Tag Archives: Rutger Hauer (acteur)

HITCHER +

22 Avr

hitcher

Hitcher est un thriller (tendant vers l’horreur) respecté, dont le nom est connu de la plupart des cinéphiles mais demeurant peu regardé et attirant peu de louanges. Cette destinée bizarre est probablement due à l’absence de saga autour de ce film, dont le concept ne saurait être décliné à l’infini ; de plus, le réalisateur Robert Harmon est très peu cité. Christine par exemple, si brillant soit ce divertissement, aurait peut-être connu le même sort s’il n’était pas signé Carpenter : toujours présent dans l’esprit des cinéphiles mais étrangement contourné, isolé.

Hitcher mérite davantage que son statut d’idole mineure. Dans la galaxie de l’Horreur et du thriller violent, il incarne ce mélange de subtilité et d’intempérance propre aux productions les plus corsées et impressionnantes, celles où la virtuosité technique et une inspiration maline sont mises au service du dépaysement (comme Haute Tension, The Incident). Le film s’ouvre sur la prise d’un auto-stoppeur par un jeune homme en route vers la Californie. Nous sommes dans le désert et le passager s’avère être un psychopathe. Jim réussit à s’en débarrasser, mais John Ryder le porusuit.

Il ne va pas le tuer tout de suite : il préfère rendre Jim coupable de ses crimes aux yeux de la poursuite, celui-ci étant alors doublement poursuivi, dans un univers hostile et aride où il n’a qu’une seule alliée. L’obsession de Ryder pour ce jeune homme cultive quelques ambiguïtés Les faux-semblants qu’il insinue rendent le film extrêmement tendu et intense, entraînant une cascade de rebondissements : les faits importent moins que la position dans l’environnement. C’est une descente aux enfers jubilatoire pour le spectateur.

La mise en scène est admirable et évoque le meilleur de Carpenter. Les plans d’ensemble ou de demi-ensemble sont somptueux et la course est dopée par un sens visuel percutant et raffiné. Hitcher ressemble souvent à un drame prenant les habits d’un conte sans embrasser ses illusions, flirtant au passage avec l’épique dans un cadre inattendu. Harmon et son équipe semblent plus mal à l’aise dans les espaces confinés, comme au tout début dans la voiture, leur talent s’épanouissant pleinement dès que les personnages deviennent les acteurs de tableaux somptueux.

Note globale 78

Page Allocine & IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… Hitcher (2007) + Le peuple des ténèbres + Duel + Kalifornia + Point limite zéro

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LA CHAIR ET LE SANG +

9 Fév

Sauvage, cynique et violent, Flesh and Blood est le film de la transition pour Verhoeven, exilé aux Etats-Unis suite au rejet des producteurs néerlandais. Dépassant Ridley Scott dans la métamorphose romantique de l’Histoire, le  »Hollandais Violent » avance une vision spécifique de la fin du Moyen-Age, entre dénonciation de la religion, peinture cruelle de ses prochains, combinaison de lucidité trash et d’anachronismes flamboyants à propos de la période (XVIe).

Des serfs avides, des seigneurs lucides ; tous opportunistes et ne connaissant que la rudesse, stimulante et mortifère, du monde ; tous rangés derrière l’ordre naturel, loyaux et sans morale, ils fondent leur destinée sur un signe improbable du Dieu présumé et s’accaparent les rites à défaut de pouvoir exercer la vertu. Dans ce monde, les mercenaires ne sont que la quintessence, l’excroissance finale des attitudes communes

Misanthrope mais pas désespéré, Verhoeven met en scène l’échec des utopies et la perversion des bonnes volontés, à l’image du fiasco des autogestionnaires et des armes de l’obscurantisme. Le tableau est noir et putride, la toile lisse est souillée par les éclats organiques, les instincts indomptés et la sexualité abordée par les relations de domination. Le tableau cherche l’intégralité et déchaîne autant les pulsions de vie, met en valeur les initiatives solitaires et les tentatives de dompter la nature ou l’horreur, éventuellement en tandem. Individualiste, la morale se situe par-delà le bien ou le mal, se préoccupant plutôt de la quête de valeurs et de prestige sans sacrifier la confrontation lucide et téméraire à la réalité et aux évidences crues.

Subséquemment, La Chair et le Sang est l’accomplissement du rêve sombre étouffé dans Legend : la belle et le monstre tombent amoureux, étanchent leur soif dans un château majestueux ; cette fois la princesse se rend mais surtout, elle n’est pas la seule à céder aux tentations. Les personnages du film sont tous trop humains, sans guide, sans mesure ni garde-fou. Ils sont surtout subtilement décrits et Verhoeven s’attache à décliner toutes les facettes de leur esprit ; il n’a pas besoin de flouer les repères puisque l’humanité évoquée n’en a quasiment aucun, s’affirmant ouvertement. Le monstre lui-même, meneur des mercenaires, est simultanément héros sacrificiel et bourreau sadique, ardent chevalier et tacticien pragmatique.

Note globale 81

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Page Allocine

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Aspects favorables

* la virtuosité et les thématiques de Verhoeven rencontrent les techniciens hollywoodiens

* le cachet Hollywoodien tâché de chair, de sang, de sexe et de matières grasses

* réunion des antagonismes au profit d’un réalisme virulent : l’organique et le beau, le luxe et le déchaînement des instincts, le désir et la cruauté, Goethe et Gargantua

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