NYMPHOMANIAC 1 & 2 =-

20 Sep

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NYMPHOMANIAC VOLUME 1 **

2sur5  Nymphomaniac est une excentricité de plus dans la carrière de Lars Von Trier. Le réalisateur de Melancholia et Antichrist annonce ce projet lors de son fameux passage à Cannes en 2012, où il s’était illustré malgré lui par une saillie maladroite sur Hitler. Il s’agit d’abord d’un film de 5h30, que l’auteur refuse d’adapter, laissant la besogne aux producteurs. Dès le 1er janvier 2014, Nymphomaniac est présenté au public en deux parties, soit quatre heures cumulées. Le director’s cut est exhibée à la 71e édition de la Mostra de Venise, en septembre.

Précédé par une propagande très forte, d’une ampleur rare pour un cinéaste de la trempe de Lars Von Trier, Nymphomaniac se voulait un « marathon punk ». C’est le roman d’une vie, celle d’une nymphomane, racontant ses aventures à un vieux blaireau humaniste la recueillant chez lui alors qu’elle vient manifestement d’être ratonnée. Joe la nympho a eu tellement d’expériences que chaque anecdote de ce monde la renvoie à quelqu’un avec qui elle a copulé.

Pour l’essentiel, c’est un spectacle ennuyeux, jouant sur la transgression et appâtant avec ses arguments évidents, avec l’étiquette  »auteur underground (de premier ordre) » prête à être brandie. Nymphomaniac 1 est surtout un divertissement, au sens neutre. Il propose quelques trucs pittoresques (séquence du train), distille de vagues idées, ose quelques dialogues très crus. Lars Von Trier a le mérite de bien développer son inspiration, il a aussi le tort de céder aux sirènes de l’irrationalité.

Son film est un empilement à l’aveugle, où s’exprime encore ce décalage pathologique aux sens, compensé par un raffinement impersonnel, morose ; et une attirance soudaine pour la dégueulasserie. Celle-là, il l’exprime par son montage de bites multicolores. Il multiplie aussi les petites séquences posant avec fierté l’auteur dans son processus de création. C’est souvent non-productif : ni beauté, ni sens, ni rythme gagné avec ces split-screen par exemple. Quelques beaux moments à l’évocation de sa solitude par Joe la nympho.

Note globale 52

Page AllocineIMDB  + Zoga sur SC

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Note ajustée de 51 à 52 suite aux modifications de la grille de notation.

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NYMPHOMANIAC VOLUME 2 **

2sur5  Nymphomaniac 2 s’ouvre sur une nouvelle donne : excessivement labourée, Joe a perdu toute sensibilité. Elle partage une vision de ses 12 ans, où lui sont apparues les deux nymphomanes les plus éloquentes de l’Histoire pendant une masturbation à ciel ouvert. Son confident Seligman lui annonce que s’il se sent si qualifié pour l’écouter et lui apporter un éclairage avisé, c’est qu’il est vierge et asexuel.

Les péripéties se poursuivent et cette fois c’est Charlotte Gainsbourg qui apparaît dans les flash-backs, alors que Stacy Martin, sa cadette de trente ans, s’en chargeait dans le premier opus. Dans celui-ci, Joe faisait part de ses fantasmes, ses constructions, du laborieux développement d’une éthique personnelle, exprimée notamment au travers du manifeste anti-amour. Ce second opus marque une radicalisation de ce misanthropisme banal, exprimé avec plus de clarté.

Lars Von Trier fait de Joe son porte-voix. Elle évoque régulièrement la société dont elle se sent étrangère et avec laquelle elle entretient un rapport tumultueux. Mais Joe n’est pas Lars ; et Joe charge la société de maux et de pressions qu’elle entretient elle seule. Tout en luttant contre le jugement extérieur, elle y cède en s’estimant mauvaise. Dans le cercle de parole des nymphos, elle accuse les bourgeoises et revendique la légitimité de sa nymphomanie. En somme, cet état n’est aucunement une déviance ou le résultat d’un traumatisme, mais une manifestation de son élan vital prosaique, qui n’aura jamais à se justifier, pas plus qu’on ne doit se justifier d’être ou de désirer.

Se justifier, c’est pourtant c’est ce qu’elle passe son temps à essayer de faire, elle, la malade se repliant pour porter son fardeau. Mais tout en le déniant consciemment. Par conséquent elle s’exprime de façon confuse, émotionnelle et, malheureusement, contradictoire. Son cynisme a l’avantage de canaliser ce trop-plein, lui donner un ordre moral, un filtre structurant pour aborder le monde, même s’il est particulièrement toxique. Nymphomaniac 2 est rempli de réflexions ou anecdotes intéressantes, perdues dans une longue traversée du désert.

Ce second opus est plus transparent et catégorique. Joe et Lars ne louvoient pas, ne font plus dans le ludique. Ca ne les rend pas plus cohérents, mais ils se donnent clairement. C’est grotesque et attachant. L’absence de la moindre distance dans la conception finit par payer sur le plan sentimental d’abord, un peu, mais surtout à un degré plus instinctif. Il aura fallu trois heures pour que le tri s’opère.

Note globale 54

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