SEANCES EXPRESS n°15

5 Sep

> L’Ile Mystérieuse** (52) aventures UK

> Scrapbook** (42) drame 

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L’ILE MYSTERIEUSE **

2sur5 Pendant la guerre de Sécession, un groupe de prisonniers s’enfuit en ballon pour atterrir sur une île inconnue apparemment déserte. Deux naufragées mais aussi des animaux géants vont venir leur tenir compagnie.

Il y a eu plusieurs autres adaptations du roman éponyme, notamment une en 1929. Ce film de 1961 de Cy Endfield (Zoulou) est un exemple, majeur mais pas des plus flatteurs, des travaux de Ray Harryhausen, grand spécialiste des effets spéciaux à Hollywood, signant notamment ceux de Jason et les ArgonautesLe Monstre des Temps Perdus ou encore Le Choc des Titans. Malheureusement sa touche personnelle prête à sourire aujourd’hui, qu’il s’agisse de la forme (l’attaque d’une volaille) ou du symbole (les casques en coquille).

Toujours dans le mouvement, avec la frénésie et la variété mais pas forcément l’intensité, le film est limité par son écriture immature. Elle ne plonge jamais dans les entrailles de ses personnages, qui font guise d’accompagnateurs insipides. Par cette absence de sens psychologique (même pour l’irritante Madame Fairchild), mais aussi sa narration sans souffle, l’ensemble, si bien huilé soit-il, ne suscite qu’un enthousiasme discret.

Dans cette lignée, la musique de Bernard Herrmann hésite entre ironie et solennité pompeuse, dans tous les cas avec virtuosité. Malgré des scènes pleines de charmes et de couleurs chatoyantes (l’abeille, la ville enfouie), L’Île Mystérieuse est un film d’aventure bien trop inoffensif et paresseux. Il aurait fallu aussi surprendre, or on sait toujours que les agresseurs finiront rôtis pour le dîner, tandis que la survie s’organise avec flegme.

Note globale 52

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SCRAPBOOK **

2sur5  Si on aime faire le pas entre « sordide » et « formidable », quitte à minorer le jugement critique, Scrapbook est une fête. Récit d’une séquestration, Scrapbook montre Clara retenue en otage par Léonard, un tueur en série tenant un journal intime où il conserve des souvenirs de ses exploits. Il y fera d’ailleurs écrire Clara, forcée à expliciter son ressenti.

Ce petit film underground a un camp bien défini, celui de l’horreur triviale et premier degré. Il est parfaitement (odieusement!) réaliste, ce qui justifie au passage ses effets de montage et plans-séquences bien lourds (le monologue d’un type derrière la porte d’une pièce ravagée). L’ensemble alterne dialogues, par lesquels Léonard va notamment exposer sa philosophie de critique social commun et attardé ; et morceaux de bravoure où Léonard s’adonne à l’humiliation, l’exploitation ou la torture de sa proie.

Scrapbook pourrait être un simple torture porn à la August Underground, mais non seulement il ne s’épanche pas à ce point dans la violence et surtout il va au-delà, grâce à son style et sa ligne générale. Le film se distingue par la texture particulière de l’image, mais aussi la dimension intime, le côté found footage ainsi que la focalisation dans la maison du bourreau (on sortira tout juste dans son jardin). Il met l’accent sur les performances d’acteurs et entretient l’emphase pour Clara, restant proche de ses émotions – ce qui n’est pas courant dans ce genre de productions.

Bien que ce soit le septième film de son auteur, Scrapbook se présente sous la forme d’un tournage amateur, ce qui a le don de renforcer sa dimension crapoteuse et sensationnelle. Toutefois l’ensemble peut paraître désuet dans sa volonté de choquer ou induire le malaise (on assiste à des scènes légèrement grotesques, comme l’enfermement de Clara dans un seau pendant plusieurs heures). La BO redondante aux refrains taillés à la tronçonneuse a tendance à surligner en vain et orienter vers le clip trash. Ajoutons à cela une pure et simple (pathétique) séquence pornographique. Alors c’est macabre, mais pas si méchant que ça s’en donne l’air ; Eric Stanze et son équipe ont voulu faire un film affreux, ils l’ont réussi, mais ils suscitent surtout le dégoût et une pointe d’ennui.

Apprécié par les réseaux de cinéma indépendant et de B-movies, Scrapbook restera extrêmement confidentiel, sauf peut-être pour les fans très avertis d’ultra-glauque. Avis donc aux amateurs de pellicules crades. Il n’y a aucun intérêt sinon et ceux qui n’ont pas tout vu n’ont rien à faire avec celui-ci (bien qu’on peut parier qu’ils sauraient tenir le coup une fois le  »choc » du climat passé). Les rares spectateurs s’exprimant sur le Web, plutôt enclins à adhérer, ont dans l’ensemble très bien apprécié.

Note globale 42

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Séances Express : 21, 20, 19, 18, 17, 16, 15, 14, 13, 12, 11, 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1

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