SÉRIES : LUTHER*** (S-1***) + DESPERATE HOUSEWIVES*** (S-8**)

8 Juin

Pour évoquer des séries selon la saison et par blocs, même régime qu’avec le cinéma et les « Séances Express ». Ici sont évoquées deux séries différentes, chacune à un moment donné :

* Desperate Housewives (saison 8), avec le final de la série – jamais évoquée mais déjà bien connue

* Luther (saison 1), dernière découverte – donc évaluée pour la première fois

Et, déjà garanti lors du prochain débrief :

Dexter (saison 5), dont les précédentes saisons avaient été évoquées de façon globale

A noter que certaines séries, comme Les Contes de la Crypte et probablement (mais dans une époque lointaine) Master of Horror, seront traitées « au détail ».


LUTHER – SAISON 1 (first season)***

3sur5 Sensuel, speedé, puissant. A partir de schémas éprouvés, comme la dualité entre le flic instinctif et la hiérarchie confiante mais anxieuse devant un élément hors-norme, Neil Cross a créée et façonnée l’une des meilleures séries policières de ces dernières années. Loin des effusions sentimentales ou du kitsch éruptif de ses homologues plus axés prime-time (Experts ou même Cold Case), Luther existe par son héros éponyme, le magnétique John Luther. Idris Elba et sa virilité exacerbée sont de tous les plans ; c’est un personnage explosif, intuitif et triomphant dans son domaine, mais surtout très agité, toujours sur le qui-vive.

Curieux mélange de réalisme et d’efficacité, Luther trace son chemin sans fioritures. La tension est permanente et la série se vit intensément (intrigues et montages serrés – la saison elle-même est courte et dense, avec 6 épisodes), sans avoir recours à des techniques narratives malignes : tout est exposé en surface, rien n’échappe au spectateur, il n’y a pas de places pour les mystères ringards ni les échéances convenues. Le mouvement est déterminé, ivre mais sous contrôle, l’état parfait pour un show cinématographique accompli.

Si le troisième épisode paraît un peu en-dessous, l’ensemble est délectable. Articulé autour d’une intrigue et d’un psycho-killer par opus (de préférence un homme du quotidien épanoui en pleine sortie de route), le récit s’étoffe parallèlement sur le fond, la trame générale et l’univers du personnage ne demeurant pas figés. Ainsi Neil Cross préfère enlacer le destin professionnel et personnel de John Luther (par exemple via la relation ambiguë avec la criminelle narcissique qui lui résiste), alors que  »l’inquiétante étrangeté » générées par les prédateurs cherche à créer un sentiment d’intrusion (assez pertinent, mais pas plus) mêlé de grandiloquence (les déviances mises en scène sont l’aspect le plus percutant après la performance d’Idris Elba et de son acolyte secrète). Climat hyper-actif et borderline garanti.

Fiche Metacritic (saison 1) 

Page AlloCiné 

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Promo du dernier épisode : Étrange métaphore pour une étrange complaisance (la mort comme accessoire fun)…

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DESPERATE HOUSEWIVES – SAISON 8 (last season) **

2sur5 Première moitié opérationnelle, seconde moitié artificielle. Sans surprise et après deux saisons chargées, formellement voir narrativement les meilleures, l’ultime retour à Wisteria Laine se fait dans l’allégresse : nous sommes happés dès les premières minutes, retrouvant le dynamisme, le ton pince-sans-rire et la variété habituelle. Pourtant cette familiarité sera la raison, dans peu d’épisodes, de toutes les frustrations : Desperate Housewives est bel et bien fini et cette huitième mouture pourrait bien être la  »saison de trop ».

Ainsi la saison 8 a beaucoup de mal à décoller et les intrigues sont étirées abusivement : les personnages ne savent pas se tirer de leurs problèmes, mais ne savent pas s’en écarter non plus (pour aller au plus lourd : interminables oscillations de Tom entre Lynnett et sa nouvelle femme). On ne s’ennuie pas encore, d’ailleurs les accros ne seront pas nécessairement découragés puisque tous les ingrédients sont là. Mais si la série ne laisse pas dé répit, elle ne sait plus cultiver de montée de tension.

Le début de la saison est très axé autour des problèmes conjuguaux (jusqu’à 8.06 notamment), ce qui laisse un temps espérer que les auteurs repoussent l’avalanche de péripéties et de rebondissements monumentaux pour concocter une dernière ligne droite extrêmement foisonnante. S’il y aura une accélération manifeste, autour des 9-10e épisode et de Bree Van de Kamp, l’échappée échoue rapidement. Quelques références, mais surtout des événements (ou méthodes formelles) faisant écho aux saisons antérieures se greffent ; on croit deviner le début d’un ajournement de tout ce que nous connaissons de la série et de ses protagonistes… mais non.

Après la mi-saison, tout ne sera plus que cumul de petites saynettes, parfois d’une gratuité narrative invraisemblable (comme le faux coup de stress avec Juanita bloquée en suspension sur les toits de la maison de poupée des Sanchez). Quelques lignes fortes (les retrouvailles avec ex de Bree) émergent subitement pour être aussitôt balayée (elles réaniment au lieu de relancer). Au lieu de cela, ce n’est que remplissage pur et simple, remises en questions niaises et de toutes façons rapidement ensevelies par des péripéties périphériques. La mort d’un personnage-clé sera l’occasion d’un de ces épisodes  »rétro » (8.17 – avec son enterrement et ses pleureurs bien sentencieux) ou sont recyclées de vieilles bandes significatives et mises en parallèle entre elles.

Desperate Housewives était parvenu à un certain niveau d’abstraction, oscillant entre Twin Peaks saison 2 et Blue Velvet pour enfants et ménagères un peu mièvres, cumulant les morceaux de bravoure et cataloguant les excroissances de la vie bourgeoise. Cette dernière saison aurait pu être l’occasion de tout saborder, d’organiser un chaos absolu ou chaque destin parte en vrille. Ou bien plutôt, de gonfler la  »mythologie », de créer des liens insoupçonnés entre intrigues antérieures. Au lieu de ça, Desperate Housewives s’achève comme une série conformiste, ronflante et bêtement lacrymale, totalement connivente avec ses nouveaux riches. Elle va même jusqu’à mettre en valeur leur cynisme, excuser les motifs de leur gêne ou féliciter les WASP pudibonds pour leur nouvelle ouverture d’esprit, comme si l’acceptation de la vie gay et l’intégration du sexe dans le quotidien, marqueurs d’un confort social et d’un progressisme consensuel, étaient des postures émancipatrices et modernes. Une série hystérique et souvent stimulante s’achève en se repliant sur elle-même, et sur les hypocrisies masquant sa violence sociétale.

14 Réponses to “SÉRIES : LUTHER*** (S-1***) + DESPERATE HOUSEWIVES*** (S-8**)”

  1. Le cabinet des rugosités juin 8, 2012 à 08:08 #

    Très impatiente de voir Luther !

  2. 2flicsamiami juin 8, 2012 à 14:00 #

    Il me tente bien Luther. C’est, apparemment, la série qui faut voir en ce moment.
    Très beau trailer en tout cas 🙂

    • zogarok juin 9, 2012 à 16:30 #

      A vous deux, mais surtout à 2flics qui l’appréciera davantage (je pense), je la recommande !

      Oui, la « série du moment », notamment en raison de sa diffusion sur Canal+, c’est-à-dire à sa sacralisation. GAMES OF THRONES et ROME doivent aussi passer sur le grill..

  3. fredastair juin 9, 2012 à 12:24 #

    Perso j’ai arrêté DH dès la saison 3, qui me semblait, déjà à l’époque, la « saison de trop ». Et puis il y a eu la 4, la 5, la 6, la 7… J’ai l’impression que la série, pour le peu que j’en ai vu (et quelques bouts de saison 4 aussi, amusants mais indigents), a fini de sombrer à partir de son début de son flash-forward « 5 ans après ». Autant dire depuis un bout de temps.

    « Luther » est tentant, d’autant que son interprète principal déborde de charisme (on a pu le constater récemment dans « Prometheus », bien que son personnage soit sans intérêt et le film raté). Et sinon, connais-tu « Breaking bad » ? Sur le peu de séries que je regarde aujourd’hui, c’est un must.

    • zogarok juin 9, 2012 à 16:36 #

      Je n’avais pas vu la saison 1 parce que j’estimais que ce n’était probablement qu’une série de moeurs faussement transgressive, cool et chic mais foncièrement vulgaire, avec petits problèmes domestiques et dysfonctionnements de couples, entre cérémonies girly et humeurs de bourgeois des lotissements rupeints. Et Desperate Housewives, c’est bien ça. Ca a su être plus ; mais dans cette saison 8, presque rien ne vient s’ajouter – un peu comme la période autour du flash-forward justement ; depuis, il y avait Rennee et surtout beaucoup d’intrigues et de complications très inventives… mais c’en était fini avec la saison 7 et on est dans le remplissage fonctionnel, ce qui rend la nature de la série tout à fait transparente.

      Je n’ai pas encore vu BREAKING BAD, c’est à peu près la seule série qui met tous les « séri-philes » (si ça existe !?) d’accord, donc il faudra aussi que je m’y mette. Mais comme dit plus haut, d’autres ont la priorité.

      Sinon, je retiens ton avis sur PROMETHEUS, les débats autour sont gratinés et j’aimerais pouvoir démêler tout ça.

      • Le cabinet des rugosités juin 10, 2012 à 18:06 #

        Totalement d’accord avec Fredastaire en ce qui concerne Desperate, et je passe du coq à l’âne, mais il y a une série qui avait attiré mon attention sans que j’y donne suite c’est « Awake ». Ça vous dit quelque chose !?

        • zogarok juin 11, 2012 à 12:57 #

          Non, pas du tout. Je viens de regarder le pitsch et c’est un beau sujet… enfin, ça peut être débordant d’imagination comme banal à en mourir (genre deux mondes ultra-réalistes bien chiants, avec retour en cellule pour méditer sur tout ça).

      • Le cabinet des rugosités juin 11, 2012 à 14:00 #

        Oui, cela peut être ou tout bien ou pas. J’ai regardé 3 épisodes de Luther, c’est un peu poussif. Dommage, car seul l’acteur principal est bon.

        • zogarok juin 11, 2012 à 14:20 #

          Il y a une petite baisse de régime aux 2-3e (l’un m’a presque ennuyé, je ne sais plus lequel), ensuite ça rebondit. La tueuse du 1er épisode est percutante pourtant – mais surtout lorsqu’elle aura plus de place, donc dans les épisodes que tu n’a pas encore vu. Pour le reste c’est idem, les autres personnages gagnent en épaisseur dans l’action.

          Il y a quand même la mort d’un personnage dans le 4e ou 5e épisode…

  4. Voracinéphile juin 10, 2012 à 16:46 #

    J’avais entendu parlé de Luther chez quelques camarades sériphiles, ton avis se voulant plutôt rassurant sur la qualité de l’ensemble, je pense que je sauterai le pas. Si en plus la première saison est courte et concise, il y aura peut être moyen de me réconcilier avec la série policière (j’avoue avoir abandonné ce terrain depuis le lycée avec Les experts). On croise les doigts pour une deuxième saison tout aussi réussie.

    • zogarok juin 11, 2012 à 12:52 #

      J’aurais pu lui mettre 4/5 d’ailleurs, mais c’est encore trop court pour être fixé et puis, il n’en reste pas tant (efficace mais pas surprenant). Le final season 1 promet une cavale ou un jugement, avec probablement une relation ambivalente qui sera au coeur – peut-être monteront-ils leur affaire ? Il faudra en tout cas beaucoup d’action ou d’imagination vu un dénouement aussi radical – ça ne peux plus maintenant être une simple série policière.

      Dans le domaine policier, je n’adhère qu’aux séries avec profilers (Esprits Criminels notamment) mais il faut intégrer qu’on ne trouve pas de grands crûs, juste du bon travail inspiré des grands films ou sujets du genre (Seven a été une matrice pour toutes ces séries). Je regardais FBI portés disparus au départ, mais c’est devenu égal et vain avec le temps..

  5. MaxLaMenace_89 juin 13, 2012 à 12:39 #

    On m’a déjà dit beaucoup de bien de Luther, je suis tenté, et ton avis ne fait que renforcer cette envie de le découvrir. Vais bientôt craquer, je crois.

    • zogarok juin 13, 2012 à 12:42 #

      Surtout que ce n’est que six épisodes, donc ça prend peu de temps (alors que Desperate…)

      • MaxLaMenace_89 juin 13, 2012 à 14:38 #

        Oui Desperate ça traînait tellement que j’ai fini par laisser tomber… Allons jeter un bon œil sur ce Luther, donc.

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