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LA MAISON DU DOCTEUR EDWARDES **

26 Juin

3sur5  Dans les années 1940, la psychanalyse est à la mode chez les anglo-saxons. Hollywood s’empare du domaine et Hitchcock s’y illustre notamment avec Rebecca dès 1940. La Maison du Docteur Edwardes (1945) s’inscrit plus explicitement dans le registre ; moins finement aussi, le degré de complexité étant comparable au Secret derrière la porte de Fritz Lang (1948), produit beaucoup plus ludique et attentif aux vibrations passionnelles de ses personnages. Car Hitchcock a beau expliquer par la voix de Constance que comprendre l’humain est plus fort encore que capter son esprit, lui-même se soucie peu de briser la glace.

En soi le pari est audacieux et Hitchcock réussit à créer le suspense en concentrant ses efforts et ses effets sur un seul point. Et avec une question : quelle est la nature du mal rongeant le docteur Murchinson ? La psychiatre Constance Petersen recherche son trauma d’origine alors que son état s’aggrave doucement. D’abord collaborateurs, ils deviennent intimes : comme toujours chez Hitchcock, leur passion est platonique et conforme aux canons puritains. L’originalité du film devient finalement son fardeau. Hitchcock traite cette quête du traumatisme comme une affaire à détricoter. Il est loin du langage visuel de Rebecca, où l’usage de l’espace disait plus et mieux sur l’état d’un sujet que les notions sentencieuses et les anecdotes douteuses (une fossette gauche à chaque secousse maternelle – voir à la 12e minute).

Cette gaucherie trouve sa meilleure expression lors des scènes où Constance est portée par une intuition face à un Murchinson s’énervant directement.Qu’il y ait dissociation ou sujet épineux, soit. Mais de façon si tranchée, nous arrivons dans le cartoon. D’une seconde à l’autre, Murchinson devient injurieux et s’exprime comme s’il ne connaissait pas Constance et que leur histoire disparaissait. La vision est ultra-rigide. Hitchcok et ses auteurs sont bons pour attirer l’attention mais pas pour convaincre par ce genre de délibérations. Cette propension à la caricature enfantine a toujours été un élément constitutif de son cinéma et de sa mise en scène, le final de Sueurs froides étant un exemple plus outrancier.

Malgré ces aspects contrariants, La Maison du Docteur Edwardes est un film réussi, un spectacle de petit-maître. Hitchcock fait ici la démonstration de son talent pour le mélo, qu’il avait d’ailleurs exprimé très tôt avec par exemple Le Chant du Danube (en 1934 alors qu’il était encore en Grande-Bretagne). Le tandem Gregory Peck/Ingrid Bergman fonctionne et la scène du rêve dessinée par Dali diverti. Sauf cet aspect et un plan au travers d’un verre de lait, la mise en scène reste prudente et précieuse. Pour le reste, la vérité est au bout de la piste de ski. C’est un peu plat, mais un épilogue tombera, pour donner leur compte aux amateurs de l’Hitchcok polier : là-dessous il y avait bien une histoire criminelle et un protagoniste se délectant de ce faux coupable envoyé par la providence.

Note globale 62

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