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LA BELLE ÉPOQUE **

20 Nov

3sur5 Du mordant dans les dialogues, mais le film reste toujours socialement correct, coche même les ‘cases nécessaires’ à l’occasion – en collant une claque à Hitler (en cosplay) ou concluant par un laïus féministe. Il porte un point de vue ‘bourgeois’ au sens complet – on a l’impression avec lui d’observer le monde en étant confortablement installé dans la vie, se moque doucement de ceux qui rament ou sont moins bien lotis (car laids, décalés, etc), jouit d’un petit nihilisme allégé et passe-partout qui ne semble rien servir d’autre que l’hédonisme. Ironiquement le romantisme a des effets protecteurs, flatte ces besoins de libertés mais invite à sauvegarder le cadre malgré tout – sans quoi il n’y aura plus de différences avec la marginalité et toutes sortes de vrais défis. Ce romantisme permet aussi d’investir sans gêne le passé et d’y prendre sa place, en fusionnant avec un héritage qui dès lors n’est plus fardeau (dans les trois liens pères-fils il y en a toujours un temporairement déchu puis restauré).

Les compositions des parents sont assez exquises mais leurs personnages verrouillés et opportunistes. Le temps présent n’entre quasiment que via les gadgets technologiques et les aperçus d’un monde du travail du haut du panier (ne serait-ce que culturellement avec l’entreprise de Canet) – ou deux secondes d’évocation de gilets jaunes à la radio, quand Victor est en pleine gueule de bois. La mère est friande d’innovation, le père présenté comme critique à ses heures ou simplement éjecté paraît en vérité indifférent. Ces difficultés à situer les personnages et à investir l’époque sont certainement liées. L’ensemble des personnages secondaires sont sous-développés, possiblement à dessein pour les enfermer dans une caractérisation à la fois pauvre et humiliante (par exemple Podalydès en amant de secours et falot incapable d’aligner une phrase complète).

Techniquement ce Westworld parisien n’a rien à se reprocher et les jeux avec les décors, comme ceux avec les masques et la confusion des identités, sont convaincants. Pourtant, les raccords sont parfois bizarres, surtout au début, digérés ou justifiés par une narration non-linéaire, option elle aussi très partielle et gratuite – elle ne dynamise pas tellement, l’intérêt ou la nécessité sont pas évidents. La comédie fonctionne parfaitement. Les récurrentes mesquineries à l’égard des sexuellement ou affectivement affamés ne suffisent à détourner totalement la conscience d’une espèce de tentation ‘cuck’ au travers de toutes ces projections (elle aussi fruit d’une espèce d’émancipation joyeuse de désinvolte tempéré par l’ego – il n’y a pas la gravité et la conviction de L’idéal qui se terminait en aplatissement devant ‘le féminin’).

Note globale 58

Page IMDB   + Zoga sur SC

Suggestions… The Game + La femme d’à côté + The Truman Show + Le cinquième élément + Thalasso

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