaie ponctuellement d’attirer l’attention de sa femme, puis se montre plus brutal face aux nouveaux occupants. Ses mutations géographiques sont très libres par rapport à la logique – sauf si on admet que la civilisation et l’aventure humaine se répètent sur des centaines de milliers d’années, au point de reproduire de très près les mêmes constructions, bâtiments anecdotiques y compris. Ou bien l’imagination de l’esprit et ses souvenirs sont en cause ? Dans tous les cas la boucle bouddhiste ou un équivalent plus confidentiel semblent orienter le point de vue de post-romantique présidant le film.

Un nerd bourré en salopette jouera les vulgarisateurs par son laïus partant du nihilisme pour chatouiller le grand espoir cosmique – en retombant dans l’aigreur théâtrale fort embarrassante pour les convives. Cette séquence, assez lourde mais permettant de respirer, est l’une des rares contenant des paroles. La plupart du temps il n’y aura que le silence pour accompagner la léthargie douloureuse. Dans les débuts la fille (Rooney Mara, omniprésente depuis Carol) mange pendant trois minutes. Théoriquement la tension monte, l’émotion est contenue ; à la fin elle file vomir. Dans la plupart des autres séquences, point de chute, ou alors pas de cette ampleur (la jolie transformation fait exception) ! Pour les amateurs d’intérieurs ternes et d’atmosphères langoureuses ça peut ressembler à une sorte de paradis. Ghost Story pourrait avoir du sens chez les gens en phase de deuils ‘physiques’ et, dans un registre moins original, chez ceux conscients de leur décalage, coupés ou obsédés par leurs émotions. Toute forme de régression psychologique consentie pourra se sentir illustrée (la claustrophobie est bien ‘dans l’air’).

Note globale 52

Page IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… It comes at night  

Scénario/Écriture (4), Casting/Personnages (4), Dialogues (5), Son/Musique-BO (5), Esthétique/Mise en scène (6), Visuel/Photo-technique (7), Originalité (5), Ambition (7), Audace (6), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (3), Pertinence/Cohérence (7)

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