Tag Archives: Révolution Française de 1789

UN PEUPLE ET SON ROI *

3 Avr

1sur5 Encore un film historique théâtral recyclant les clichés et les ‘acquis’ idiots quant à la représentation d’un épisode important. On retrouve ce côté choral infect et tronqué, avec des ouailles enchaînant la parole. Cette façon d’aliéner tout et tous dans une chorégraphie inepte et bien-pensante est au-delà de la propagande (c’est de l’habitude et de l’imitation molle), ou alors une propagande usée, médiocre, d’un académisme dégénéré. Mais ce film est avant tout un raté ou une aberration irrécupérable.

L’individu, le collectif, la communauté, l’Histoire même : tous sont figurants. Le film accumule les scènes entendues, en plus biaisées par l’ordre du jour (on se marre à table en évoquant la femme citoyenne), au milieu desquelles s’insinuent des palanquées de séquences oniriques ou vaguement abstraites (les cauchemars du roi principalement). Les auteurs ont voulu capter la substance émotionnelle des acteurs de la Révolution et aboutissent à un spectacle abrutissant, avec une atmosphère obscure, une mise en scène poseuse et pesante, des acteurs en démonstration, des émotions subites faites pour être récupérées dans des tableaux – mais quel goût bizarre et laid dans ce cas. En-dehors de toutes considérations propres au sujet, ce qui marque dans ce Peuple sans roi c’est son inanité technique et narrative : absence effarante de dynamisme, enchaînements bâclés, scénario confus, barbouillé et seulement ajusté par la chronologie de la période.

Nous sommes au stade où la confusion et la pesanteur confinent à l’avant-garde. Un tas de complications futiles envahit jusqu’aux petites histoires (celle entre Adèle et Gaspard), la préférence pour les uns ou les autres est injustifiable, la poésie essaie de s’en mêler. Il y a probablement quelques clubs ou sectes où ce film apparaît rempli de sens car on aura pu s’étendre sur ses intentions, voire préférer les garder fumeuses comme doit l’être l’idéologie de la maison un siècle après la disparition des têtes pensantes capables d’assurer intégrité et cohésion à tous les étages. Naturellement on voit les visages de la culture avancée défiler, car ce ballet reflète tout de même une sorte d’Acte 1 démocratique ou d’avènement de l’Histoire civilisée – Garrel en Robespierre serait le comble de la farce s’il n’y avait les époumonements de Denis Lavant en Marat. Le vote concernant la mort du Roi atteint le paroxysme de l’actor’s studio éreintant – ce genre de bouffonneries pimpantes est pourtant obsolète.

Peu importe la position ou les attentes du spectateur concernant le traitement politique voire religieux de la Révolution, le résultat est inadéquat – un public de la vieille gauche ‘radicale’ [centre contemporain] ou bolcho-paternaliste actuel y trouvera davantage son compte mais sous la glu et en s’armant de complaisance ! Il y a bien des bouts de remises en question du despotisme révolutionnaire (et de la représentation politique en général) lors des passages au Parlement. Ces séquences verbeuses et subitement scolaires ont le mérite d’être limpides mais pour mieux se vautrer dans la superficialité, la projection démente (les bons paysans à l’agenda progressiste et d’une cordialité digne des députés actuels) et la pure niaiserie (« le vote censitaire c’est le vote des plus riches » : oh qu’il est lumineux celui-là ! ). La meilleure concession au bloc antagoniste réside finalement en l’incarnation de Louis XVI – malgré la bedaine de circonstances et les tourments du dernier roi d’ordre divin (pour un équivalent chez les révolutionnaires consultez Danton), Laurent Lafitte réhabilite un peu le malheureux Louis XVI – par la contenance, physique inclus.

Le film a beau jeu de laisser la parole à de multiples parties ; on est plus effacé à mesure qu’on appartient ou se trouve dans l’adhésion à la monarchie. Les voix dans le sens de l’Histoire sont toutes essorées pour bien trouver leur petite place lustrée sous la bannière. Le sacrifice du Roi est le comble de l’ambiguïté vaseuse – il est montré comme tel (un sacrifice – inévitable), acte de naissance de la nation républicaine, avant que la place soit envahie de bonheur ; sans doute la nécessité de digérer une mise à mort alors qu’en vertu de ses idéaux de Lumière et d’Humanisme on réprouve le principe. Y aurait-il là une tentative des tenants de la République d’envisager les aspects sombres du pacte ? La douleur et l’indignation des lésés ? Ou bien s’agit-il simplement de jouer la carte de l’inclusion des points de vue sans véritablement élargir ni surtout approfondir la perspective. C’est une méthode infaillible pour parer aux critiques, paraître plus réaliste ou authentique, sans égratigner véritablement le mythe ! Car l’essentiel est intact voire ressourcé. En sortant de ce film, on a bien su se rappeler que si la Révolution a mal tourné c’est car le Roi s’est barré et les chefs ou députés n’ont pas fait le job ; on voit parfaitement combien les révolutionnaires étaient non-violents ; on peut apprécier comme l’Idée a triomphé des fantômes du passé, des contradictions de la population et des complications du réel.

Note globale 22

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Suggestions…  Le Parfum

Les +

  • indéniablement ambitieux (sur tous les plans : visuel, politique, ‘littéraire’, direction d’acteurs)
  • cultive un style
  • Laurent Lafitte

Les –

  • nullité de tous les agents de cette Histoire (sauf dans la sublimation morte et creuse)
  • les auteurs savent-ils ce qu’ils sont en train de fabriquer ?
  • Sont-ils vraiment au clair sur les intentions et le discours ?
  • À quoi riment ces emphases sur certains personnages ? Sur le couple et le métier de Gaspard (c’est une ‘grenouille’ positive) ?
  • Bouffé par ses manières, ses ralentis, ses poses sans frein

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LES AMANTS DU PONT-NEUF =-

9 Nov

Au rayon film maudit pour fétichistes, Les Amants du Pont-Neuf de Leo Carax a une place d’honneur. Cinq ans après Mauvais Sang, le cinéaste fait se retrouver Juliette Binoche et Denis Lavant pour une autre romance incongrue, entre une paumée totale sur le point de perdre la vue et un clochard cracheur de feu à ses heures. Les Amants du Pont-Neuf est connu pour son tournage désastreux, quoique moins romantique que les fiascos de Gilliam (Brazil, L’armée des 12 singes). Carax explose son budget, Lavant se blesse, des décors sont cassés, les producteurs sont sur la défensive.

La folie des grandeurs de Carax est la première responsable, mais c’est au service d’un véritable happening. Les Amants du Pont-Neuf n’est pas le plus gracieux des opus de sa carrière mais certainement celui où la plus grande agitation se ressent. Carax emploie son gros budget à exalter sa définition du romantisme, dans un contexte mêlant débauche de moyens, célébrations du bicentenaire de la Révolution Française, glorification de la pauvreté et de la liberté crue, au sens cynique. C’est joli, déjanté, le trip spontanéiste et grandiloquent dans toute sa splendeur, où deux Gavroches décérébrés et sensibles chantent, rient, etc.

Grâce à tous les soutiens des mondes de l’art et du cinéma, celui de réalisateurs français et étrangers mais aussi le Ministre de la Culture de l’époque, l’inénarrable Jack Lang, Leo Crax s’en donne à cœur joie sur ces enfants ridicules, avec peut-être une pointe de sado-masochisme à l’égard de Binoche. Il exprime sa compassion pour les déchets excentriques, sans-gêne et stupides, mais torturés et même, inspirés dans leur déchéance (tirons des coups en l’air comme des abrutis croyant régler leurs comptes avec la vie). Ils finiront régulièrement à la ramasse mais heureux, riant comme des trisomiques repus affalés sur un trottoir du Pont Neuf ou courant sous un feu-d’artifice.

Carax accumule les scènes fortes, les démonstrations percutantes, avec un minimum de paroles et une intrigue anarchique. Traînent quelques dialogues abracadabrantesques dont il ne restera rien (le camenbert) et des délires d’une médiocrité gênante : elle, morte de rire, accouchant péniblement de sa blague sur les trois types qui font l’amour. Il n’y aura pas de surprise : passé un certain cap, il faut abandonner, vous êtes sous le charme ou vous restez étranger, éventuellement diverti par endroits, à Paris dans la première partie ou dans les paysages enneigés de la suite. La grâce de Mauvais Sang n’est pas là, ni l’étrangeté boostant l’envie. C’est borderline sans faire de grand saut.

Note globale 51

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Suggestions…  Holy Motors + Sans titre 

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DANTON (Wajda 1983) +

23 Juin

Wajda tourne Danton en 1982, sept ans avant le bicentenaire de la Révolution française et le début de l’effondrement du bloc soviétique. Le film se concentre sur les dernières semaines de Danton avant son exécution par le Tribunal révolutionnaire (le tout se déroule en 1794). Il fait écho à la situation politique de son pays, la Pologne (secouée par l’insurrection de Solidarsnoc et son représentant Walesa), ou du moins s’en inspire (Wajda a évoqué les prises de paroles passionnées) – cet aspect est abondamment commenté à la sortie.

À cette dimension ‘d’actualité’ s’en ajoute deux autres, également politiques, bien plus éloquentes et utiles à long-terme. La première est spécifique et proprement historique, c’est évidemment cette approche des aléas de la Révolution éloignée des lectures idéalistes et conventionnelles, sinon tout simplement républicaines. Sur ce plan Danton se rapproche des Mariés de l’an II (Rappeneau 1971), qui portait une vision sceptique des acteurs de la Révolution (nobles, aventuriers, etc) et des révolutionnaires en particulier. La seconde dimension est généraliste, tient aux idées et aux systèmes : Danton met nus les rois progressistes et communistes, sinon tous les réformateurs zélés engagés pour le ‘bien public’ en passant par les bains de sang.

Le zigouillage ne saurait s’en tenir aux institutions et aux livres ou lois sacrés, il doit aussi passer par les hommes, s’assurer de leur plébiscite, mettre leurs cœurs et leurs envies en conformité (c’est le propre des scènes en ouverture et fermeture du film – avec le petit garçon apprenant par cœur les premiers articles de la nouvelle constitution, autrement perçu : est sommé d’avaler le catéchisme de l’empire du juste et de la vertu). Les robespierristes omettent leurs scrupules (parfois ils en souffrent) et la liberté des autres, mais ce n’est que l’écume de leurs crimes, puisqu’ils parlent et tuent au nom du peuple – dans le film ce peuple n’est jamais sondé ni invité près des débats, tout au plus convoqué (les files d’attentes, typiques de la gestion communiste). Dans le détail des troupes et même d’un seul homme, les robespierristes ne sont pas nécessairement si cruels et tranchés ; devant et pour l’Histoire, l’unité qu’ils servent balaient nuances, doutes et états d’âmes, y compris dans l’Histoire immédiate ; que valent des regrets, des nuits agitées, de micro-insurrections en petit comité face aux faits produits, surtout quand par leurs motifs ils sont consentis ?

L’opposition entre deux personnalités extrêmes et emblématiques canalise et justifie ces positions. Le récit respecte les faits historique de cette courte période, à quelques détails près (non-cruciaux), mais le rapport de forces entre Robespierre et Danton est inégal : le second jouit d’une certaine bienveillance, ses fautes restent apparentes sans le rendre antipathique (l’interprétation par Depardieu réduit les éventuelles ambiguïtés). Nulle grandeur, ou seulement celle du tribun, de l’activiste ardent, dont les parades sont plus manifestes que l’engagement profond. Au contraire Robespierre a des visées claires et ambitieuses pour le peuple, mais il est perçu par ses faiblesses et raideurs. Toutes ses qualités en sont souillées, jusqu’au sens de la vertu et au projet d’Homme amélioré (lors d’une rencontre à huis-clos, Danton l’accuse de fantasmer sur des hommes « de roman », de chercher à placer les individus à « des sommets où il est impossible de respirer »).

Le contraste entre les deux hommes se reflète aussi dans leur corruption. Pour Robespierre, elle est formelle, éventuellement forcée par des raisons pratiques ou compassionnelles. Robespierre est prêt à se corrompre dans le détail pour le bien supérieur, prompt à calmer les enthousiasmes trop violents et les appels au lynchage précipités. Le coup d’arrêt à la déchristianisation, dont il n’est pas question dans le film, vient de cette disposition. Danton est engagé dans un marchandage bien plus large. C’est le ‘libéral’ dans un sens ancien et galvaudé, le ‘populiste’ dans un sens des plus courts, en terme d’ambitions embarquées : il estime mieux connaître le peuple, tout ce qui est sûr c’est qu’il est désinhibé comme ‘lui’ est présumé l’être, qu’il sait haranguer les foules et les assemblées. Si Danton considère les besoins, les volontés des gens, plus basses et quotidiennes que les aspirations de Robespierre, c’est aussi qu’il n’aimerait pas s’en embarrasser.

Enfin ce film nous ramène à l’aube d’un effondrement général – toutes ces forces, mêlées et contradictoires, s’apprêtaient à tomber : un an après le gouvernement révolutionnaire se dissolvait dans le Directoire (1795-99). Transformés en ennemis, les anciens champions emporteront le mouvement dans leur chute – car les corps étrangers et les modérés auront doublement le champ libre. Robespierre apparaît conscient de son échec, même lorsqu’il est en position dominante – il voudrait épargner Danton (le défend face au Comité) et pourtant dirige les opérations contre lui, jusqu’à faire voter son exécution. En plaidant pour dompter ces troubles il est en train de perdre son cap et le sait. Cette attention est probablement le principal reste de la pièce de la dramaturge Stanislawa Przybyszewska (L’Affaire Danton rédigée vers 1929), dont le film est officieusement tiré mais qui la déforme jusque-dans les affections. Il reste une bizarrerie (superflue) dans la mise en scène : ce gimmick de la femme de Camille Desmoulins (Lucle par Angela Winkler, la mère dans Le Tambour de Schlondorff) avec ses bouffées de panique ou de désespoir.

Note globale 78

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Suggestions…

Scénario/Écriture (4), Casting/Personnages (4), Dialogues (5), Son/Musique-BO (4), Esthétique/Mise en scène (4), Visuel/Photo-technique (3), Originalité (2), Ambition (4), Audace (3), Discours/Morale (4), Intensité/Implication (4), Pertinence/Cohérence (4)

Note arrondie de 79 à 80 suite à la mise à jour générale des notes. Ramené à 78 après la suppression des notes en -0.

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MINI – CRITIQUES : MUBI (1)

22 Mai

Après avoir cessé les critiques systématiques, je viens de passer aux mini-critiques. Tous les films seront donc assortis d’un commentaire – et pour les meilleurs ou quelques cas précis, de ‘critiques’.

Les compte-rendus des séances MUBI seront proposés à part : cet article est le premier exemplaire.

La première est plus corsée et personnelle, rédigée avant de prévoir ces Mini-critique et donc le postage ici.

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La guerre est déclarée * (France 2011) : Assez inventif sur la forme, même si ça dope pas le rythme ; mais récit et esthétique pénibles. Gestion irrégulière (voix-off et musiques).

Quelques pics de haine enregistrés sur ma personne, par exemple lors de cette fin de séquence :

« T’as compris tout ce qu’il a dit ? »

« Nan mais faut retenir tout ce qui est positif. »

« L’opération est réussie !!!!! Ouoooouaiis »(collectif plein d’oestrogène moite et pleurnicharde)

Ou encore : « Tout le monde s’est barré en vacances et on est là comme des cons. » Monsieur, à l’hôpital, est interrompu dans son petit bonheur (« se faire la vie douce » est son idéal) : il aurait pu se rouler dans la neige, s’éclater dans des jeux forains et festoyer avec ses amis, or le voilà à veiller, comme si la vie c’était ça ! Subir ! « Ils sont restés solides » nous dit-on plus tard.

Heureusement j’ai pu me soulager grâce à des moments de drôleries comme :

à 1h14, quand une dizaine de sacs à merde en soirée écoutent deux connards chanter et que le papa chiale. (42)

Les mariés de l’an II *** (France 1971) : Second film vu sur Mubi sous cette nouvelle ère et second également de Rappeneau (car j’ai déjà vu en partie sa version avec Depardieu de Cyrano). Apporte un regard cynique et un peu critique sur la Révolution Française et notamment la Terreur, la dictature de la vertu, tout en humiliant les nobles et notables sûrs d’eux (plus conventionnel sur ce point). Mon enthousiasme s’est tassé sur la fin, le scénario a du mal à rebondir et l’action en souffre – l’éclatement des conflits vient compenser mais pas faire oublier. (68)

L’une chante l’autre pas ** (France 1977) : J’aime approfondir les filmos déjà bien engagées (et donc avec critiques, à l’heure actuelle). Celle d’Agnès Varda en fait partie (voir mes chroniques de Mr Cinéma, Lions Love). Dans L’une chante l’autre pas on voit Valérie Mairesse à ses débuts, plus naturelle que d’habitude (ou à l’avenir). Le film présente plusieurs situations liées aux combats féministes des années 70, dans le sillage des exaltations de mai 68. Le point de vue est neutre et bienveillant, pas spécialement militant. Séance posée qui permet un peu de lucidité. (48)

Baghead ** (USA 2008) : Exemplaire du ‘mumblecore’, genre dont l’affligeant Funny Ha Ha est un des pionniers. Je n’aurais pas connu ce mouvement sans Mubi et ces deux films. Cet opus est un peu au-dessus mais ne tient pas ses promesses et reste violemment creux, voire encore complaisant avec le vide. Il est censé introduire le slasher et s’effondre dès qu’il y touche sérieusement. La pirouette finale est jolie mais des plus triviales et ne méritait pas de liquider quatre-vingt minutes, surtout que sur les sacrifices pour l’art, ce film n’a rien à dire et n’est pas sur le bon terrain. Enfin tout est relatif et le mumblecore est à ranger au rayon ‘arts et essais’, alors peut-être que ces bouts de somnolence en vacances et de piaillages oklm ressemblent à ‘de l’Art’, pour qui est assez dévoué pour le voir ! (28)

Sayat Nova *** (Arménie/URSS 1969) : Série de tableaux vivants censés refléter l’œuvre du poète Sayat Nova (XVIIIe siècle), peut-être aussi la culture et la poésie arméniennes. Langage symbolique, avec bouts cycliques. Raffiné mais répétitif et assommant. (66)

Les trois brigands *** (Allemagne 2007) : Adapté d’un best-seller. Univers luxuriant (superbes couleurs) et un peu fou, animation parfois originale. Assez superficiel et lénifiant malgré l’enrobage lourd. Personnages et créatures fades, mais parfois avec de fortes allures. La méchante tante Betterave domine facilement. (66)

Le plus dignement ** (Japon 1944) : Second film de Kurosawa (un an après La légende du grand judo), Ichiban utsukushiku est une propagande (déclarée et sous forme fictionnelle) assermentée par l’État. Elle se concentre sur l’activité d’ouvrières bénévoles dans une usine d’optique japonaise à la fin de la seconde guerre mondiale. La valeur documentaire est évidente mais plus esthétique que technique, les atermoiements des femmes permettent d’en voir plus (des décors, infrastructures, préoccupations) que le zoom sur leurs travaux. Récit complètement haché, poussées lyriques, artificialité plombante, mélange des registres contre-productif. (52)

L’accordeur de tremblements de terre ** (UK 2005) : Long-métrage des frères Quay, connus pour une œuvre sombre et fantasque, composée jusque-là d’une dizaine de courts-métrages (Rue des crocodiles, Le peigne, Rehearsals for Extinct Anatomies). Une expérience aussi radicale qu’Avalon d’Oshii, mais nettement moins lisible sur le scénario comme dans les intentions.

Originalité esthétique (avec recyclage d’anciennes figurines et marottes), narration très construite et enfumée, romantisme. Assurément unique, on peut toutefois le rapprocher de Guy Maddin, certains Lynch. Plutôt plombant (direction falote, acteurs sans charisme, froideur et dans mon cas manque d’attractivité), seule l’inventivité (sur la forme et dans les symboles) titille l’esprit. (58)

Madame Sata (Brésil 2002) : Représentation ‘libre’ d’un épisode de la jeunesse de Joao Francisco dos Santos, afro-brésilien excentrique, figure de la marginalité. Il vit en colocation avec une blanche et Tabu, un Vincent MacDoom, femme en général, enfant à ses heures.

Film (franco-brésilien) nerveux, peu méticuleux, axé sentiments et petites péripéties. Donne à voir les quartiers populaires de Rio (vers 1930). Par petites touches, met l’accent sur la situation d’exclus/opprimés (intro au poste de police) de Joao et ses proches.

Le caractère du protagoniste reste le grand argument. Il est multiple dans ses expressions, dominateur (sur la forme régulièrement, au fond toujours) et même violent, malgré certaines attitudes (et surtout le travestissement ‘professionnel’ – avec peu d’emphase sur la féminité). Semble mettre à l’épreuve les gens puis part dans ses exactions borderline. Généreux quand sa psychose arrive à s’estomper. Dans le même registre, voir Le baiser de la femme araignée. (46)

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Autres Mini-critiques : 9, 8, 7654321 + Mubi 4, 3, 21 + Courts 2, 1 + Mubi courts 2, 1