KILLER JOE +

28 Mar


Killer Joe est une comédie grinçante de William Friedkin, délivrant ici une œuvre bien plus explicite et jubilatoire que ses productions habituelles. Killer Joe relève du trash social, une étiquette plutôt qu’un genre, où se bousculent Bernie comme Pink Flamingos, ou un cinéma plus critique ou revendicatif. Killer Joe n’est pas dans cet esprit là, ni farce ni brûlot. C’est une fantaisie plantée dans une réalité sale mais vraie. Pas celle de l’Hollywood humanitaire. Et en même temps, c’est anormal et pittoresque, comme l’est quelquefois la vie des invisibles, à force d’écumer l’arrière-monde.

Killer Joe se passe chez les déshérités dégénérés donc, où le tueur à gages Killer Joe déboule en sauveur pour tuer la mère (qu’on ne voit quasiment pas) qui possède une grosse assurance-vie à même de soulager Chris de sa dette. Mais il faudra trouver une astuce pour payer d’avance le Killer Joe, ou lui fournir une équivalence.

Killer Joe est une tragédie. Hilarante, obscène. Ce qui traverse le film, c’est un déni fragile du désespoir, à l’image des personnages s’enivrant dans la violence et le confort de la crasse. Friedkin n’apporte pas de deus ex machina, ni d’illumination. Il montre ce petit monde s’enfoncer dans l’horreur. Les Smith ne sont pas responsables d’avoir atterri ici, mais ils sont bien les déterminants de leur vie et les acteurs de ce piège. Trop malchanceux à la base, puis trop cons aussi.

Il y a des allures de documentaire pittoresque dans ce Killer Joe. Un reportage placide sur des événements hystériques. La séance est prodigieusement ambiguë, frontale. C’est l’œuvre d’un analyste spirituel et effroyablement sévère. Un cartoon anti-Tarantinesque.

Note globale 73

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