SEANCES EXPRESS n°7

2 Oct

> Assassin’s Creed Lineage*** (64) action-historique USA – Court-métrage

> Alone** (60) épouvante Thailandais

*

ASSASSIN’S CREED LINEAGE ***

3sur5 Pour les éventuels hibernatus ou nouveaux-nés surdoués, Assassin’s Creed est un jeu-vidéo internationalement reconnu (et dont est sorti en début d’année la troisième version), en particulier pour l’univers parcouru par ses adeptes. En 2009, Yves Simoneau (réalisateur de la série V) est chargé par Ubisoft de réaliser un court-métrage, voir trois courts finalement réunis en un. Prologue de Assassin’s Creed seconde mouture, Lineage propose une visite de Florence de 35 minutes en 1476, au milieu de complots, de cérémonies gâchées et d’actes de bravoure.

La plupart des décors sont des transpositions directes issues du jeu-vidéo ; le résultat est esthétiquement somptueux, pourtant, peut-être heurtés par ce qu’il est envisageable de considérer comme un repompage (sauf qu’il s’agit d’auto-repompage…), beaucoup de fans l’ont trouvé laid et rigide. L’intrigue est boursouflée, le ton hypertrophié, dramatique et décisif : c’est racé, superficiel (voir vacant) et flamboyant, parfaitement kitsch et élégant.

D’un point de vue totalement déconnecté de tout contexte commercial ou de toute franchise, Assassin’s Creed Lineage permet de montrer l’envers du progrès et de la croissance d’une époque, exhibant les zones de résistances des ténèbres et des pratiques archaïques. Les jeux de pouvoir, les passions et les haines, ont plus d’allure dans un décors grandiose, au milieu d’une civilisation souveraine et irradiante.

La réception a été mitigée et les critiques concentrées sur l’acteur campant le personnage principal (Ezio), jugé inapproprié voir transparent. Pourtant, Lineage est un potentiel excellent brouillon de blockbuster haut-en-couleur. Plus de chaire chez les personnages et entre les murs des fastes monuments, autant de lyrisme et davantage de forces contradictoires en présence (autour du héros), peut-être une narration mieux sinon plus chargée et l’affaire est conclue. Nous verrons cela avec le film  »officiel » prévu pour 2014, avec Michael Fassbinder en tête d’affiche.

Note globale 64

Page Allocine  + Zoga sur SC

Suggestions… Blood, the Last Vampire

*

*

ALONE **

3sur5  Sorti en 2006-2007, Alone fut une confirmation pour les réalisateurs du stylé mais timide Shutter, de leurs talents comme de leurs limites. Tout aussi froid mais largement plus « organique », Alone est très semblable à son prédécesseur : assez standardisé dans la forme mais raffiné dans ses manières, avec une dose d’originalité et d’humanité dans son approche. Mais tout ce qui trouvait ses limites dans Shuttle semble s’épanouir ici : si Alone semble moins réfléchi, moins bien huilé, il est aussi plus fluide,  »percutant » voir grandiloquent. Même s’il y a toujours un défaut de profondeur (et à nouveau un personnage masculin un peu lent aux côtés de l’héroïne), ce second opus dépasse les carcans (sans doute les auteurs se font-ils plus confiance), pour s’octroyer une dimension sentimentale un peu à la manière du Pensionnat.

Wongpoom et Pisanthanakun se placent loin de l’horreur brutale ou du côté cheap de ces pitoyables ersatz parcourus par des sosies de Sadako. Pour aborder leur sujet, ils choisissent d’installer le spectateur dans l’intimité d’un personnage, à partager son drame et l’accompagner dans son voyage rétrospectif. Passé le très joli premier quart-d’heure au rythme mélancolique, les petits-maîtres font la démonstration d’une certaine science de la montée de tension, narration fine et mise en scène élégante à l’appui. En tant que film d’épouvante, c’est un bel objet. En tant que drame et descente aux enfers, c’est une franche réussite, plutôt émouvante de surcroît.

Plus connu en Occident mais pas aussi salué que Shutter, Alone est devenu (là-bas) une petite référence de l’horreur asiatique. Pourtant ses effets sont issus d’un catalogue très identifiable (hallucinations gores, sentiments de  »présences » et liquéfactions devant des dangers plus ou moins avérés), mais appliqués avec inventivité (et quelques échappées oniriques très expressives). Alone se mêle sur le terrain du film de fantôme classique, en en respectant les coutumes, mais pour le tirer vers une œuvre autonome, ayant plus à voir avec un roman filmé, l’efficacité et les stimulis en plus. Écrasant toute la flopée de navets du genre, Alone accuse cependant un manque. Il a tous les atours du film respectable mais tend à s’engourdir dans la répétition de schémas et de recettes virtuoses mais transparentes : ainsi les co-réalisateurs ne peuvent s’empêcher de recopier l’armature de Shutter, usant de procédés de film d’investigation vouées à aboutir à une révélation-choc remettant en cause tout le sens de ce qui a été perçu jusqu’ici. Cela dit, si le principe est assez grossier, encore une fois l’expression est plutôt exquise : de la même manière, Alone frappe par sa puissance poétique, mais est atrocement candide dans ses approches « psychiatriques » (avec là encore un repli évident : en effet, c’est partiellement délibéré, puisqu’il s’agit aussi de disqualifier la science devant le surnaturel). 

Note globale 60

Page Allocine   + Zoga sur SC

*

Séances Express : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 8

Voir l’index cinéma de Zogarok

2 Réponses to “SEANCES EXPRESS n°7”

  1. Voracinéphile octobre 2, 2013 à 23:34 #

    Oho, voilà des choix inattendus (quoique j’avais déjà lu quelque part ton avis sur Alone, film de fantôme assez joli, mais finalement commun pour la trame principale. Reste de splendides séquences horrifiques avec un fantôme bien géré, quoique peu effrayant (une fois qu’on a assimilé le code de la femme aux cheveux longs et noirs, difficile d’être encore surpris). La fin est heureusement plus mouvementée que prévu, histoire de laisser un petit souvenir au spectateur.

    Quant au premier moyen métrage, je l’avais vu lors de sa sortie. L’univers m’est étranger, les circonstances aussi, mais le résultat tenait la route graphiquement. Avec un scénario un peu intelligent et quelques scènes de bastons bien chorégraphiées, peut être aura-t-on enfin une adaptation digne de ce nom (parce que Prince of Persia…). Par contre, permet moi de rectifier une erreur (en faisant ma groupie de service), mais c’est le merveilleux Michael Fassbender qui jouera le rôle, et non notre vieux Fassbinder (réalisateur de Querelle et bien d’autres films marquants, au charisme certain, mais somme toute bien différent).

    • zogarok octobre 4, 2013 à 12:45 #

      Probablement sur les chroniques allocine pour « Alone » !

      Merci je vais corriger ça.

Laisser un commentaire