PANICS *

18 Mai

2sur5 Petit film d’horreur friqué et opportuniste, Panics est un bel atout pour le CV du réalisateur Andrew Fleming. Il marque le coup-d’envoi du responsable officiel de Threesome et The Craft, kitscheries ciblant les jeunes de cette décennie (1990s). Pour l’Horreur c’est tout sauf une contribution valable. Visuellement soigné, Panics/Bad Dreams fournit beaucoup d’images éclatantes et quelques scènes ‘fortes’, mais gâche cette qualité principale. Le décorum est simpliste, la présence de cauchemars et hallucinations futile puisqu’il manque l’imaginaire pour les exploiter.

La séance patauge entre médiocrité fringante, décalques plus ou moins efficaces, indistinction : ce Panics essaie bien d’aller au bout des vagues sur lesquels il surfe mais brade systématiquement son potentiel comme ses engagements. C’est donc un slasher spectaculaire mais pointant négatif partout (fond, écriture, consistance, choix essentiels de mises en scène). Il honore bien une tradition du genre : la récupération éhontée, en l’occurrence celle de Freddy 3 (1987 – le seul opus très respecté, avec le premier de Craven – où Jennifer Rubin, héroïne ici, était une de ces patientes secondaires). Panics peut se défendre sur deux points : quantitativement sa logorrhée est plus généreuse, émotionnellement sa présentation est plus grasse et humaine.

Mais ces vertus se relativisent vite. Le catalogue de névrosés/psychos/borderlines au début s’accompagne d’une empathie envers les ‘fous’ (‘ils ne sont pas si dangereux’) et d’un intérêt plus racoleur : les deux facettes seront négligées. Les interactions de Cynthia avec les autres membres de l’hôpital sont insignifiantes, mais c’est normal puisque les deux principaux protagonistes (elle-même et le vieux gourou) aussi restent à quai. Myriam se dégage un peu, suscite éventuellement la sympathie à défaut de nourrir les pauvres enjeux ou d’avoir des exploits à commettre. Panics est incapable d’introduire une tension. Il véhicule une espèce d’hystérie sourde, beaucoup de baratin psy et relève de loin l’agitation chez les patients (pourtant aimables, grâce à leurs attitudes hystériques et coopératives), sans plus développer. Tout est posé dans le premier quart-d’heure, ensuite il n’y aura que des ajouts. On sait donc que ces gens vont tomber dans les griffes du boogeyman : et cela se produit.

Les moyens se concentrent sur la photo, sur certaines prises de vue cherchant un effet un peu ‘acrobatique’ ; mais ces emballements et leur cœur sont trahis, que ce soit pour une agression, une intervention de l’invisible ou l’excentricité d’un patient. Il faudrait souligner l’impuissance et on filme l’agitation de lieux et d’individus sans âme ni existence, ou seulement à la mesure des étiquettes collées dessus. Les fulgurances abondent (My way en mode HP, la pluie de sang, les apparitions coriaces), les gadgets sont prometteurs (voix sortant des conduits, etc), le style redondant et primaire brise tout. Sauf l’intro, toutes les scènes d’outrance sont bâclées. Enfin les musiques sont à contretemps donc doublement lourdes. Le film a anormalement sombré dans l’oubli malgré son casting vaguement réputé (des tas de purs bis triviaux ou fauchés et sans aucune ‘tête d’affiche’ sont plus connus), mais ça se comprend, bien qu’il y ait matière à séduire des passionnés de l’Horreur ringarde.

Note globale 40

Page IMDB  + Zoga sur SC

Suggestions… Macabro + Freddy sort de la nuit

Scénario & Écriture (1), Casting/Personnages (2), Dialogues (2), Son/Musique-BO (2), Esthétique/Mise en scène (2), Visuel/Photo-technique (4), Originalité (2), Ambition (3), Audace (2), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (3), Pertinence/Cohérence (1)

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