ZOOLANDER =-

7 Juil

zoolander

Ce classique (reconnu a posteriori comme tel) de la Frat Pack (vague de comiques américains des années 2000-2010) a permis à Ben Stiller de se poser comme un cinéaste respecté, en mesure de communiquer son génie propre. C’est le troisième film qu’il dirige, mais le précédent, Disjoncté, était surtout un espace d’expression pour Jim Carrey. Le résultat était assez original et détonant par rapport aux autres comédies dans lesquelles Carrey fait son numéro, avec un petit cachet sinistre : on aurait dit un mix potache, agressif et un peu sournois entre Harry un ami qui vous veut du bien et Le Locataire de Polanski.

Zoolander n’est pas si déroutant mais néanmoins sacrément pittoresque. Le monde de la mode y est ridiculisé et assimilé à une mafia. Stiller part de réalités plausibles (culturelles ou sociales) ou au moins dotées d’un potentiel évident, pour faire défiler un amalgame de clichés et de second degré hollywoodiens saupoudré par ses excentricités. La parodie est pachydermique et donne une espèce de 102 dalmatiens ambitieux et liberal, entre la grosse farce bedonnante pour adultes fatigués et la celle avec supplément critique pour les enfants de démocrates consciencieux et bruyants. Les caricatures sont énergiques mais peu opérantes, comme s’il fallait être superficiel en tant que créateur pour mettre en relief la superficialité. Les tentatives de dépassement de soi de Zoolander sont donc aussi idiotes et insensées dans leur mise en forme que dans la fiction.

Comme dans Disjoncté, Stiller fait preuve d’une maîtrise indéniable, d’un certain talent d’écriture, mais son univers est irritant à force de singer l’impertinence tout en restant dans des sentiers battus. L’hésitation entre tendresse et critique laconique débouche sur une neutralité criarde crispante. Stiller se moque mais ne prend jamais le contre-pied de ce qu’il montre, gardant une espèce de fausse distance tout en s’engageant dans des délires de bande franchement balourds. Le film est plus percutant lorsque la connerie profonde de Derek Zoolander peut s’exprimer sans que ce semblant d’ironie placide totalement foireux vienne tout gâcher. Il y a dans le lot des anecdotes efficaces (la pub dans le bar des mineurs), un usage excellent de la recrue Ferrell et un cameo de Bowie – comme à son habitude, il survole sans se salir un univers exaspérant et pathétique.

Note globale 41

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