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DUMB & DUMBER, LES VRAIS ET LES WANNABE **

14 Sep

DUMB & DUMBER ***

4sur5  Premier film des frères Farelly, Dumb & Dumber annonçait leur série de comédies potaches (dont la plus fameuse est Mary à tout prix) et révélait au grand-public Jim Carrey (dans la foulée de The Mask). Racontant les péripéties de deux adultes attardés impliqués dans un complot les dépassant, Dumb & Dumber laisse d’abord relativement désarmé (pas tant que le futur Amour extra-large). La volonté d’embrasser tous les registres sans assumer de tri a tendance à rendre le programme indécis hors de la vanne.

 

Mais l’inspiration des auteurs va crescendo et le génie burlesque de Jim Carrey et Jeff Daniels l’emporte. C’est le même phénomène à cet endroit : d’abord, ces impeccables idiots se montrent convaincants, mais leurs numéros sont insuffisamment brillants ou tarés dans leur genre pour les distinguer comme chez Bean par exemple – ou plutôt la petite dose de sentimentalisme et d’expectative les brident. C’est à mesure qu’ils prennent le large et se mesurent aux contingences qu’exulte leur indubitable connerie. Susciter directement l’empathie pour ces anti-héros déboussolés était probablement de trop, mais pour la sympathie c’est un succès (souvent nécessaire à accepter les bouffons de service – Jacquouille dans Les Visiteurs ne serait qu’une lourde tentative de nous dérider, s’il ne savait se rendre aimable, faire la mascotte – ou bien il faut recourir au sadisme).

 

Il y a d’abord quelques beaux coups (« un tic tac m’sieur l’agent », la station service – en bonus l’attention-ça-va-barder de la cabine téléphonique) puis un feu-d’artifice d’exploits, comme la langue collée au téléski, l’anecdote sur « Bullshit » le chien (avec ‘Boniche’ dans une autre version il reste encore le grotesque d’Harry) ou la séance de pleurs en peignoir devant Pacific Bell. Mais le meilleur reste dans les démonstrations d’inconscience pure, par exemple lorsque les deux amis provoquent le malaise fatal d’un mec (dont ils ignorent qu’ils les poursuit) en pointant sur lui un doigt rieur comme deux joyeux farceurs fiers de leur coup et d’avoir inclus un petit camarade à leur jeu. Ou encore, concernant la reconnaissance de dette qu’ils se sont inventés, leur premier degré absolu(ment à côté de la plaque), cette vision horizontale ahurie et sans la moindre aniccroche. Cette incapacité à soupçonner la moindre complexité dans quelque détail de la réalité est fascinante.

 

L’ensemble reste très tributaire d’un univers trivial, entre grimaces, pipi-caca & co : mais pipi surtout, en abondance. Dans le rayon de la grosse farce qui tâche, Dumb & Dumber est un modèle. Certaines séquences sont touchées par la grâce et les simagrées de Carrey (lorsqu’il se fantasme charismatique et irrésistible notamment) étaient vouées à devenir cultes. La suite improvisée huit ans plus tard (2003), fiasco formel, sera aussi un échec comique car elle restreint le terrain de jeu physique du tandem et minimise la démonstration de leurs illusions ridicules. La véritable suite sort en 2014.

Note globale 74

Page Allocine & IMDB  + Zogarok Dumb and Dumber sur Sens Critique

Suggestions…  My Own Private Idaho + Pretty Woman + Le silence des agneaux + La Tour Montparnasse Infernale + Mulholland Drive + Frangins malgré eux + La Fureur du dragon

Scénario/Écriture (6), Casting/Personnages (8), Dialogues (8), Son/Musique-BO (7), Esthétique/Mise en scène (7), Visuel/Photo-technique (7), Originalité (7), Ambition (7), Audace (7), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (8), Pertinence/Cohérence (4)

.Les +

  • tient ses promesses en matières grasses et en débilités de haut niveau
  • des dialogues énormes, quelques scènes mémorables
  • rires constants
  • Jim Carrey fournisseur de gifs/mèmes
  • réalisateurs empathiques malgré la farce
  • usage habile d’une bande-son qui serait simplement ridicule par elle-même

Les –

  • l’essentiel du casting est moyen/insignifiant (en-dehors des rois débiles)
  • démarrage un peu mou (20res minutes), embrouillé
  • scénario rachitique (mais efficace)

Note passée de 68 à 74 suite à la revoyure, la découverte de la suite de 2014 et à la mise à jour générale des notes. Légère extension de la critique, ajout du tableau et des +/- (janvier 2019).

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DUMB & DUMBER : QUAND HARRY RENCONTRE LLOYD *

1sur5  Suite ratée du culte Dumb & Dumber qui révélait à la fois les frères Farelly et Jim Carrey, Quand Harry rencontre Lloyd dégouline de bonne volonté mais chacune de ses séquences semble constituer un nouvel aveu d’impuissance de la part de ses auteurs. Ces derniers tentent d’inventer une genèse à Dumb et Dumber, organisent leur rencontre, bref, leur façonnent un destin.

 

Pour arriver à cette fin, ils rendent les personnages directement infantiles et encore dépendants, ce qui entre en contradiction avec leur situation dans le premier film, où ils étaient indépendants et vivaient ensemble (en se montrant passablement blasés au début du métrage, point d’ailleurs assez incohérent). Naturellement c’est régressif ; le problème est dans l’incarnation. Les performances des deux substituts sont honnêtes, ils réussissent à cultiver une petite ressemblance physique avec leurs aînés. Mais ils n’ont aucune autonomie et leurs personnages sont superficiels. Avec ou sans Dumb & Dumber premier du nom, le spectateur ne peut que difficilement s’amuser avec ces deux protagonistes tant ils manquent de caractère.

 

Aussi le film est vaguement drôle par endroits, mais il endort et laisse dubitatif sur sa légitimité. Il faut que le gag soit bien corsé pour atteindre une efficacité décente : il y a donc la séquence chez les parents de la girl next door, sur le chemin du scato. C’est excessif mais achevé, plein, enfin. Sinon, ce n’est que surenchère d’enfantillages sans génie. Le doublage de Butters de South Park appliqué à Lloyd n’y change rien et les seuls moments où des échappées sont tentées renvoient à des anecdotes du premier film traduites de manière primaire (« les nanas c’est pour les pédés », piteuse continuité de la fin de Dumb & Dumber).

 

Enfin la mise en scène est anormalement cheap. L’introduction heurte autant par sa beauferie intégrale (la naissance) que les manières dignes d’un catalogue de rushes foirées de film Z. Le niveau et les manières sont en adéquation et la galerie de personnages secondaires est honteuse, à l’instar du prof arborant une gueule de clown fabriqué dans un magasin de farces et attrapes, ou encore la figure nullissime du père agent d’entretien. Quand à la mission que se donne le tandem, c’est-à-dire recruter les débiles ou infirmes divers, quelque soit la nature du handicap, elle est sous-exploitée. Troy Miller a cru qu’il pouvait délivrer un navet sous prétexte que son modèle était une comédie grasse. Il n’est pas méchant ou opportuniste, il rend même les deux personnages plus pathétiques que dans la version originelle. Il n’est juste pas dans son élément quand il fait un film aussi manifestement illégitime.

Note globale 32

Page Allocine & IMDB  + Zogarok Quand Harry rencontre Lloyd sur Sens Critique

Suggestions… Le Détonateur + Quand Harry rencontre Sally + Urban Legend

Scénario/Écriture (3), Casting/Personnages (3), Dialogues (3), Son/Musique-BO (3), Esthétique/Mise en scène (3), Visuel/Photo-technique (5), Originalité (3), Ambition (6), Audace (5), Discours/Morale (-), Intensité/Implication (3), Pertinence/Cohérence (2)

Les +

  • quelques rires lors du passage chez Jessica
  • les deux acteurs principaux décents même si misérables en comparaison
  • les répétitions ou redites du premier opus sont un peu moins pires que le reste

Les –

  • à peu près tout est médiocre ou catastrophique

Note passée de 36 à 30 suite à une revoyure et à la mise à jour générale des notes. Ajout du tableau et des +/- (janvier 2019). Note ajustée à 32 suite à l’évacuation des -0.

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