JOHN CARTER =+

28 Mar

Le dernier-né des studios Disney est le fruit d’une inspiration prestigieuse. Fatalement attendu au tournant par des férus appelés à en sortir frustrés, John Carter est adapté d’une nouvelle de Edgar Rice Burroughs, dont l’œuvre est une matrice de la science-fiction (au point d’inspirer Star Wars et probablement Avatar). Même si le programme reste limité par un très lourd cahier des charges, Andrew Stanton est parvenu à fabriquer un spectacle rodé, fourni et impliquant, définition même de l’ambition du ciné-pop-corn ; le réalisateur de Wall-E, s’il n’atteint pas à nouveau les cimes de ce précédent projet, ébauche cependant des notions intéressantes au travers du choc de civilisations et de perspectives héroïques et guerrières mis en scènes.

°

Même si c’est en sourdine, John Carter pourra faire écho à une paranoia ambiante. On y voit en effet des maîtres de l’Ombre chercher, par dessus les peuples et leurs constructions abstraites ou éthiques, à faire aboutir leurs desseins chimériques et funestes. A eux s’oppose la notion de cause ; John Carter, le personnage éponyme, quitte l’Angleterre Victorienne, cloisonnée et sclérosée, pour retrouver, par la lutte, par la liberté de choisir ou de fuir, une dimension existentielle convenable.

°

Sur la forme, c’est pourtant là qu’est le hic, puisque ce mâle guerrier campé par Taylor Kitsch est un peu laborieux, voir même juvénile. Par ailleurs, son implication n’est pas idéologique, n’a à voir ni avec une vision, une foi ou une loyauté quelconque. Il s’agit simplement de désir, en tout cas d’amour (car les enfants sont là) ; comme s’il fallait qu’une modeste trajectoire ait des raisons de croiser la grande histoire pour rejoindre les troupes et œuvrer pour un destin collectif. Et pourquoi pas ; c’est en tout cas un idéal noble.

°

Globalement, John Carter est un space-opera structuré et manifestement mûri, en plus de bénéficier de moyens et méthodes techniques brillantes (pour l’anecdote, il marque le record du saut le plus large et le plus haut de l’histoire du Cinéma). Et bien que l’affaire tourne à la soupe niveau Twilight, l’idylle au cœur du programme ne le plombe pas ; surannée bien sûr, mais mignonne et pas sans grâce, valeurs de courage et d’amour intrépide à l’appui. Néanmoins, les rapports de force et l’univers ou ils se déploient sont le premier atout du film.

°

Outre les décors et combats somptueux, il restera de John Carter ses Tarks. Créatures cousines et améliorées du méchant Malthazard de Arthur & les Minimoys, leur éloge d’une civilisation d’élite, forte, dure mais fière, achève de donner un sens politique à John Carter. Le nom d’Andrew Stanton est désormais, sans nul doute, un gage de qualité.

°

Note globale 62

°

Fiche Metacritic

Fiche Allociné 

 

9 Réponses to “JOHN CARTER =+”

  1. arielmonroe mars 28, 2012 à 10:18 #

    Je m’attendais à voir un tel film bien descendu sur ce blog. Je l’ai trouvé un peu étrange, un peu fourre-tout, mais sympathique. Pas le nouveau Wall-E pour sûr. Le choc des deux cultures est bien là, mais le sujet reste assez classique (par contre les Tharks sont excellents, ça c’est évident). Enfin, je reconnais que c’est pas le sujet qui m’a le plus intéressé.

  2. maxlamenace89 mars 28, 2012 à 16:22 #

    Tu connais mon avis Zogarok 😉 Comme tu le dis le film est carrément limité par son sigle Disney, empêchant certaines libertés, créativités et risques. Après ça reste un film des plus efficaces, le choc des civilisations dont tu parles est un sujet universel au cinéma, ça fait mouche pratiquement à chaque fois. J’ai également bien aimé les Tharks, techniquement et psychologiquement, des personnages carrément intéressants.

    • zogarok mars 28, 2012 à 17:05 #

      Stanton a eu quand même une certaine marge de manoeuvre, probablement pour une double-raison (sa crédibilité pour engager des projets un tant soit peu audacieux & la nécessité de ne pas totalement bafouer les codes de Burroughs dont le film se réclame) ; c’est plutôt qu’il y a du superflu (début et fin, en substance, et quelques errements sur la fameuse romance).

      Pour le choc des civilisations, c’est effectivement fréquent, mais ici, le fait que ce choc soit presque scénarisé, en tout cas orienté, en coulisses par des espèces de sages mesquins (apatrides -en tout cas en ce bas-monde- et persuadés de leur supériorité, morale et politique – dont ils estiment tirer une légitimité parfaite).
      Le face-à-face de deux mondes (ou il faut marier la princesse à un histrion vulgaire) est presque un leurre, alors que c’est d’habitude le coeur du sujet (dans LE ROI LION notamment). C’est pour ça que je pense que les complotistes et certains théoriciens des rapports de force trouveront un écho à leurs propos, fantasmes ou scénarios dans « John Carter ».
      Et puis l’heroisme de John Carter dans ce monde parallèle (ou sur Mars, peu importe) contraste avec sa vie terne, certes opulente mais sans perspectives, à son époque initiale ; c’est pour ces choix que, définitivement, cet excellent spectacle m’a semblé être un peu plus qu’un blockbuster de commande comme un autre.

  3. Voracinéphile mars 29, 2012 à 13:20 #

    Toujours pas vu, mais il revient en effet souvent comme un film d’aventure sympathique, voir attachant à défaut d’être limité par un cahier des charges. Beaucoup le comparent à Prince of Persia (les points communs semblent nombreux, même si les univers sont éloignés), donc j’hésitais. J’y réfléchirais pour ce week end.

    • zogarok mars 30, 2012 à 15:08 #

      Hormis pour son réal, il ne marquera l’histoire pour personne, sauf naturellement aux yeux des techniciens férus (le fameux saut). C’est vrai. Mais téléchargé, vu en streaming, ou à moindre coût dans quelques mois, il en vaut la peine.
      Comme dit en-dessous, je ne sais pas si cette comparaison à PRINCE OF PERSIA est légitime ; je n’avais pas relevé cette opinion. Hormis l’image du héros guerrier perdu, mais sûr de lui, au milieu du désert (quel romantisme de gamin!), je ne sais pas s’il y a de réelles correspondances (je pense que c’est le côté « fantasy » de petite envergure, que les deux films ont sans doute en commun, qui justifie un tel rapprochement pour des cinéphiles avertis).

  4. 2flicsamiami mars 30, 2012 à 14:18 #

    On m’a également dépeint ce film comme un Prince of Persia. Et, quand on connait le résultat artistique et technique du film pré-cité, on n’est pas forcément tenté par John Carter.

    • zogarok mars 30, 2012 à 15:00 #

      Là, je ne peux rien faire : je n’ai pas vu PRINCE OF PERSIA, mais j’ai tout de même l’impression qu’il ne joue pas dans la même cour que JOHN CARTER, d’ailleurs ce dernier n’est pas corseté comme l’est un Disney standard. Ce n’est pas à la hauteur de Wall-E, mais ce n’est pas non plus Transformers 2 (qui lui-même n’était pas si épouvantable).

  5. tangokoni avril 18, 2012 à 09:57 #

    Salut Zogarok !

    C’est un film qui me tente beaucoup, on en dit du positif comme du négatif; je me ferai mon opinion en le voyant. J’ai un peu hâte quand même 🙂

    • zogarok avril 21, 2012 à 11:49 #

      Par rapport à tes goûts, je pense que tu vas aimer (à peu près autant que moi, pas exactement pour les mêmes raisons).

Laisser un commentaire