KONG : SKULL ISLAND =-

18 Mai

Cette résurrection de King Kong (l’original date de la faste première période des ‘Universal Monsters’) participe à l’établissement d’une nouvelle licence de Legendary Entertainment et Warner Bros : ‘the MonsterVerse’. La bête immonde née en 1933 fera face à un Godzilla retapé dans un blockbuster prévu pour 2020, après avoir eu son propre opus. Les gros moyens sont de sortie, tous les arguments sont de surface et peu travaillés. L’absence de charisme de la troupe d’acteurs est le plus navrant. Ils sont petits et stéréotypés au départ, puis deviennent incongrus, d’un ridicule sans charme (sauf les deux excentrés : C.Reilly et SL Jackson). La journaliste est d’une telle inanité qu’on ne la relèverait pas si elle n’était présumée objet de fantasmes par les monteurs. La séance photo capturant les indigènes est édifiante sur l’allègre connerie générale (avec son exotisme et son idéal de ‘rencontre’ façon pub d’agence de voyage). Le mauvais goût le plus flagrant et ‘premier’ se verra lors des envolées de photoshopages lyriques (avec Tom Hiddleston en pseudo-badass promu romantique).

L’inconséquence du scénario est compensée par l’énergie très ‘compulsive’ menant la barque. Le film sait déborder sans s’engager trop loin, se montre efficace aux rayons action et comédie – ce dernier étant bien garni avec John C.Reilly (le pétomane gracieux dans Frangins malgré eux). Les auteurs et décideurs de Skull Island ne semblent pas toujours prendre l’affaire au sérieux ; en cause, un faible souci de profondeur voire de crédibilité, plutôt qu’un ‘second degré’ (conventionnel) accompli (sauf pour les répliques d’étonnés – « oh fuck/bloody shit » style). C’est l’état d’esprit propice à l’aventure, sans garantie de résultats, tributaire de ce qui se présente et s’anime. En l’occurrence, on croit pas ou peu à ces personnages, à leurs exploits. Quand ils causent et trépignent, le film chute ; au clash, à la découverte, dans la course, il s’apprécie. Les créatures avec leurs happenings offrent les plus jolis moments – malheureusement ce beau bestiaire n’est employé que pour des confrontations (one shot pour toutes, sauf le grand gorille et ses antagonistes les sauriens à deux pattes). Mais un tel produit ne pouvait rien oser de plus. Toute sensibilité est empruntée, elle est morte-née quand elle veut pencher vers la gravité.

Ainsi Kong est ‘humain’ au fond ; il est capable de retourner sa veste et défendre ceux qu’il a défoncés à l’arrivée. C’est aussi opportuniste et penaud que les grands airs de Packard, vieux con dur et hostile joué par un Samuel Lee Jackson stérile (car trop fort et singulier) dans son costume. Pour être autre chose qu’un divertissement de second ordre, se détacher ou simplement s’affirmer, Skull Island aurait dû aller dans le cartoon qu’il tutoie dès qu’il va au bout de ses libertés (par exemple, avec le vain sacrifice avant le dernier grand combat, ou encore l’épilogue ‘retour du héros’). Il aurait valu La Momie, Pacific Rim ou les succédanées d’Indy, soit pas nécessairement grand-chose, mais un peu plus qu’un mastodonte bouffi. Ce programme sonne trop ‘faux’ à tous les étages pour être plus qu’efficace dans ses (nombreux) moments de débauche. Kong attaque les hélicos, eux continuent de tourner autour, à la même altitude.. pour des résultats évidents et vite barbants. Les échos à la guerre du Viet-Nâm et surtout aux films à ce sujet arrivent à être obèses et transparents à la fois (même les marais n’ont aucun effet). L’amertume des militaires, leurs galères dans une moindre mesure, sont censées travailler un arrière-plan psychologique, pendant qu’on s’attelle sans conviction à la gaudriole et au Bay animalier.

Note globale 48

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions…

Scénario/Écriture (1), Casting/Personnages (1), Dialogues (2), Son/Musique-BO (2), Esthétique/Mise en scène (2), Visuel/Photo-technique (3), Originalité (2), Ambition (3), Audace (2), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (3), Pertinence/Cohérence (1)

Passage de 47 à 48 avec la mise à jour de 2018.

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