SÉANCES EXPRESS n°20

25 Nov

> Daisy – 2006 ** (61) drame/romance sud-coréen

> Cannibal -2010* (38) épouvante/romance belge
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DAISY (ANDREW LAU) **

3sur5 Dans la carrière de Andrew Lau, Daisy est l’escale sentimentale au milieu d’un déluge d’action, de suspense et de drames pessimistes. Le réalisateur hong-kongais est notamment l’auteur (avec Alan Mak) de la célèbre trilogie Infernal Affais, dont le premier opus a été remaké par Scorsese via Les Infiltrés.

C’est une histoire de destins liés par un triangle amoureux et une enquête : un détective et un tueur professionnel amoureux d’une artiste de rue. L’action se déroule à Amsterdam aux Pays-Bas (où l’intégralité du film est tournée), avec des expatriés est-asiatiques et joue sur les deux tableaux : sentimental appuyé de flash-backs et policier allant jusqu’aux gun-fight gratinés. Le ton est délicat et plein de regrets, une pointe de morosité et de fatalisme étreint les personnages.

Très bien accueilli, Daisy réitère les manies esthétiques à l’œuvre dans Infernal Affairs, à savoir un classicisme proche de la pruderie affectée, oscillant entre retenue formelle et revendications émotionnelles saillantes. Andrew Lau traduit à merveille l’état de ses héros, guidés par leurs aspirations, bloqués par leurs peurs et devoirs ; au-delà de la love story très soignée, c’est l’atmosphère de recueillement, presque d’embaumement d’un amour impossible, qui donne au spectacle une tonalité unique. Par sa qualité et sa conception savante, c’est un mélodrame qui pourrait convaincre au-delà des initiés.

Note globale 61

Page Allocine  + Zoga sur SC

Fiche IMDB : FR/EN

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CANNIBAL (2010) *

2sur5 Premier long-métrage de Benjamin Viré, ce film d’horreur belge, évoquant vaguement à son meilleur le potentiel d’un Calvaire, suscite une certaine langueur mais souffre de ses approximations. Viré y consacre ses efforts à créer une atmosphère glauque et décalée, mais ne prend pas la peine de fabriquer un scénario et d’étoffer ses arguments, se contentant de jeter des thèmes, des tics et des promesses (la romance dégénérée, la métaphore vivante de la mante religieuse) qui ne trouvent pas d’ancrage et donc qu’un écho maladroit. En marge, Cannibal cherche à pencher vers le film d’action voir le gangster-movie, opposant deux cadres : mafia urbaine et ermite paumé des bois. Naturellement, il ne tire rien de ce supplément, se contentant d’additionner ce qui, en soi, ne suffit à fournir des points. De la même manière, la BO aux accents torturés et mélancoliques ne contribue pas à enrichir le film ; c’est simplement un bon élément placé là, sans qu’il y ait d’interaction dynamique (idem pour la prestation de Philippe Nahon, sympathique anecdote en elle-même, indifférente en l’état).

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D’abord rigide et confus, Cannibal semble engager des pistes mais renonce aussitôt, s’égare dans des private joke (« junette », « jonathan » – on voit mal le but) et des petits coups pour rien (fausse prise de contact, pétage de gueule gratuit…). Entre morceaux de bravoure grossiers, discussions torsadées et non-sensiques (que de cafouillages avec au milieu des phrases définitives, « je vie seul car on aime qu’une fois »), Cannibal cherche à attiser le mystère mais ennuie plutôt : si la photographie, les contextes, aguichent, le spectacle est orphelin. Il manque des morceaux, pas seulement dans le scénario, mais dans le montage voir dans les dialogues. De toute évidence, Cannibal a été conçu pour contenir les lubies d’un jeune cinéaste et son entourage : leur bébé réunit de jolis moyens et de notables démonstrations, mais ce n’est pas pour autant qu’il a de la gueule, encore moins un sens. On le regarde avec une curiosité décroissante et sans plaisir particulier. Un produit bis, expéditif et respectable mais manquant cruellement de maturité, d’intensité et même, de sujet et de matière.

Note globale 38

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Fiche IMDB

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Suggestions : 13 Tzameti

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Toutes les « Séances Express » : 22, 20, 19, 18, 17, 16, 15, 14, 13, 12, 11, 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1

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