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WALKING DEAD – SAISON 6 ***

21 Sep

Je traite cette saison épisode par épisode plutôt qu’avec une critique. Ce sera probablement exceptionnel. J’ai revu les trois premières saisons avant les derniers épisodes de celle-ci ; c’est bien ce qu’est devenu Walking Dead qui est plutôt trivial, je n’ai pas eu d’hallucinations sur les cinquante premiers épisodes.

Le pilote (62min) comprend de nombreux ‘flash-backs’ en noir et blanc (scènes nouvelles ou déjà diffusées ?). Les petits intermèdes avec les zombies ponctuent les confrontations plus intimistes et les démarchages de Rick. Épisode très sentimental, orienté relations, d’une manière qui permet rappels et mises au point.

Second épisode excellent, barbaque, combats, urgence, avec des antagonistes sortant de tous les coins et même des humains malfaisants ; tout ce qui fait la force et l’intérêt de cette série.

Le troisième contient un événement de la plus haute importance, entre autres catastrophes tombant sur nos héros ; de quoi compenser des manières poussives et un énième tambourinage, cette fois sur les doutes et les tergiversations plus que sur les sentiments.

Épisode 4 prodigieusement con, formulant avec génie de la pure connerie. Quand un groupe ou des individus se sortiront de galères apocalyptiques avec ce genre de mentalités, nous aurons changé de dimension. D’ailleurs, on en voit déjà les résultats ; il reste à supposer que pendant six ans le type s’en est tiré, puis forcément dans le présent, ce serait trop gros à avaler. On peut (faire semblant de) croire, tant que la crédibilité n’a pas à être testée. En somme c’est plutôt une bulle de rêve, reconnue in fine comme telle, tout en exaltant les tentations mielleuses polluant la série depuis le début (et actives depuis la quatrième saison).

Cette dimension niaiseuse ravage l’opus suivant, sans que ce soit trop dégoulinant, pour une raison simple et triste : c’est devenu une habitude et un devoir. Tout le monde chouine, s’entraide, parle en vain, fait et refait ses grands constats mélodramatiques – mais le souffle n’y est pas, c’est juste une mécanique. Heureusement cet épisode contient quelques surprises (ou embrassades/cajoleries), dont une au niveau du design, avec les zombies des égouts.

Le dégueulis bouddhique-Charlie psy-cul s’amplifie dans l’épisode 6 puisque Sasha prend la parole face à la brute épanouie de service, campée par un rouquemoute à moustache. Les mésaventures de Daryl relèvent le niveau, sans être à l’abri.

Mdr illépamor ! Ainsi commence le septième volet, fort en parlotte et en moments très très dramatiques. C’est déjà beaucoup : en terme d’actions (ou d’impulsions) stupides, on va également battre un ou deux records (les ‘autochtones’ essaient de se viriliser). Heureusement cet épisode lance plusieurs ouvertures – jusqu’au coup-d’envoi décisif au plan final.

Le huitième épisode marque un sursaut grâce à l’invasion. Le niveau émotionnel remonte (rage ‘avec’ Carol), en plus du barbaque. Les mots de la mourante sont touchants, pour une fois – et avec sa notion de « famille » l’agonisante est encore plus aux prises avec le vrai que tous les autres illuminés de la bienfaisance.

Le neuvième épisode sera l’un des meilleurs de cette saison. Après une intro truculente, il réserve notamment une scène incroyable (cauchemardesque par le contexte, presque aussi dans le rythme et la forme), avec un solde de trois voire quatre morts en quelques petites minutes.

Dixième épisode posé, efficace et sans baratin. Ça fonctionne, mais la reprise de la série n’est pas garantie.

Arrivée dans la communauté de Jésus pour le onzième épisode. Le contact est difficile et quelques détails sont brutalement (annoncés ou) réglés. La série se tient mais on reste dans l’expectative.

La lenteur du 6×12 le confirme, avec son passage en revue des recrues et de leur moral, avant l’opération contre la communauté adverse. La mise en scène est lourde, la musique envahissante. Les personnages sont tendus et doivent se positionner. On sent la volonté de frapper fort mais le résultat relève du film d’action ‘carré’ avec supplément mielleux.

Toutes ces pudeurs morales sont enfin mises à bon escient et confrontées à la pratique dans le treizième épisode, excellent à l’échelle de cette saison.

Quatorzième opus un peu mou, avec le boostage des deux nerds de service. Contient la mort d’une personnalité secondaire.

Nouvelle démonstration de force contrainte par Carol dans l’avant-dernier épisode, où elle tente une fuite en solo. Son personnage avait déjà considérablement évolué pendant la saison 2, elle s’est à la fois perfectionnée et attendrie dans cette saison 6.

L’ultime épisode est en forme de road-movie nihiliste. Il marque l’entrée de Negan et sa bande et s’achève de manière très brutale.

Note globale 70

THE WALKING DEAD – SAISON 4 ****

29 Juil

4sur5  La saison 4 de Walking Dead se déroule en deux temps. Une première partie sortie en octobre 2013, une seconde en février 2014. Chacune compte huit épisodes. L’ensemble est contradictoire : confirmation puis déclassement.

D’abord, l’enthousiasme presque immodéré pour la première partie ; pour la seconde, la sidération d’assister à un tel gâchis. Ou plutôt à un simple produit honnête aux atouts formidables, avec une préférence pour le bas-de-gamme, la redondance et le mielleux.

 

Saison 4 : Première partie (octobre 2013, épisodes 1 à 8) **** 5sur5

Dans la première moitié de la saison, Rick et les autres se sont installés dans la prison, entourée de grillages. Ils cultivent un certain équilibre et peuvent se montrer plus ambitieux et sereins. La sécurité est fragile mais il y a un rempart contre le monde sauvage.

Cette première moitié elle-même s’avère divisée en deux puisque trois épisodes se consacreront uniquement à un personnage fameux. Le Gouverneur est de retour et les auteurs prennent le temps de nous montrer son histoire passée, pendant qu’il affirme son leadership dans un nouveau groupe.

Le rythme s’avère parfois plus lent car les portraits prennent une place plus importante. Certains personnages évoluent considérablement mais de façon fine, précise. La série se transforme et tout en restant très violente, acquière une plus grande sécheresse. Tout semble transparent et avec les contingences, pas besoin de suspense artificiel.

C’est inouï mais une fois encore, c’est l’implication totale ; le grand combat signant la fin de la première partie de cette saison n’en est que l’expression la plus directe. On serre les poings, on prend un coup dans l’estomac lorsque le personnage le plus robuste et héroïque est abattu, on rage mais impossible de jubiler quelque soit la revanche tant le manque se fait déjà sentir.

Cette première partie de saison vient confirmer que Walking Dead est l’une des meilleures séries de notre temps ; et qu’elle peut le rester.

 

Saison 4 : Deuxième partie (février 2014, épisodes 9 à 16) *** 3sur5

Rupture dans la série : les personnages sont éparpillés et relancés dans la nature. Retour à l’incertitude complète, au cheminement pur ne renvoyant qu’à lui-même et aux impératifs immédiats. Sur la route, les caractères évoluent, les manières changent ; mais le sens va plutôt vers la régression. Pas que les personnages deviennent faibles : ils deviennent des roudoudous affectés, leur substance en est transformée en gélatine.

Même si la série conserve de sa puissance, le manque de direction menace de l’engluer. Révolution négative : on en arrive à ne plus vivre intensément chaque épisode. Il va même parfois être difficile de faire plus que vaguement se divertir. Les deux premiers épisodes marquent ce tournant ; le troisième engage déjà un processus de reconstruction. Mais l’alchimie ne se produit plus, ou demande trop de conditions.

Les encarts  »intimes » se développent, avec quelques dépressions sentimentales pas toujours virtuoses, d’autres fois des aperçus ingénieux. Les états d’âmes puérils voulant faire figure de cas pratiques moraux se multiplient ; avec la fille de Herschel et son compagnon, mais aussi Sasha, on étouffe sous les démonstrations mielleuses, les confidences nulles et les élans philosophiques de sitcom bouffies.

Ces deux femmes deviennent insupportables non pour leurs traits particuliers, mais carrément en raison de leur présence : elles n’ont rien à apporter à la série en plus de révéler des personnalités ennuyeuses au fur et à mesure que Walking Dead se développe. Leur insignifiance éclabousse même Michonne, heureusement celle-ci est bien trop forte pour être si vite sérieusement entamée. À l’inverse, le fils de Carl continue à gagner en épaisseur et en maturité, même si l’emphase à son sujet est beaucoup trop forte : il s’agirait de voir ce petit individu tel qu’il est plus que tel qu’il veut se montrer.

En-dehors de ces éléments (personnages pénibles et mièvrerie galopante) rien ne plombe le spectacle : sinon les manques. Il lui faut vite retrouver des lignes de force supplémentaires et pour ses personnages, de nouveaux bastions ou de nouveaux atouts, sans quoi ils vont s’évaporer en même temps que la série. Elle est toujours bien vivante et traversée d’éclairs d’audace. L’épisode 14 porte loin l’inspiration avec cette gamine éprise des rôdeurs au point d’en être le porte-parole révolutionnaire en des temps où les grands élans emphatiques sont malvenus. Une vraie manne, digérée en un seul épisode, sans regrets car sans fausse note.

De la même manière, l’apparition d’un trio pittoresque digne d’un action movie tourne finalement très vite à la bonne surprise, bien que les auteurs laissent planer le doute sur la richesse de ces recrues dans un premier temps. Les ressources sont là, il faut vite retrouver de l’énergie et arrêter de donner dans la contemplation quand les arguments ne savent pas le soutenir.

 

Saison 5 à venir

Le dernier épisode (4.16) marque un retour au début de la saison, par les flash-backs et par la prison. Sa conclusion donne des espoirs pour la saison 5, mais le scepticisme est plus grand.

Le tournage a commencé en avril, les premières indications (dont le premier trailer) ont été récemment présentées. La diffusion débutera le 12 octobre.

 

Page Metacritic, Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… Les Fils de l’Homme + 28 semaines plus tard + 30 jours de nuit

 

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THE WALKING DEAD *****

16 Mar

5sur5  Walking Dead est l’histoire d’un groupe de survivants dans un monde post-catastrophe où pullulent les zombies. Adaptation d’un comics culte pour la chaîne AMC après les succès Breaking Bad ou Mad Men, c’est devenu l’une des séries les plus appréciées et téléchargées.

Je l’ai découverte sur le tard, un soir il y a quelques mois. J’y allais sans aucune attente, elle m’a galvanisé. C’est une de ces fictions dans lesquelles on se sent pénétrer intégralement, envers laquelle un lien mental si fort se crée qu’on s’y sent organiquement relié. J’ai dévorée les trois saisons en à peine une semaine, profitant d’une courte séquence favorable à une telle boulimie. Ce genre de délectation est rare : j’ai ingurgitées de la sorte (sur un temps bien plus long) les premières saisons de South Park, mais dans ce cas il ne s’agissait encore que d’un divertissement. Et la nuit blanche passée à explorer la première saison de Twin Peaks ne m’avait pas englouti d’une telle manière. De rares spectacles ont pu trouver cet écho, car ils étaient pour moi un pur miroir : Hannibal, Battle Royale, Hellraiser forcent un contact, dépassent le cadre habituel, même celui des chefs-d’oeuvres les plus justes et puissants, pour instaurer un rapport direct et surtout, une proximité impudente. Leur métaphysique spontanée semble issue de mon rapport au réel ou des paysages de mon esprit. Forcément, The Walking Dead est l’une de mes séries favorites.

Walking Dead est le survival brut, pur, absolu. Il met en scène le combat permanent pour la survie, lorsque chaque instant de l’existence se déroule dans l’urgence. Sous la menace, perpétuellement éveillés et forcés d’être agiles, nous avons le devoir d’agir. Cette situation cultive l’attachement émotionnel (aux personnages et finalement, à ce contexte où il faut se battre, conquérir et affirmer), stimule l’action. L’implication est totale car contrairement aux autres séries où nous sommes réduits à l’état d’accompagnants passifs, ici nous sommes des conseillers réduits au silence. La nécessité s’infuse en nous ; le rapport à l’atmosphère est double, avec la sensation de l’adopter et celle de s’y fondre ; à la mort de l’égo, s’ajoute l’exaltation de l’instinct.

Dans cette configuration, les personnages ne peuvent qu’être forts ou se dépasser. Nous marchons à leurs côtés, impliqués – ou alors nous ne sommes que des laborantins. Tout s’expose avec une transparence parfaite ; pas la peine de masquer ses affects. On ne triche pas. Aucun intérêt. La vie est trop courte et on a plus les moyens. Dans un instant peut-être, on sera mort ou victorieux.

Alors il faut prendre la décision qui s’impose. Prendre des risques. Chasser le doute. Écraser ce qui s’écarte des instincts. Être guidé par la volonté seule. Être responsable de ses actes, en adéquation avec ses idées, ici et maintenant, et pour plus tard, car les implications sont partout. Tout est crucial, les choix définitifs et catégoriques sont le lot de chaque instant.

Explicite et tranchante, Walking Dead est simultanément raffinée. Pudeur et pugnacité mêlées. Pas de pièges, pas de faux-semblants, pas de mystères. C’est pour sa matière humaine que la série fascine autant. Car elle confronte à la véritable individualité, aux dilemmes moraux, convoque les tripes. Quand chacun sait que la lâcheté est coupable et qu’hors du combat pour la vie, le reste est un luxe ou un accessoire. Ce niveau d’existence hystérise et rend aussi plus vivant, sûr de soi, clairement soi, qu’aucun autre.

Saison 1 ****

Prise de contact violente et intense. Rick se réveille à l’hôpital et découvre un monde ravagé par une épidémie. Il trouve quelques survivants et devient le leader du groupe. Il s’agit de fuir, à l’autre bout du pays, où peut-être se trouve des ressources et la délivrance, qui peut-être a été épargné. L’environnement est semé d’embûches et surtout de zombies, que nous pouvons rejoindre. Il y a aussi tous les problèmes humains et ces mauvaises passions que le drame et l’anomie ne peuvent contenir. Tout est menace, tout est révélateur. C’est le désert, il faut tout défricher et on ne peux plus rien cacher. 

Saison 2 *****

Période d’accalmie temporaire. Le groupe trouve refuge à la campagne, dans une ferme auprès d’une famille et notamment de Herschel, le vieux propriétaire. Il est temps pour les survivants de se découvrir, d’apprendre à vivre ensemble ; de retrouver aussi, une certaine paix, de découvrir la possible harmonie entre eux et l’environnement, le temps aussi de revenir sur soi.

Chacune des trois premières saisons est une merveille. Impossible d’opérer une hiérarchie tant tout est pertinent. D’un point de vue empirique, cette saison 2 est moins virulente que la première, moins tendue. Elle est aussi bouleversante, autant par les intrigues entre personnages que par le rapport nouveau établi à la Nature, entre foi et sérénité d’une part, vigilance et curiosité d’une autre. Alors qu’on bondissait sans relâche dans la saison 1, ici la langue des tripes est plus nuancée, trouve une expression totale. 

Saison 3 *****

Cette saison a convaincus même les plus acerbes ; elle met en scène la tentative de reconstruction, de reformation du contrat social et d’ébauche de la civilisation. Rick et sa bande font d’une ancienne prison leur pied-à-terre, tout en entrant en contact avec une cité organisée contenant d’autres survivants, maintenue sous la coupe du Gouverneur à l’écart d’un monde devenu hostile et imprévisible.

Dans cette saison, le problème, c’est les hommes. Ils sont capables du meilleur et incapables de ne pas le mettre en péril. Les principes et besoins futiles viennent toujours à bout des constructions et des efforts les plus honnêtes. Le danger est moins auprès des zombies que dans l’affrontement entre deux groupes tâchant de se reconstruire, l’un aux mains de survivants, l’autre occupé à renaître docilement.

La saison est aussi marquée par le chaos généré par Merle : on constate l’effet papillon, engendré par un cas de conscience pour un criminel et un dégénéré. Une tragédie, quand l’heure est aux choix lucides. Et au besoin de respecter les nécessités et la clarté qu’offre une condition d’existence si pure, si impitoyable. 

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